Ce matin sur BFM, la chaîne de désinformation en continu, ce n'est pas moins de deux «responsables» du syndicat FSP-FO qui sont interviewés sur ce grave problème des portables en détention. Ces déclarations alarmistes font suite à «l'hallucinante» (sic) publication sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant Booba en prison à Fleury-Mérogis.
Pas un mot sur la non moins «hallucinante» diffusion des fiches pénales de Booba et Kaaris qui ne sont pas le fait des personnes détenues...
BFM TV n'est d'ailleurs pas le seul média ou ce non-évènement est largement commenté par les seuls représentants des syndicats de surveillants qui font dans la surenchère...
Ainsi les portables en prison, outre qu'ils sont illicites et que leur détention est interdite, créeraient selon ces individus une «psychose»(sic), serviraient à «préparer des évasions et des attentats»(sic) et à «faire pression sur les témoins» (sic).
Si de tels usages peuvent effectivement être fait des téléphones portables, ils sont rarissimes et sont le fait d'individus clairement identifiés (grand banditisme, milieux radicalisés). Quant à la pression sur des témoins depuis une cellule, j'imagine un dialogue genre «sale batard de fils de pute de boukave j'vais t'niquer ta race», de la part d'un semi-débile, qui n'imagine pas un seul instant que sa victime (à l'abri puisque lui-même est en détention) va pouvoir immédiatement l'identifier et qu'il ne va pas conserver longtemps son portable et qu'il aura, de plus, a répondre de ses menaces qui constituent un délit...
A la fin de son interview, l'un des représentant syndicaux Thibault Capelle révèle enfin ce qui le préoccupe vraiment : «avec la prolifération de ces portables en prison on risque de voir des vidéos hallucinantes de ce qui peut se passer en prison» (sic). Voilà donc ou le bât blesse. On pourrait voir, par exemple, des surveillants dormir dans les postes de surveillances (PIC et miradors pendant leurs heures de service ), insulter ou rudoyer des personnes détenues, négliger un handicapé, exercer à plusieurs des violences sur un détenu nu au sol. On comprend mieux la notion de «psychose».
Donc pour faire face à cet immense danger, les surveillants en question proposent d'abroger la loi de 2009, dont l'article 57 sur les fouilles à déjà été «aménagé» de manière régressive en 2016 pour faire plaisir aux syndicats.
Selon les individus qui s'expriment dans nos médias, on leur aurait «enlevé des moyens de contrôle», ce qui est faux. La loi leur demande simplement de les justifier et cela pour éviter des abus qui se poursuivent en dépit de la loi.
FSP-FO réclame par la voix de ses représentants une fouille générale (bien qu'elle soit contraire à la loi).
Une fouille générale est une agression violente, qui fait intervenir les ERIS (Équipes régionales d'intervention et de sécurité). L'ensemble de la population se retrouve enfermée dans des cages, les personnes sortent une à une pour être fouillées a nu, parfois à la vue de plusieurs intervenants, voire des autres détenus. Pendant ce temps les cellules sont fouillées, retournées de fond en comble, partiellement vidée. A leur retour en cellule, les détenus retrouvent leurs affaires dispersées au sol, les lits défaits, leurs photos de famille déchirées ou souillées, leurs sachets de sucre ou de farine éventrés et vidés à même le sol, sur les tables, voire sur le lit...
Et personne ne s'interroge sur la manière dont des I phones neufs, dans leur emballage d'origine et avec tous leurs accessoires pénètrent dans les prison. Ce n'est pas par les parloirs, les moyens électroniques de détection suffisent à les déceler. Ce n'est pas par parachutages, on en trouve également dans les prisons récentes dans lesquelles les cours ne sont pas accessibles à de tels lancers. Non, le trafic est organisé par certains surveillants, qui chargent un ou plusieurs détenus qu'ils contrôlent de distribuer la marchandise. On peut également avoir accès à de l'alcool (j'ai vu du Glenfiddich dans son carton d'origine), a des parfums... On imagine mal comment de tels produits difficiles à «coffrer» dans un rectum entreraient par les parloirs... Ces personnels savent arrondir leurs fins de mois. De plus il y a moyen de faire tourner le business, les possesseurs de portables sont ainsi identifiés, et lorsque le marché fléchit, une fouille «ciblée» opportune permet de le relancer...
Si fouille il doit y avoir, peut-être que la population pénale n'est pas la cible la plus efficiente...
Les vrais raisons du besoin de portables en prison:
La téléphonie coûte cher en prison. Quelqu'un qui souhaiterait parler une vingtaine de minutes par semaine à trois membres de sa famille investirait 35 à 50 euros par mois. Plus du double s'il doit les joindre sur leur mobile. De nombreux détenus qui ont des enfants ont un budget qui dépasse 100 euros par mois pour simplement garder le contact.
Un forfait téléphone en illimité coûte moins de 20 euros par mois, il permet le cas échéant de partager des photos ou des vidéos de famille..
Les horaires d'ouvertures des cabines téléphoniques sont limités, et toujours à des horaires ou les familles ne sont pas joignables à leur domicile.
L'usage familial constitue l'utilisation très largement majoritaire des portables en détention. De ce fait il est avant tout un instrument de maintien des liens familiaux. Mais qui se soucie des liens familiaux des personnes détenues, pourtant identifié comme critère fondamental d'une réinsertion réussie...