Il y a un an, les détenus de ce centre pénitentiaire découvraient un partie des travaux d'aménagement entrepris dans leur établissement. Les premiers, réalisés dans la cour de promenade, les laissèrent pour le moins dubitatifs. Les équipement préexistant ayant été remis à l'identique, seule une table de tennis en béton, inutilisée depuis car placée dans un endroit venteux, à été rajoutée par rapport à l'équipement antérieur qui satisfaisait tout le monde. Les marquages au sol ont été repeints. L'un d'entre eux à écrit le pamphlet satirique reproduit plus bas.
Peu de temps après la parution de ce pamphlet , les détenus découvraient le reste des travaux réalisés sur le terrain de sport et le gymnase. Isolement du gymnase et rénovation du revêtement de sol. Installation d'agrès (type jardin d'enfant) et d'un mini-golf de 9 trous (pour occuper les personnes âgées nous a-t-on dit). Équipements qui ne sont pratiquement jamais utilisés. La piste de course a été resurfacée. Le terrain de foot quand à lui a été refait en tout venant. Il n'est pas conseillé de tomber.
Quand le coût des travaux a été connu, l'indignation et la colère ont gagnés les personnes détenues, logées dans des cellules de 5.3 m², vétustes, non ventilées, mal chauffées l'hiver et ne disposant pas d'eau chaude. Depuis des années des UVF (Unités de Vie Familiale prévue par la loi de novembre 2009) sont attendue, mais le projet a été annulé "faute de budget". Enfin les atelier dans lesquels les détenus travaillent sont vétustes, les machines ne sont pas aux normes de sécurité et l'hygiène y est déplorable. Mais là encore "faute de budget"....
Voici donc le pamphlet:
Travô zozo
Les animaux du zoo se sont demandé ce qu’on leur préparait lorsque des engins de chantier, fort bruyants, ont envahi l’espace habituellement destiné à se dégourdir les pattes. Certains, à l’instar de votre palmipède préféré, espéraient le creusement d’une mare dans laquelle ils pourraient s’ébattre lors des épisodes de canicule.
Las ! Tous déchantèrent très vite. La réalité dépassait la fiction. Les buts, dont personne ne se plaignait, furent remplacés par des buts à l’identique. Les paniers de baskets quant à eux furent remplacés par… des paniers de basket.
Un objet vert et blanc a été installé. Certains pensent que c’est un banc, mais trouvent la hauteur du siège peu pratique et le dossier installé au centre trop bas. D’autres affirment que ce n’est pas un banc mais une table de pique-nique. Ce à quoi les premiers rétorquent qu’une table de pique-nique n’a aucune raison d’être puisque les repas se prennent en cage. Ils arguent que s’il s’agissait d’une table on aurait rajouté des chaises ou des bancs pour s’y installer. Ce qui n’est, de toute évidence, pas le cas. Si quelqu’un a une autre idée qu’il le fasse savoir.
Les deux groupes se rejoignent toutefois sur un point : l’objet a été placé dans un endroit trop venteux, que ce soit pour un banc ou une table de pique-nique.
Si la direction pouvait, dans sa généreuse bonté, donner des informations sur la destination de l’objet en question et sur la manière d’en faire usage, cela permettrait de clore une fois pour toutes le débat.
La stupeur puis la colère s’emparèrent de certains pensionnaires qui auraient préféré que l’on améliorât leurs cages, bauges et étables. Mais, si les équipements sportifs sont bien visibles pour les visiteurs du zoo, la découverte des locaux dans lesquelles les animaux passent toutes leurs nuits ne figurent pas au programme du circuit touristique.
Un groupe de corbeaux parle de financements occultes et de rétrocommissions. Mais il ne convient pas, sans preuves, de colporter de tels ragots. Nous laissons à ces quelques volatiles la responsabilité de leurs délires financiers.
Tout de même, les animaux les plus âgés tiennent à rendre un hommage unanime à l’administration du zoo qui a pensé à faire tracer des lignes sur le sol, afin qu’ils puissent réaliser leur tour de promenade sans se perdre dans un espace trop vaste pour ce qu’il leur reste de sens de l’orientation.
Johnny COMPRANRIEN