En mars 2016 la chaîne américaine A&E a lancé son émission « 60 Days In ».
Le pitch: Sept personnes volontaires vont être incarcérées dans la prison du comté de Clark, dans l'état de l'Indiana. Dans cette expérience, ils vont tenter de vivre aux côtés des autres prisonniers, auxquels ils ne doivent à aucun moment dévoiler leur identité afin de gagner leur confiance. Ils vont devoir être vigilant à chaque instant de leur détention. Et dans le même temps, ils vont servir d'informateurs dans le but d'évaluer les conditions d'incarcération et comprendre les rouages de l'actuel système pénitentiaire américain.
Les étasuniens en sont à leur 4é saison. On nous a passé le premier épisode de la saison 1 sur RMC Découverte le 21 juillet. On nous affirme que «Ni les détenus, ni les gardiens de prison ne sont au courant de la télé-réalité dont ils feront partie. Il leur sera expliqué que les caméras suivent les premiers pas en prison de ces détenus. Seuls quelques responsables sont au courant des vraies raisons du tournage.». Donc des caméras et une équipe de tournage débarque dans une prison, filment pendant 60 jours et personne ne se doute de rien...
J'ai voulu regarder le premier épisode pour me faire une idée de la manière dont on voulait faire percevoir la «réalité carcérale» au bon peuple. J'ai tenu moins de 10 minutes. Un mauvais scénario et des acteurs qui surjouent. On s'est habitué depuis qu'on nous sert ce type de daubes, mais tout de même...
Pas besoin de fictions. Depuis le 25 mai 2016, le décret d’application portant sur la mesure de contrôle parlementaire a été publié, il en précise les modalités de pratiques : «le chef d’un établissement pénitentiaire ne peut s’opposer à l’entrée des journalistes accompagnant les parlementaires que pour des motifs impératifs liés à la sécurité, au bon ordre, à l’intérêt public ou à la protection des victimes, des personnes détenues et du personnel au sein de l’établissement, les parlementaires ne peuvent être accompagnés de plus de cinq journalistes, dont deux utilisant du matériel de prise de vue ou de son.»
En raison de très graves infractions à la loi qui pourraient déboucher sur un scandale sanitaire, j'ai alerté la CGLPL, l'OIP, une avocate, Frenchleaks sur ce média (qui n'a pas donné suite), et un journaliste qui travaille en ce moment sur le dossier. J'avais proposé à l'OIP d'organiser une visite parlementaire de l'établissement et en particulier des ateliers de production. A priori ils ne sont pas parvenus à l'organiser.
Peut-être parce que personne dans cet état répressif n'a envie de revoir ce genre d'émissions qui remettrait en cause cette institution d'un autre âge :