Sauf à murer les détenus dans leurs cellules, on ne voit pas ce que Madame Belloubet envisage de faire pour donner des gages supplémentaires aux syndicats de surveillants.
J'ai été incarcéré au CP Sud Francilien (Réau). Pour aller de ma cellule à l'infirmerie (100 mètres) il me fallait franchir 10 portes :
- porte de la cellule,
- grille de fer de la coursive,
- porte de l'étage de départ,
- porte du rez de chaussée,
- porte du bâtiment,
- porte de la grille d'enceinte du bâtiment - qui permet d'accéder à une cour fermée qui se distribue sur les différents bâtiments,
- porte de sortie de cette cour vers la cour du bâtiment de l'infirmerie,
- porte du bâtiment,
- porte de l'infirmerie,
- puis porte de la cage d'attente, dans laquelle on peut parfois patienter plus d'une heure, y compris après la consultation, le temps qu'un agent soit disponible pour raccompagner le détenu vers ses quartiers.
L'ouverture de chacune de ces portes est déclenchée par un poste sécurité après contrôle vidéo. Une porte ne peut être ouverte que si celle qui la précède et celle qui la suit sont elles-même fermées. Les détenus, par petits groupes de 3 à 5 personnes sont de plus accompagnés par un ou deux agents pénitentiaires, selon leur nombre. Il me fallait entre 15 et 25 minutes pour arriver à l'infirmerie.
Madame Belloubet, plutôt que de renforcer encore des mesures de sécurité qui n'empêcheront jamais un être humain de rêver de la liberté dont on l'a privé. Ni de mettre fin à l'infantilisation et à la dépendance auxquelles on le contraint. Ni de se rêver un avenir autre que celui auquel il est condamné après un passage en détention. Redonnez plutôt des moyens à l'humanisation, à l'éducation, à de réelles formations qualifiantes, à un travail permettant d'acquérir une expérience professionnelle, plutôt qu'à des tâches sous-qualifiées, abrutissantes et sous-payées, en dehors de toute législation du travail comme c'est le cas actuellement.
Redonnez l'espoir, aux maudits de la Société, de pouvoir la retrouver un jour en citoyens libres à part entière, plutôt que de les marquer du sceau des parias, et qui finiront par la détester pour la manière dont elle les traite.
Les prisons ne s'en porteront que mieux. La société également.
La dérive fasciste est dans les têtes, elle s'exprime une fois de plus à l'occasion d'un événement isolé.
A chacun d'entre nous d'y demeurer vigilent.