Au courrier d'hier, j'ai reçu la lettre d'un ami libéré qui m'adresse un article paru dans Ouest-France le 19 septembre 2018 et dont le titre est:
«A Caen,l'imprimerie expulsée de la prison.». Article malheureusement non accessible en intégralité en ligne
information également diffusée par Imprimerie.news : «L'imprimerie Artec est expulsée de la prison de Caen après 30 ans d'activité» qu'on peut lire ici
Cette initiative associative (ARTEC) destinée à former des personnes détenues au métier d'imprimeur était née en 1985 sous les auspices du Garde des Sceaux de l'époque Robert Badinter. Depuis, l'atelier d'art graphiques avait formé plus de 130 détenus à ce métier. Aujourd'hui sur le site de l'association on ne trouve plus que ce message de remerciement en guise d'épitaphe.
La direction de l'établissement pénitentiaire a adressé fin août un courrier assez violent à l'association l'enjoignant de «libérer l'atelier de tous ses meubles et outils» au plus tard pour le 10 décembre. Et cela dans le plus total mépris des personnes détenues dont certaines se forment depuis plus de 2 ans et qui ne verront pas un diplôme valider cette formation...
Les difficultés sont nées en 2016, suite à la publication d'un livre imprimé par ARTEC, pour le compte de l'association Démosthène , espace universitaire de débat pour la citoyenneté. Le titre de l'ouvrage est : «Parce qu'ils sortiront un jour: l'insertion postpénale des personnes détenues, un défi citoyen». Aux pressions pour que le livre ne soit pas imprimé ont succédées les sanctions financières contre l'imprimerie (suppression des subventions par le conseil général). L'expulsion par l'administration pénitentiaire est le volet final de l'entreprise de démolition entamée à la suite de cette publication. Au temps pour la démarche citoyenne... Il est vrai que la politique de musèlement de toutes les opposition est l'un des point fort de la pénitentiaire qui ne connaît que la coercition et la répression.
Aujourd'hui l'association de formation qui n'a pas démérité en plus de 30 ans d'existence, jugée «trop proche des détenus», est priée de déguerpir...