Le même et l'autre
Intermède sur la cabale
- Tu trouves que c'était déplacé, mes réflexions, toi ?
- Oh, moi tu sais, ce qui est déplacé ou pas...
- Oui, mais quand même, ce n'était pas sympa... En plus, elle n'avait pas lu, à l'évidence, elle n'avait pas lu...
- Écoute, Louise, il faudrait peut-être arrêter de ressasser cette histoire de volet, et d'une, et ensuite l'histoire de la fille de la maison d'édition. C'est comme un village que je connais, qui ne se remet pas du pétainisme...
- Il a peut-être ses raisons, non ?
- Toutafé. N'empêche que tu te fais du mal et que tu devrais oublier.
- Alors, là, moi je ne suis pas sûre. Parce qu'en traînant sur le Net, j'ai découvert que je ne suis pas la seule, à qui on a écrit n'importe quoi. Et qu'ils sont même connus pour ça, ceux-là de la maison d'édition. Et, l'autre jour, quand j'ai vu qu'un certain S. V. avait envoyé à plusieurs éditeurs un roman de Claude Simon, j'y ai repensé. Une des rares maisons qui a répondu n'a écrit que des conneries. Sauf qu'il n'a pas voulu donner son nom. Alors, si je publiais ma lettre, qu'est-ce que tu en penses?
- J'en pense que c'est le pot de terre contre le pot de fer et qu'il vont te coller un procès.
- Un procès, et pourquoi ? C'est ma lettre, je l'ai reçue à mon adresse, elle existe et elle est au coffre.
- Oui, mais sans relais, tu sais ce que c'est...
- Et pourquoi je n'en aurais pas, de relais ? Je n'ai qu'à demander à un grand journaliste, par exemple à Cake News ?
- Il ne voudra jamais.
- Ah bon, pourquoi ?
- Trop de risques.
- Alors, si je demandais à un critique ? J'en connais un, tu sais...
- Encore pire, il écrit sous son vrai nom.
- Pff... chaque fois que j'ai une idée, tu me décourages.
- Pas du tout. Continue à écrire, vu que tu t'en fous, et l'on verra plus tard.
- Cela te va bien, de dire ça. Et le tien, de procès, pendant que j'y pense ?
- Une seule chose à la fois, Louise, une seule chose à la fois. Tu vas trop vite, on ne te l'a jamais dit ?
- Si, très souvent. N'empêche que j'en ai marre, et que ...
- Ne crois pas ça. Et à ta place, j'aurais même des raisons de me féliciter.
- Ah bon, pourquoi ça ?
- Parce qu'à mon avis, ton jeu fictionnel vient de reprendre du poil de la bête. 😎
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PJ. :
00lettre