Il aurait fallu investir dans la recherche en amont, et ne jamais baisser le nombre de lits dans les hôpitaux.
Le temps venu, il aurait fallu une belle enveloppe pour astiquer les poignées de porte, les mains courantes et fixer des savons liquides au-dessus des éviers. A défaut de bien payer les manutentionnaires méticuleux, il aurait bien fallu les payer.
Ils avaient critiqué pendant des mois les preneurs d’otages cégétistes : comment auraient-ils pu actionner d’eux-mêmes la fermeture des transports et des entreprises non vitales sans se renier entièrement ?
Au Japon, l’État payait un revenu universel aux personnes en quarantaine s’occupant de leurs enfants. Au Vietnam et à Singapour, on avait fermé les écoles avant qu’il n’y ait des morts. Dépourvus d’autres moyens, les internautes lançaient des hashtags comme #StayHomeBelgium. Aux Pays-Bas, en France ou en Espagne, même quand la situation devint critique, les élites se trouvaient sans imagination. Rien n’était fait pour abriter, nourrir et soigner les sans-abris aux portes des grandes villes ou de la Manche. La crainte de déplaire aux « investisseurs » ne cédait rien à la peur d'un sursaut de fraternité.
Après l’avoir économiquement asphyxié, les « Européens » soutenaient la Grèce verbalement, celle qui désormais tuait des migrants sur ses plages. A Bruxelles on négociait avec Tayip pour qu’il n’ouvre pas totalement sa Sublime porte..
Critiquées sur leur gestion du désastre, les catégories supérieures, privées de longs courriers, se mirent à moquer l’oncle Donald. Elles révélaient leur laideur en hululant "discrimination!" sur les antennes. Depuis longtemps, les Etats-Unis auraient dû consentir à soigner gratuitement ses pauvres gens, mais avions-nous des leçons à donner en France, où le ministre de la santé rêvait d'ouvrir la Sécurité sociale à la concurrence ?
Leur idéologie se révélait être en carton-pâte. Les aveuglés se décillaient, mais tout restait à faire, car les aveugles étaient au pouvoir.