Comme je ne souscris pas tous les jours à ce que je lis tous les matins, relisons. Le communiqué de la FSU dont on trouvera ici le texte intégral, fait état de régressions. Le mot est fort, à l'heure où nous héritons d'un si jeune Premier ministre, si plein d'allant et de talents.
Régression du ministère de la transition écologique : ce dernier vient encore une fois de plonger dans l'ordre protocolaire et il est passé derrière celui de l'agriculture. La transition écologique derrière l'agriculture et la transition énergétique rattachée à Bercy, comme si les découpages ministériels tenaient plus de l'actualité que d'une vision de plus long terme ou comme si ces priorités avaient si peu d'importance....
Régressions environnementales sur l'eau, sa qualité et son partage, les milieux aquatiques, la biodiversité, comment ne pas le voir...
Régressions sur la légitimité des agents et des agentes de ce pôle ministériel et leurs conditions de travail, quand certains de ses établissements publics ou services déconcentrés sont couverts de lisier ou de déchets agricoles sans que personne ne s'en émeuve.
Pour autant, la FSU écologie ajoute qu'elle soutient toutes les paysannes et les paysans qui prônent un modèle vertueux pour l'environnement et un modèle où les femmes et les hommes qui nous nourrissent vivent dignement de leur travail. Elle soutient toutes les paysannes et paysans qui se battent contre l’agriculture industrielle, chimique et productiviste soumise aux libres-échanges, agriculture portée depuis des décennies par les organisations agricoles majoritaires, comment le dire mieux ?
A ces constats, j'ajoute le logement, rattaché à la transition écologique mais toujours le grand oublié, qui change de périmètre à chaque remaniement ministériel, un coup avec ou sans la ville et la rénovation urbaine, les territoires, la cohésion sociale, et qui, aujourd'hui, n'a même pas encore de sous-ministre, délégué(e) ou secrétaire d'Etat, puisque depuis 2020, ils ou elles ne sont jamais de plein exercice. Comment peut-on fonder une politique apparemment centrée sur les classes moyennes en oubliant le logement, alors qu'il représente le quart du budget des ménages et qu'il est un vecteur si criant d'inégalités ? Sans doute parce que la référence à la "classe moyenne" n'est que rhétorique. La classe moyenne, c'est toujours "moi", un facteur puissant d'identification qui permet de ressasser l'antienne et à n'en plus finir que "les gens en ont marre" d'être "trop pauvres" pour accéder au logement mais "trop riches" pour bénéficier des aides, alors que si l'on y regarde de plus près, qu'avons nous dans le discours de politique générale de Gabriel Attal :
- un détricotage annoncé de la loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU) qui, sous couvert de classes moyennes, intègre le logement intermédiaire au quota de 25% de logements sociaux à construire, ces logements intermédiaires n"étant accessibles qu'à 3% des plus de 2,5 millions de demandeurs en attente de logement social ;
- une nouvelle incantation à créer un "choc d'offre", alors qu'il faut le dire, ce n'est pas possible. Pour des raisons simples, comme notre Premier ministre devrait le voir lui-même, lui qui aime tant parler sans ambages : premièrement, il faut environ cinq ans pour construire un immeuble, donc c'est too late pour ce quinquennat et, deuxièmement, l'élasticité du prix des logements à leur nombre est très faible. Dit plus simplement, même en construisant au maximum des capacités de production ou des besoins estimés, et on en est loin, disons 300 000 ou 500000 logements par an pour un parc de résidences principales de 31 millions d'unités, soit moins de 2%, ce n'est pas avec ça qu'on fera baisser les prix de l'immobilier, qui dépendent, en outre, d'une multitude d'autres facteurs. En conséquence, construire une politique du logement abordable cohérente et ambitieuse ne peut s'entendre que sur la durée. Ce ne peut être qu’un effort sur des décennies.
Un peu comme la transition écologique ou la réforme de l'agriculture, si vous voyez ce que je veux dire.