Littérature française
Entretien avec Mathieu Brosseau
Entre poésie et roman, l’œuvre de Mathieu Brosseau questionne le langage, son rapport au corps ou encore au mouvement, et nous invite à nous perdre, dans un rythme, un flux, un monde possible…
Judith Brouste, L’enfance future, Gallimard
L’enfance future de Judith Brouste est un livre à la forme atypique, qui s’empare des procédés du roman pour esquisser une biographie.
Claire Fourier, Tombeau pour Damiens - La journée sera rude, Les édition du Canoë
Ceci n’est ni une biographie historique, encore moins une biographie romancée. Tombeau pour Damiens est un chant épique sur le dernier homme écartelé en place publique en France, en 1757.
Jacques Josse, Débarqué, La contre-allée
Le père de Jacques Josse était un « marin en terre ». Victime d’une encéphalite mal soignée, il ne contempla jamais le grand large mais passa sa vie à « monter à bord des bateaux qui étaient amarrés dans sa tête ».
Géraldine Kosiak, Chez nous, Grasset
Chez nous, c’est un peu Je me souviens de Brainard/Perec au pays de Depardon. Une mémoire intime et familière que l’oreille saisit au vol, une photographie banale et belle des us, coutumes et mœurs d’un pays en voie de disparition.
Édouard Louis, Qui a tué mon père, Seuil
Depuis En finir avec Eddy Bellegueule, Édouard Louis explore la violence du monde où il a passé son enfance. Son troisième livre restitue avec une colère implacable la part de silence, de contradiction, d’absence d’un homme à « l’existence négative ». Mais convainc moins lorsqu’il devient un objet de discours sur l’exploitation, la domination, l’exclusion du pouvoir.
Dominique Sigaud, Dans nos langues, Verdier
Comment se construit la langue, et comment se construit-on avec elle ? À l'image de cet objet d'étude, le récit autobiographique de Dominique Sigaud touche à l'individuel, voire à l'intime, autant qu'au collectif.
Littérature étrangère
Lászlό Krasznahorkai, Seiebo est descendue sur terre, Cambourakis
Lire Krasznahorkai, c’est accepter la désorientation. C’est à cette expérience qu’invite Linda Lê en nous entraînant dans l’univers de l’un des écrivains européens les plus stimulants.
Ossip Mandelstam, Œuvres poétiques & Œuvres en prose, Le Bruit du temps
L’œuvre de Mandelstam projette dans l'espace et le temps des architectures arachnéennes où tout se répond, se correspond, et apparaît toujours inattendu. Jean-Claude Schneider en a traduit la quasi-totalité, éditée en deux volumes.
Sa‘dī, Le jardin des roses et des fruits, Phébus
Ouverture de l’éthique vers un au-delà de l’éthique, économie du don et de la dépense, faiblesse de la structuration politique, mais puissance de la parole qui enseigne, édifie, réprimande : en lisant Sa‘dī, on saisit quelque chose de la civilisation de nos intrigants voisins.
Essais
René de Ceccatty, Elsa Morante, une vie pour la littérature, Tallandier
Après avoir consacré des biographies à Pasolini et Moravia, René de Ceccatty se plonge dans la vie et l’œuvre d’Elsa Morante. Il nous fait redécouvrir, avec un art du détail et de l’analyse remarquable, une génération d’écrivains et la richesse des milieux littéraires italiens de l’époque.
Marco Martella, Un petit monde, un monde parfait, Poesis
Poète et jardinier, Marco Martella évoque des jardins qui lui sont chers, tantôt célèbres, tantôt confidentiels. On chemine avec lui, au gré de ces lieux qui nous apportent une « subversion particulière, une dissidence, une voix discordante ».
Toni Morrison, L’origine des autres, Christian Bourgois
L’origine des autres rassemble des conférences que Toni Morrison a données à Harvard en 2016. Elle y poursuit des réflexions sur la « construction » du Noir aux États-Unis et aborde plus généralement « l’obsession de la couleur » ou la crainte de « l’Altérité » dans les sociétés humaines.
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Histoire
André Delpuech, Christine Laurière & Carine Peltier-Caroff (dir.), Les années folles de l’ethnographie, Trocadéro 28-37, Publications scientifiques du Muséum d’Histoire Naturelle
Entre 1928 et 1937, le vieux Musée d’Ethnographie du Trocadéro (MET) connaît une véritable révolution. Paul Rivet et Georges-Henri Rivière produisent l’une des plus étonnante aventure muséale et ethnographique du XXe siècle en France. Un ouvrage collectif retrace ce moment d’apogée d’une discipline, alors même que l’ethnologie n’en était alors qu’à ses débuts sur le plan de la reconnaissance scientifique et universitaire.
Thibault Le Texier, Histoire d’un mensonge. Enquête sur l’expérience de Stanford, Zones
Professeur à Stanford, Philipp Zimbardo a organisé une célèbre expérience dans les années 70 en attribuant à 22 étudiants des rôles de surveillants et de prisonniers dans l’un des couloirs de l’université californienne. Thibault Le Texier reconstitue très minutieusement les minuscules et déterminantes interventions qui transforment un travail scientifique en une supercherie.
Joël Michel, Colonies de peuplement, Afrique XIXe -XXe siècle, CNRS
L’étude de Joël Michel est déjà un classique, riche de savoir et d’une réflexion patiente, nourrie de travaux qui se sont multipliés. Elle porte avant tout sur le colon, produit d’une sous-capitalisation aux conséquences ravageuses.
Philosophie
Alain Boyer, Apologie de Rawls, PUF
On a pu parler de Theory of Justice comme d’une cathédrale argumentative. L’Apologie de Rawls qu’entreprend Alain Boyer, l’érudition qu’il y déploie, l’exhaustivité de son savoir, son style alerte et mordant, est assurément à la hauteur du grand philosophe américain.
François Jullien, Si près, tout autre, Grasset, Ressources du christianisme, L’Herne & Cahier de L’Herne : François Jullien, L’Herne
Dès l’École normale, l’helléniste François Jullien est parti en Chine pour apprendre à « déranger » la pensée occidentale, pour opérer un décentrement qu’il n’osait pas encore appeler une déconstruction. Tandis qu’un Cahier de l’Herne lui est consacré, sans croyance, sans dogme, sans préalable, c’est avec le christianisme qu’il tente de dégager une pensée de « l’ex-istence ».
Christian Laval, Foucault, Bourdieu et la question néolibérale, La Découverte
Sous l'angle des rapports qu'entretinrent Bourdieu et Foucault avec la question néolibérale, Christian Laval propose ici, dans le prolongement de ses travaux sur Marx et Bentham, une confrontation salutaire de ces deux pensées majeures du temps présent. Son livre, d’une démarche théorique rigoureuse, libère des préjugés qu'on leur accole trop souvent.
Psychanalyse
Nunc n° 44 : Lou Andreas-Salomé, Du charnel au spirituel
La revue Nunc propose un brillant dossier traitant des différents aspects de l’œuvre et de la vie de celle qui occupera, pour Freud, la place « d’interlocutrice privilégiée ».
Cinéma
L’île aux chiens de Wes Anderson
Quand un philosophe qui préfère les chiens va voir le dernier long-métrage de Wes Anderson, cela donne une lecture savante et légère du film d’un cinéaste qui, au-delà de la virtuosité d’une forme plastique, s’emploie à inventer un espace moral.
Théâtre
Patrice Chéreau, Journal de travail, tome I, 1963-1968, Actes Sud
Le premier volume des carnets de travail de Patrice Chéreau inaugure une série de six volumes qui couvriront l’intégralité de sa carrière théâtrale exceptionnelle. On y découvre un jeune homme passionné, étonnamment lucide. Tout semble déjà là : sa conviction du lien qui existe entre politique et esthétique, son perfectionnisme obsessionnel et son travail avec les acteurs.
Frank Wedekind, L’éveil du printemps, mise en scène de Clément Hervieu-Léger, Comédie-Française, salle Richelieu, en alternance, jusqu’au 8 juillet.
L’éveil du printemps entre au répertoire de la Comédie-Française dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger, qui essaye avec cette pièce, interdite pour pornographie en 1891, de prolonger un dialogue amorcé il y a quinze ans avec Patrice Chéreau.
Arts plastiques
Käthe Kollwitz, Journal, 1908-1943, L’Atelier contemporain
Le journal de Käthe Kollwitz vient d’être traduit. Admirée pour ses œuvres, elle était respectée en Allemagne comme à l’étranger où on voyait en elle « l’artiste de la Révolution et du prolétariat » et une opposante farouche à la guerre.
« Guernica », Musée national Picasso-Paris, du 27 mars au 29 juillet 2018
Guernica est sans doute le plus célèbre tableau de Picasso. L’exposition qui se tient au Musée Picasso nous plonge dans sa genèse, mais, plus encore, nous invite à une lucidité devant les horreurs du monde contemporain.
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