Revenons sur cette vidéo :
On voit donc ce jeune qui a l'attitude typique d'un autoritariste qui utilise la violence pour contraindre une personne a lui obéir : «tournez la tête» (le ton est insistant voire presque suppliant à ce stade), puis lorsqu'elle s'exécute «voilà» (soulagé) on entends dans la classe «Madame, vous le mettez absent» puis le jeune explicite sa demande en passant au tutoiement et en insistant à plusieurs reprise : «Tu me met présent !».
L'enseignante de son côté, et en dépit de la menace pour sa vie (l'arme est réelle pour elle) et de la crainte, voire de la terreur qu'elle peut ressentir, reste dans une attitude d'autorité : elle reste calme et regarde son agresseur. Son autorité est reconnue par l'agresseur qui la vouvoie dans un premier temps et tente d'échapper à son regard en lui demandant de tourner la tête, ainsi plus tard que par la personne qui souhaite faire fléchir cette autorité (et qui par la même la reconnait) en disant «Madame, vous le mettez absent, mettez le présent» (on entend presque le s'il vous plait dans l'intonation). Lorsqu'elle tourne la tête, en cédant à la menace, l'enseignante lâche un «n'importe quoi», qui montre qu'elle a parfaitement saisi la situation, en l'absence de secours à attendre des élèves présents, elle n'a d'autre choix que de tenter de la dénouer.
On ne nous a rien dit de la manière dont l'enseignante à ensuite géré la classe, ni des réactions de sa hiérarchie au sein de l'établissement.
Les réactions :
Tout le monde politique s'accorde à condamner. C'est bien le moins qu'il puisse faire. Personne ne semble avoir une analyse critique de l'événement, ni semble vouloir le replacer dans son contexte sociologique. Trop occupés sans doute à faire de la récupération, en particulier du côté des tenants de l'autoritarisme...
Le constat de #PasdeVague et de quelques témoignages d'enseignants :
On envoie dans des classes des enseignants qui semblent mal préparés à assoir leur autorité et peu, voire pas du tout, soutenus par leur hiérarchie. Mais peut-être est-ce le cas dans d'autres maillons essentiels de la société.
Nous sommes passé d'un monde où les compétences décidaient de la place dans la hiérarchie sociale et où l'on prenait le temps de les acquérir, à un monde où les qualifications (qui ne sont que rarement les compétences) ont cédé la place pour des raisons qu'il conviendrait d'éclaircir.
De la confusion entre autorité et autoritarisme :
L'autoritarisme tente de s'imposer, par la violence physique ou psychologique qui en génère d'autres dans une lutte permanente de prise de pouvoir. L'autorité se construit naturellement par une manière de se comporter, par une attitude de bienveillance, et par une politique du dialogue permanent. Elle n'existe que si elle est reconnue comme telle par ceux qui s'y soumettent, et par ceux à qui elle même se soumet. Qu'un seul maillon, qui par manque d'autorité ou par excès d'autoritarisme, dans cette chaîne soit défaillant, et c'est toute l'édifice qui cède. Lorsqu'on prétend rétablir la République sur tout le territoire, il convient de réfléchir à la méthode afin de ne pas commettre d'erreurs aggravantes. Peut-être est-ce là la grande faiblesse de notre société : la confusion entre autorité et autoritarisme.