Lundi 26 août
L’année scolaire commence avant le 2 septembre. Fin août, en général. Quels niveaux j’ai ? Combien de classes par niveau ? Quels élèves je vais revoir ? Je fais quoi les premières heures ? Reprendre ce chapitre, ce cours. Combien de photocopies ? Et puis l’emploi du temps ! Super important ! Ça décide la vie du prof, organise sa semaine, son année, son jour-le-jour, son heure-l’heure, même ses weekends.
Autant vous dire qu’on le guette, l’emploi du temps. Fébriles. Des suricates juste avant la charge des gnous. Par exemple, aujourd’hui il faudrait inscrire le petit à la cantine, au CLAE (la garderie) : il y va le soir, le matin, les deux, quels jours ? Qui l’amène ? Qui le récupère ? Qui le garde quels jours de la semaine ? La machine familiale est aux aguets.
La rentrée est dans une semaine. Pour le moment, pas d'info. Le suricate scrute dans le vide. Les chefs doivent être en train de préparer tout ça. Pour eux aussi, les vacances sont finies.
Mardi 27 août
Les médias parlent de la rentrée. Le Monde sur ce moment inédit, sans ministre. Avec même un tchat. Inédit aussi pour Mediapart et les dossiers chauds de la rentrée. Pareil à la radio (j’écoute France Inter, c’est mon côté prof normal). C’est donc pas une légende : les médias en savent plus que nous.
Je vais me remettre au boulot. Doucement. En paliers de recompression. Allez : demain. Préparer les premières heures, les premiers chapitres. Je veux tout de suite de l’avance, sinon en deux semaines je serai en retard.
Faire des cours pour qui : a priori des 5e, des 4e et des 3e. On s’est répartis les classes comme ça en fin d’année. J’attends la confirmation.
Faire des cours pour quand : date précise inconnue, en attente.
Mercredi 28 août
Dur, de se remettre au boulot. L’esprit n’y est pas, le corps non plus. Il faut réapprendre à être assis devant un PC. Et à bosser dans le vide. Alors je bricole, sans conviction. Juste pour prendre un peu d’élan. Un demi chapitre de géo de 5ème remis à neuf. Je commence ma « programmation » : la succession des chapitres dans l’année, et le nombre d’heures à y passer. Pour les trois niveaux. En 3ème, un quart des heures de cours se sont évaporées l’an dernier, pour plein de raisons dont je parlerai plus tard. Un quart ! Mais sinon, on bosse détendus.
Ah ! Je visite par réflexe le site du collège (l’ENT, dans le langage officiel). Je découvre que les 6ème rentrent le 2 et ont deux jours rien que pour eux au collège, comme l’an dernier. Je ne reprends donc que mercredi au plus tôt : j’ai pas de 6ème. On attend encore les messages officiels de la direction.
Jeudi 29 août
Rentrée des profs demain. Ça frétille ! Le suricate regarde ses mails un peu plus souvent. 9h, rien. 10h… 11h… Midi, une collègue se lance sur le groupe WhatsApp : « J’ai rien reçu pour demain, quelqu’un a des infos ? » 13h… 14h30, un message : « Ca y est j’ai reçu ! ». Une demi-heure plus tard, moi toujours pas. On m’explique : depuis juillet, on peut plus rattacher sa messagerie pro à un compte gmail. Question de sécurité. Mais personne n’a prévenu.
On reçoit une ébauche d’emploi du temps, qui va évoluer, parce que certains profs on sait pas quand ils seront là. Je sais quelles classes j’ai, et c’est bien celles prévues. J’avais demandé un petit aménagement pour la garde du petit, je l’ai. Ouf. Il reste un truc chelou, mais on verra demain.
Vendredi 30 août
Je me plante de route pour aller au collège, les vacances étaient vraiment longues. La grille du collège (tu vois une prison ? Et ben, ça) est ouverte. Je retrouve les collègues, anciens et nouveaux. Sourires, café, puis tous assis dans une grande salle. Prises de parole de : la principale, son adjoint, la gestionnaire (les sous), l’infirmière (elle est seule pour onze quintaux de travail), la CPE (même chose, en pire). On comprend pourquoi on a eu les infos très tard : 3 postes de profs toujours pas pourvus, il manque des AESH (qui accompagnent les élèves en difficulté), et les élèves ne sont pas encore tous inscrits. La direction a dû s’arracher les cheveux : j’en compte, de loin, une trentaine en moins.
On nous explique, deux heures durant, l’organisation du collège, les nouveautés, l’accueil des 6e lundi… Prévert se régalerait de la liste.
Apéro ! Et déjeuner sur les tables installées dehors, bonne idée de l’an dernier. On raconte la vie, les élèves… Comme 50 salariés qui reviennent tous ensemble de vacances. L’après-midi est en auto-gestion, sans programme précis, alors chacun vaque. Les profs principaux discutent ensemble. Les AED (les « surveillants ») impriment les listes des élèves par classe, qu’on n’a pas encore reçues.
La machine se décourbature peu à peu. Vers 16h on se souhaite bon weekend. On sait que c’est le dernier un peu tranquille. Et encore, regarde :
Samedi 31
Fabriquer les listes d’élèves par classe, à partir des infos sur Pronote (le machin numérique). Liste évolutive, vu le flou sur les inscrits. Ecrire une petite synthèse sur les élèves de « ma » classe de 4e (celle dont j’étais prof principal), pour passer les infos à leurs profs de 3e. Boire un verre d’eau. Lister ce que je dois dire à "ma" classe pour la 1ère heure. Encore Prévert. Lire les règles de vie communes, que tous les profs doivent expliquer à tous les élèves. Nouveauté de cette année. Boire un verre d’eau. Récupérer la liste des profs de « ma » classe de cette année. L’emploi du temps de la classe ? On l'a pas encore.
Mettre sur clé USB les premiers documents à imprimer lundi. On a reçu la 2e photocopieuse, on est contents. Boire un verre d’eau. Mettre en ordre les notes prises hier. Vérifier que j’ai bien accès au manuel numérique de 5e. Faire la liste des petites questions en suspens. Finir la préparation des deux premières heures de cours. Finir la liste des premières photocopies. Il fait chaud, ou c’est moi ?
Dimanche 1er septembre
Je mets ce premier article en ligne et je lance la promo du blog.
Vu mes compétences numériques, ce sera assez pour aujourd’hui.