Emile Gabriel
Taulard
Abonné·e de Mediapart

85 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 mars 2019

Emile Gabriel
Taulard
Abonné·e de Mediapart

«Vous êtes fort… Un faible se serait déjà suicidé à votre place.»

Quand la justice et l’administration pénitentiaire poussent au suicide, on doit se demander à quelle fin.

Emile Gabriel
Taulard
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Franck est à 8 mois de la fin de sa peine de 8 ans. Il travaille, paye ses parties civiles, mais ne se laisse départir ni de ses droits, ni de sa dignité.

Franck était décrit comme un détenu modèle jusqu’alors.

Depuis qu’il a saisi le tribunal administratif, il est soumis à des harcèlements permanents. Fouilles itératives de cellule, confiscation de matériel pourtant légalement acquis en détention (sous prétexte d’encombrement de cellule ou de « mesures de sécurité), refus de permissions de sortir pour maintien de liens familiaux. Ce dernier point est important pour Franck, les sept années passées loin des siens ont distendu des liens qu’il faudra bien reconstruire à la sortie et qu’il serait préférable de renforcer avant celle-ci.

L’an passé, Franck a bénéficié de 3 mois de remise supplémentaire de peine (RSP), accordés par la juge de l’application des peines en raison de son « investissement en détention ». Fort de ce rapport élogieux, Franck qui n'a rien changé à sa conduite en détention, a demandé une permission pour maintien des liens familiaux, qui lui a été refusée par la même juge de l‘application des peines, en raison d’un « investissement insuffisant en détention ».

Il est vrai que depuis, le tribunal administratif s’est emparé d’une plainte que Franck a déposée contre des conditions de détention qu’il estime indignes.

Étonné par la contradiction évidente entre les motivations d’accord de ses RSP et de refus de permission, Franck s’est ouvert à la responsable de son bâtiment du retentissement négatif de ce refus et de son étonnement. Celle ci lui a affirmé : « Vous êtes fort, vous supporterez cela . Vous avez supporté tout ce que nous vous avons fait subir. Un faible se serait déjà suicidé à votre place ».

Il ne s'agit pas de la dérive d'un individu au sein d'un établissement, mais bien du harcèlement organisé en bande entre membres de l'administration pénitentiaire et une juge de l'application des peines.

La Garde des Sceaux est-elle informée de ces pratiques et les valide-t-elle?

Que faut-il entendre ?

Seul les forts survivent à la prison ?

Quelle est la finalité ? Créer une nouvelle race de survivants ? De guerrier ?

Pour quel jihad ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte