Le ministère de l'Intérieur a rendu public, comme de coutume, le jeu de données reprenant l'ensemble des informations relatives aux 7878 citoyens qui se sont portés candidats lors du premier tour de ces élections législatives. Ce jeu de données est accessible sur http://data.gouv.fr.
Un rapide traitement de ces données permet de dégager certains constats intéressants.
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Profession: "Ouvrier"
135 candidats ayant déclaré comme profession "Ouvrier": cela représente 2% des candidats. Pour mémoire, les ouvriers représentent encore 20,5% de la population active (Insee, 2014). Ces chiffres contrastent avec ceux des cadres et professions intellectuelles supérieures, qui représentent 17,1% de la population active mais 44% des candidats à ces législatives 2017.
Sur ces 135 candidats, seuls 33 ont été investis par un parti. Les partis les mieux représentés (avec, cependant, un très faible nombre de candidats ouvriers: sept ou huit) sont le PCF, LFI, le FN et les écologistes. A l'inverse, les partis dits "de gouvernement", c'est-à-dire le PS, le PRG, l'UDI et l'ex-UMP n'ont présenté aucun candidat ouvrier. LREM en a présenté un, Claude Thirard, dans la 3e circonscription des Vosges.
Tous partis confondus, il est clair qu'un ouvrier ou un technicien désireux d'exercer un mandat politique est incité à se tenir en marge des appareils partisans, tant ces appareils semblent opérer un "filtrage" de ces catégories socio-professionnelles, par des mécanismes de sélection sans aucun doute nombreux et qu'il faudrait étudier en profondeur.
Profession: "Grands corps de l'Etat"
41 hauts fonctionnaires se sont présentés lors de ces législatives. Il semble plus facile à cette catégorie socio-professionnelle d'obtenir l'investiture d'un parti, puisque 37 d'entre eux se sont présentés sous une étiquette partisane identifiée.
Surprise, la hiérarchie se trouve ici presque parfaitement inversée par rapport à la hiérarchie des partis présentant des candidats ouvriers ou techniciens: aucun haut fonctionnaire chez LFI, le PCF ou les écologistes; mais 13 à l'ex-UMP, 12 au PS, 5 à LREM... Ce constat met en lumière la porosité qui peut exister entre la haute fonction publique et les partis ayant exercé le pouvoir pendant de longues périodes. Les cinq hauts fonctionnaires investis par LREM (un peu moins de la moitié du chiffre observé pour chacun des "vieux partis") dénotent par rapport à l'image que veut afficher un mouvement tout jeune, désireux d'incarner le "renouvellement" et la "société civile".
Profession: "Permanent politique"
136 candidats ont quant à eux pour profession "Permanent politique". Le FN arrive loin devant, avec 36 candidats concernés, mais l'ex-UMP n'est pas si loin derrière avec 26 candidats, ce qui est plus étonnants. PS et PCF sont, sans surprise, bien positionnés avec respectivement 17 et 15 candidats issus de leurs permanents.
Là encore, LREM n'est pas si mal positionnée: le mouvement qui veut "dépasser les partis" a tout de même présenté huit "permanents politiques".
Rendez-vous le 18 juin pour savoir quels seront les heureux élus: combien d'ouvriers? Combien de hauts fonctionnaires ou de permanents politiques? Insoutenable suspense...