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Billet de blog 3 mai 2018

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Prisons: indigence de la réinsertion et conditions de détention aliénantes

Avec des dépenses correspondant à 0,8% du budget global (25 millions sur plus de trois milliards ), la réinsertion reste le parent (très) pauvre de la détention. Changeons de paradigme.

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Les conditions de détention ainsi que les atteintes quotidiennes aux droits fondamentaux et à la dignité sont aliénantes. La prison coûte cher et ne sert qu'à produire davantage de délinquance. N'est-il pas urgent d'avoir une réflexion globale sur un système à bout de souffle qui fait la honte de la France ?

Dans son discours du 6 mars 2018 à l’École Nationale de l'Administration Pénitentiaire, Emmanuel Macron fait le constat lucide d'un échec. Par contre les annonces faites sur les mesures pour pallier cette faillite ne semblent pas être à la hauteur du bilan.

La Contrôleure Générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) regrette dans un entretien du 14 mars 2018  « l'absence de courage des responsables politiques » . Dans son rapport annuel elle dénonce l’«infantilisation» dans les lieux de privation de liberté.

A l'occasion de l'examen du budget pénitentiaire 2018 par l'Assemblée, 27 associations et syndicats impliqués dans le champ pénitentiaire interpellent les parlementaires.

Pour encourageantes que puissent paraître ces interventions, critiques et initiatives, il n'en demeure pas moins que les atteintes s'aggravent, et pas seulement dans les maisons d'arrêt. Avec un.e Conseiller.e Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (CPIP) pour 120 à 150 détenus, il n'existe aucun suivi réel du parcours de peine. Les personnes incarcérées perçoivent le plus souvent ces conseiller.e.s qu'ils connaissent peu ou mal, faute de temps d'échange réels, comme des obstacles, bien plus que comme des aides, à la réinsertion. La formation initiale de ces agents est probablement en cause, de même que la surcharge de travail.

De travailleuse sociales (formation d'assistante sociale), pour les plus anciennes qui avaient le souci du dialogue et de la réinsertion, le métier à glissé vers des auxiliaires de justice qui se prennent pour des juges de l'application des peines (dont elles sont le seul lien avec la personne détenue), lorsque ce n'est pas pour des procureurs. Pour nombre d'entre elles, la coercition est le seul mode de relation qu'elles entretiennes avec les personnes ( ou plutôt "les dossiers") dont elles ont la charge. Cela se traduit en pratique par des refus de permissions pour maintien des liens familiaux (y compris dans des situations de maladie grave ou d'obsèques de proches) et d'obstacles à des permissions pour rencontrer de futurs employeurs (alors même que leur mission devrait être de les favoriser). Cette absence de dialogue et les refus itératifs qui sont perçus comme injustifiés génèrent incompréhension et colère.

Les personnes détenues n'ont jamais voix au chapitre. Toute liberté d'expression est proscrite. Lorsque quelques-uns tente de s'exprimer sur un mode humoristique, la répression est terrible.

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