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Billet de blog 6 juin 2017

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Éditorial du numéro 34 : Je me souviens

En attendant Nadeau ne fait pas bon marché de la poésie… À l’occasion du Marché de la poésie (7-11 juin, place Saint-Sulpice, Paris, 6e arr.) il ne consacre pas moins de sept articles à des poètes dans ce numéro 34, autour d’un entretien de Gérard Noiret avec Bernard Chambaz (retenu par Médiapart), où il est question de deuil et de soleil.

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« Qui dit soleil, dit nuages, ombres, pénombre, etc. » On dit « grand soleil, on ne dit pas petit soleil, c’est dommage ».

Pour sa part, Marie Étienne met en lumière le « malicieux conteur-poète » qu’est Emmanuel Moses tandis que Maurice Mourier s’enthousiasme pour l’œuvre singulière de Tristan Felix, qui sait engager un « dialogue affectueux (…), presque une berceuse, avec des fœtus difformes » « à qui il n’a pas été donné la chance d’être ». » Suzanne Allaire célèbre, à l’inverse, « la parole vive, libre, souvent familière et parfois crue » de l’Américain Jim Harrison, « où se lit (…) tout un monde intérieur, peuplé de vastes espaces, de nuits claires, de présences vivantes ». Cécile Dutheil nous dévoile tout sur la « boîte à fantômes », la vak spectra énigmatique et fantasmatique de Suzanne Doppelt.

Jean-Luc Tiesset salue la force du lyrisme de la Berlinoise Gertrud Kolmar, la cousine de Walter Benjamin, et « la charge visionnaire de certains vers qui donnent la troublante impression qu’elle eut la prémonition du sort qu’on lui réservait » à Auschwitz. Deux mots, selon Norbert Czarny, résument par ailleurs le parcours de Władysław Szlengel : Varsovie et Treblinka. L’auteur de Ce que je lisais aux morts a été l’une des figures du Varsovie d’avant-guerre ; il est mort assassiné dans le ghetto en mai 1943. Ses « poèmes-documents » sont ses « mémoires du fond de l’enfer ».

Autre lecture éprouvante : Jean-Yves Potel revient (dans un article réservé par Mediapart) sur deux épisodes particulièrement honteux de la France de Vichy : les dénonciations de juifs sous l’Occupation et le Service du travail obligatoire, qui a envoyé  600 000 travailleurs en Allemagne. Avec le STO, le régime a trahi sa jeunesse pour finalement contribuer indirectement à la Résistance : le Maquis est devenu « un enfant non voulu du STO. »

Cette histoire nous obsède, doit nous obséder, et Tiphaine Samoyault rappelle dans l’article informé qu’elle consacre aux œuvres de Georges Perec dans la Pléiade – poète lui aussi, à sa manière – que ses jeux de langage, qui sont tout sauf gratuits, sont comme hantés par la disparition, celle des parents, de la famille, de tous les autres, d’« Eux », d’« e », véritable blessure au cœur de l’œuvre découverte par Maurice Nadeau avec Les Choses.

Signalons enfin que le critique d’art Yves Peyré réclame que vienne à Paris l’importante rétrospective que le musée de Düsseldorf consacre à l’artiste belge (donc surréaliste) Marcel Broodhaers (1924-1976).
J. L., 7 juin 2017

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