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Billet de blog 7 février 2019

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Répression ! Régression ! Jusqu'à la mort ?

Si l’état de l’opinion publique à ce jour fait percevoir comme nécessaire de conserver des prisons, il faut au moins que les murs en soient poreux.

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Il convient que dès le début de leur peine les personnes incarcérées puissent retourner s’immerger dans la société. Que la société puisse entrer dans la prison pour faire en sorte qu’elle demeure un lieu de vie, de culture et d’échange, de travail, de responsabilité, etc. Tout ce qui concourt à maintenir les personnes qui y sont soumises intégrés dans cette société. Rien n’est fait en ce sens. Les quelques trop maigres avancées qu’avaient pu obtenir de haute lutte des forces progressistes ont été balayées depuis le début des années 2000 et ce en dépit de la loi pénitentiaire de novembre 2009 que l’on s’acharne à détricoter, plutôt que de poursuivre dans les voies qu’elle ouvrait.

Les lieux de privation de liberté doivent être des lieux de renaissance et non pas les lieux d’infantilisation, de souffrance, de relégation ou d’humiliation et de dégénérescence qu’ils sont aujourd’hui.

Toute autre démarche est vouée à l’échec. Elle alimente la frustration, la colère voire la haine à l’égard de la société de ceux qui subissent la détention. Elle entraîne la récidive. Des divergences se creusent entre des populations totalement étrangères l’une à l’autre, trop différentes et s’excluant mutuellement. Deux cultures qui ne se retrouveront plus, qui se rejetteront, et qui pourtant devront par la force des choses cohabiter dans le même espace, puisque la population carcérale finit toujours par sortir de prison.

On peut penser la détention autrement, malheureusement, le manque d’imagination et la peur des différences sont sans doute le secret de tous les crimes et de toutes les erreurs de l’histoire.

On fait le semblant des choses, on utilise des mots vidés de leur réalité, tels que « réinsertion », qu’il faudrait nommer coercition en l’état actuel du sens que lui donnent les magistrats de l’application des peines. Et l’on finit par croire que ces choses ont une existence parce qu’on les a mal nommées. Cela reste bien évidemment une illusion.

La suppression de la peine de mort en France fut un immense pas en avant. Nous nous sommes, hélas, arrêtés à ce pas. Et il faut soit continuer d’avancer, soit accepter de refaire ce pas dans l’autre sens. Le statu-quo n’est pas acceptable. Celui qui refuse d’ôter la vie en y substituant la privation de liberté, se charge d’une responsabilité à l’égard de celui qu’il a épargné. Il doit lui permettre une vie digne et la promesse d’un avenir meilleur et non pas l’amener à aspirer y mettre fin où à la consacrer à la vengeance et à la haine.

S’il refuse d’assumer cet engagement, il n’a aucune légitimité pour imposer ce mode de vie.

Il est moins criminel de mettre fin à une vie que de condamner un individu à une souffrance prolongée, voire définitive, comme certains souhaitent l’imposer.

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