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Billet de blog 3 mai 2017

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Entre-deux-tours, jour 10: les Insoumis acceptent la perspective d'une victoire du FN

Les Insoumis ont parlé. Deux tiers de ceux qui se sont exprimés n'iront pas voter, ou voteront blanc, dimanche prochain. Malgré les beaux principes dont ils se réclament, il demeure que leur comportement électoral bénéficiera à Marine Le Pen. Ils acceptent, de fait l'éventualité de sa victoire et ses conséquences, et rompent avec la tradition anti-fasciste dont ils se réclament si souvent.

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Les "Insoumis" ont parlé. Sur quelques 240.000 électeurs de Jean-Luc Mélenchon (dont votre serviteur) qui se sont prononcés, seulement 34,83% ont indiqué qu'ils voteraient pour Emmanuel Macron. Les autres s'abstiendront ou voteront blanc. Ils font mine de ne pas comprendre que, dans notre système institutionnel actuel, le vote blanc ou l'abstention ne valent rien. Du tout. Ils font mine d'ignorer que le phénomène d'abstention "différenciée" qui nous guette (i.e. l'écart de mobilisation entre les partisans du FN et le reste de l'électorat) profitera nécessairement à Marine Le Pen.

En ce qui me concerne, je rejette le concept de "Front républicain". Je ne fais pas "front" avec Emmanuel Macron, d'ailleurs je veux rien avoir à faire avec lui. En revanche, je sais ce que je ne veux pas voir arriver dans ce pays. Le FN incarne et prévoit des choses que je rejette totalement et qui vont à l'encontre de tous mes principes: racisme assumé par nombre de ses membres (partisans de l'idée d'une inégalité des "races"), xénophobie (voir l'étranger comme une menace et comme un élément fondamentalement inassimilable), conception exclusive de la nation (le "nous" contre le "eux"), mépris pour la séparation des pouvoirs (et pour la justice en particulier), mépris pour la liberté de la presse (voir ici pour le traitement des journalistes de la voix du Nord par Briois), acceptation de la violence comme instrument de lutte politique, sans compter l'importance des groupes réellement fascisants et néo-nazis qui entourent ce parti depuis son origine jusqu'à aujourd'hui (voir ici l'excellent article de Marine Turchi - Mediapart - qui date de 2013 et passe en revue l'entourage de Marine Le Pen). Voilà, donc, pourquoi je voterai Macron: parce qu'en l'état actuel de nos institutions l'abstention ou le vote blanc ne valent rien, et bénéficient indirectement à Le Pen. Et que dans ce contexte, ne pas voter Macron est accepter la possibilité qu'elle gagne, et que donc sa victoire ne serait "pas si grave". 

Cet extrait d'une tribune de Titiou Lecoq publié sur Slate vaut d'être cité:

"Pour le second tour, le choix n’est pas uniquement entre l’euro ou pas l’euro, l’ouverture et la fermeture. Lors des meetings de Marine Le Pen, quand des salles combles se mettent à hurler «on est chez nous!», il ne s’agit pas de fermer poliment la porte en disant «désolé, il n’y a plus de place, retournez dans vos pays en guerre où le soleil brille». Il s’agit du droit, de la légitimation à écraser ceux qui nous paraissent différents de nous, dans leurs modes de vie ou leurs couleurs, d’interdire aux femmes de porter le voile même le plus léger dans la rue, d’interdire aux amoureux de même sexe le baiser même le plus léger dans la rue.

Le «nous» de ce slogan ne rejette pas seulement les étrangers de nationalité. Ce n’est pas un nous qui équivaut à l’ensemble de la population française dans sa diversité quoi qu’essaie de faire croire Marine Le Pen. C’est un «nous» de frontistes, d’anciens du GUD. C’est un «nous» de suprématistes blancs. Même en cas de défaite du Front National dimanche prochain, le score qu’il fera nous dira quelque chose sur nous tous."

Pendant ce temps, Le Pen prépare l'éventualité de son arrivée au pouvoir: ayant peu de chances d'obtenir une majorité législative avec le mode de scrutin actuel, elle prévoit de demander aux Français d'approuver, par référendum, une modification de la loi électorale visant à introduire un scrutin proportionnel avec prime majoritaire, puis de dissoudre l'Assemblée nationale dans l'espoir que le nouveau mode de scrutin lui permette d'avoir une majorité de députés FN à son service. 

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