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Billet de blog 27 avril 2017

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Entre-deux-tours, jour 4: Le Pen marque un joli point, les insoumis tergiversent

Les hamonistes et les communistes ont affirmé une ligne claire, qui regarde vers le vrai combat à court terme: les législatives. Les mélenchonistes, qui restent dans le flou, devraient assumer leur ligne qui a sa cohérence mais qui suppose d'accepter la possibilité d'une victoire de Le Pen; et d'accepter que, avec un gros score le 7 mai, elle puisse prétendre incarner la seule opposition à Macron.

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Hier, Emmanuel Macron s'est rendu à Amiens. Il ne s'est pas rendu, pourtant, sur le site de l'usine Whirlpool - sans doute de peur de s'y faire insulter. Il n'a rencontré que des représentants des salariés, loin de l'usine, à la Chambre de commerce et d'industrie. Qu'a fait Marine Le Pen? Elle s'est rendue, sans prévenir, sur le site de l'usine pour y rencontrer longuement les ouvriers. Un coup médiatique magistral et des images qui confortent la candidate du FN, images que celles de la venue (contrainte) de Macron n'ont pas permis d'occulter totalement. Il ne faut pas sous-estimer l'efficacité de la stratégie de Le Pen.

Les débats continuent à faire rage à gauche. Tandis que les hamonistes et les communistes développent une ligne claire, qui regarde vers les législatives en comprenant que là (et non au second tour de la présidentielle) se jouera désormais le principal combat à court terme, les mélenchonistes continuent de tergiverser. Ils mélangent la lutte de fond et la circonstance dans laquelle nous sommes: on peut être opposé, sur tous les plans, à Macron, tout en se résignant à voter pour lui parce qu'il n'y a pas d'autre choix possible. Il n'y a d'autre choix possible (le vote blanc, l'abstention), que si on accepte de prendre le risque d'une Marine Le Pen détenant les pouvoirs (non négligeables) de la présidence de la République.

Les mélenchonistes devraient être clairs, et assumer de dire "Nous privilégions la lutte idéologique contre Emmanuel Macron, qui est pour nous le vrai ennemi car les politiques néolibérales qu'il défend font le jeu de l'extrême-droite. Nous acceptons l'éventualité d'une victoire de Marine Le Pen car nous refusons les injonctions à voter Macron: pour nous, il faut dissuader les gens de voter Le Pen lors de ce second tour grâce à un travail de conviction. Le vote Macron le 7 mai n'est pas une obligation."

Cette ligne, contestable, a sa cohérence. Elle suppose simplement d'accepter deux choses: qu'une victoire de Le Pen (que, de fait, le choix de ne pas participer au scrutin peut faciliter) ne serait pas chose catastrophique; que Le Pen (dont, en ne participant pas au scrutin, on court le risque de renforcer le score) réalise un gros score le 7 mai et puisse prétendre incarner la seule opposition à Macron.

Pendant ce temps, Jean-François Jalkh est nommé président par intérim du Front national en remplacement de Le Pen, qui s'est mise "en congé" de la présidence du parti. Jalkh est un homme sympathique: le genre qui nie la Shoah à l'aide d'arguments très sérieux sur les propriétés du Zyklon B utilisé dans les chambres à gaz (en 2000); le genre qui se rend à des messes à Saint-Nicolas-du-Chardonnet en mémoire du maréchal Pétain (en 1991).

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