Ah ! Protéger...
Contraindre, punir s'il le faut, et dans l'intérêt même de celui que l'on entend protéger.
N'est-ce pas le fondement, voire la justification, de tout pouvoir qui souhaite s'établir sur autrui : l'enfant, la femme (qui comme chacun sait est fragile, voire émotive - comprendre idiote), l'administré (trop bête pour savoir où se situe son propre intérêt) ? Ne touche-t-on pas là à cette indéfinissable jouissance de la possession d'autrui ? N'est-ce pas, plus exactement, le besoin de dominer, auquel toutes les élites (autoproclamées et auto-entretenues) sacrifient, tout en s'en défendant farouchement ?
Afficher son savoir, acquis auprès de Maîtres (comme le mot le dit si bien) qui vous ont transmis leurs certitudes bien plus que les clés pour les mettre en doute ; prendre cet apprentissage pour de l'intelligence (alors que c'en est précisément le contraire) ; et vouloir l'opposer à la trivialité des besoins des individus gouvernés ; c'est le lieu commun de tout aspirant à un quelconque pouvoir.
Le glissement sémantique permet aux prétendants à ce dernier de le dissimuler.
Au début on vidéo-surveillait timidement, aujourd'hui nous bénéficions tous d'une vidéoprotection massive et en expansion galopante. Des sociétés privées ont même obtenu le pouvoir de l'utiliser. Le renseignement, l'encouragement à la délation sont la clé de voûte de la civilisation. La garantie ultime, nous dit-on, de notre sécurité (et donc de nos libertés ?). Gloire soit rendue à nos vaillants protecteurs.
Enseigner vraiment, c'est former à la critique, c'est renoncer à dominer, c'est émanciper et rendre libre. Impensable hérésie !
Alors on surveille, on contraint, on punit.
Mais non, je m'égare, pardon... ON PROTÈGE !