Je suis pour l’économie des vies humaines. Je pourrais parler des manifestations mais je parle de la guerre en Ukraine, finalement c’est un peu pareil, quoiqu’à des échelles différentes. Pour défendre l’accès à un trou boueux 250 blessés, dont certains très gravement. En Ukraine, on ne sait même pas combien il y a de morts et de blessés, en totalisant les Ukrainiens et les Russes, mais ça fait du monde. Je ne veux pas dire que l’Ukraine est un trou boueux, c’est beaucoup plus, mais quand même. On doit approcher les 300 000 morts, non ?
Stalingrad, deux millions de morts, civils et militaires.
Qu’est-ce qu’on veut ?
On s’en moque un peu que la Crimée, ou le Donbass soient russes ou ukrainiens, tant que la population est respectée, non ?
Chaque fois que sur Arte (c’est la chaine qui informe le plus sur ces points) je vois la livraison de canons, de chars, de missiles et autres drones à l’Ukraine, j’ai mal. Plus on en livre, plus ça va durer et plus il y aura de morts et de blessés graves. Trente mille soldats ukrainiens formés en Europe, c’est un exploit, ça ? Des milliers de jeunes qui arrivent de Sibérie, car c’est une région pauvre, pour défendre leur patrie, ou simplement on le leur a demandé, c’est top ?
Toutes ces personnes ont des familles, des amis, et sont supposées avoir un avenir, une vie simplement.
On a vécu le XXème siècle, ses massacres de masse dans le monde entier et sur notre propre sol. Le XXIème montre qu’on n’a rien appris, on veut seulement faire encore mieux avec des armes encore plus sophistiquées, et le fond ne change pas.
Des Ukrainiens et des Russes sont une nouvelle fois enterrés dans des tranchées, 100 ans plus tard. Pourtant, on les connait bien, les images de la Première Guerre Mondiale et les histoires des gens qui en sont revenus. Mais on recommence, on n’a rien appris.
Les gens qui se lèvent et disent que c’est un scandale sont, comme autrefois, accusés de trahison, d’être vendus à l’ennemi. C’est qui, ça ?
Quand je suis allée en Lorraine, je n’ai pas voulu visiter les champs de morts, l’ossuaire de Douaumont. J’ai voulu boire une bière, sur les bords de la Meuse, à Verdun, émerveillée que la vie soit revenue. J’y ai croisé un Arabe, qui profitait aussi de cet après-midi ensoleillé.