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Billet de blog 9 janvier 2018

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Sommaire du numéro 47

Lénigme de la littérature s’impose ici peut-être avec le plus de force avec un ouvrage grand public, une « biographie » d’Homère par Pierre Judet de La Combe (Folio, Gallimard).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Littérature française

Nathalie Azoulai, Les spectateurs, POL
Après le succès de Titus n’aimait pas Bérénice, le nouveau roman de Nathalie Azoulai, Les spectateurs, déroute par la distance qui s’y instaure avec le récit. Conçu autour de la conférence de presse que le général de Gaulle donne le 27 novembre 1967, il brasse les destins de personnages-spectateurs qui se définissent, par diffraction, autour  de cet événement et des associations qu’il rend possible. Un récit virtuose qui interroge les formes de l’exil.

Nicole Belmont, Petit-Poucet rêveur, la poésie des contes merveilleux, José Corti
De Poétique du conte à Sous la cendre, Nicole Belmont, ethnographe, collecte des formes orales avant qu’elles ne disparaissent, en interroge les principes narratifs, en propose une lecture savante, les inscrit dans des réseaux culturels, y trouve des correspondances et des variantes. Son Petit-Poucet rêveur continue cette entreprise passionnante et ardue, qui veut, au-delà de la poésie des contes eux-mêmes, défendre des formes mésestimées.

André Breton, Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia, 1919-1924 & Europe n°1061-62
Alors que Gilbert Lascault se passionne pour l’exposition Dada Africa à L’Orangerie, Alain Joubert lit avec précision les lettres, enfin croisées, que Breton échangeât avec Tzara, puis Picabia, au début des années vingt. Il ajoute à ces commentaires précis de fin connaisseur, une lecture du dossier que la revue Europe consacre à Tristan Tzara et insiste sur sa période surréaliste, la plus riche du point de vue poétique.

Arthur Cahn, Les vacances du petit Renard, Seuil
Les vacances du petit Renard, le premier roman d’Arthur Cahn est une réussite. En dépassant la provocation dans laquelle il aurait pu se complaire, ce jeune écrivain fait le choix d’une littérature qui se pense elle-même, interroge ses moyens propres et remet au centre la nécessité de toujours repenser la place de la fiction dans nos vies.

Mathieu Lindon, Rages de chêne, rages de roseau, POL
Rages de chêne, rages de roseau traite directement des (im)puissances de la littérature, de celle qui nous invite à changer parce que “le monde ne convient pas”. Mathieu Lindon se sert des fables, des grands récits (Moby Dick) et des paradoxes.

Eric Marty, L’Invasion du désert, Manucius
L’écrivain et essayiste Éric Marty publie un court récit dans lequel son texte dialogue avec de belles photographies en noir et blanc de Jean-Jacques Gonzalez. Les images, chemins de pierre ouverts sur un pur espace, esquissent un désert insituable qui sert ici de cadre à la fiction imaginée par Marty, l’écriture et le geste photographique se redoublant sans jamais se recouvrir complètement.

Théodore Monod, Méharées et autres textes, Actes Sud
Durant sept décennies, Théodore Monod a arpenté le Sahara pour construire un savoir encyclopédique du désert. Si son œuvre touche autant à la botanique qu’à l’ethnologie, on pourra lire cette ample anthologie qui rassemble, autour de Méharées, un ensemble riche de ses textes littéraires dans lesquels il regarde le Sahara « de plus près, au ras du sol ».

Christine Montalbetti, Trouville Casino, POL
En 2011, un homme de 75 ans braque un casino et se sauve. Voici la trame minimaliste de Trouville Casino. Tout le récit se déroule dans les 2h et 44 minutes de cette fuite, faisant coïncider la lecture et la fiction. A partir de là, Christine Montalbetti se joue de tous les possibles, du lecteur, l’apostrophant souvent, des codes du polar, mais surtout, elle s’interroge sur le désir de violence.

Bruno Pellegrino, Là-bas, Zoé
Là-bas de Bruno Pellegrino n’est pas que le portrait de Gustave Roud, poète suisse disparu en 1976. S’il retrace son parcours,  l’écrivain se glisse dans son écriture, en éclaire des parts, en célèbre la « modestie grandiose », il dresse, à égalité, le portrait de sa sœur, Madeleine, qu’il a photographié toute sa vie.  Ce texte, d’une grande poésie a « la beauté, dont l’évidence ressemble à celles des plantes, des paysages aimés ».

Alexandre Seurat, Un funambule, Le Rouergue
Un funambule d’Alexandre Seurat, auteur remarqué de La maladroite en 2015, décrit un homme qui se tient, seul, sur le fil, au bord du vide. Comme dans ses livres précédents, l’écriture acrobatique, précise, instille dans ce récit très bref d’un homme et d’un monde fragiles une force onirique qui produit une tension effarante.

Littérature étrangère

John Banville, La guitare bleue, Robert Laffont
Un peintre qui ne peint plus, un adultère, l’amour, la mort… Les sujets du nouveau roman de John Banville pourraient sembler bien triviaux et rebattus. Mais ce serait ne pas compter sur la virtuosité de l’écrivain, sur sa capacité à transfigurer le réel le plus plat. Car le véritable sujet de ce roman ce n’est pas l’histoire qui semble s’y déployer, c’est celle de l’écriture elle-même.

Liu Cixin, La forêt sombre, Actes Sud & Jeff VanderMeer, La trilogie du rempart sud, t.2, Au diable Vauvert
Les livres de Liu Cixin et de Jeff VanderMeer se lisent d’une manière particulière, comme suspendue. Deuxièmes tomes de trilogies, parus presque simultanément, leurs romans semblent étirer le temps pour mieux exprimer les angoisses et les menaces qui hantent ces œuvres de science-fiction.

Hommage à Aharon Appelfeld
Il y avait Primo Levi, Imre Kertesz et Aharon Appelfeld. Trois histoires, trois regards, trois voix. Levi était l’adulte, témoin minutieux d’Auschwitz, Kertesz l’adolescent qui avait brusquement basculé dans le chaos du camp, Appelfeld était l’enfant.

Niviaq Korneliussen, Homo Sapienne, La Peuplade
Ecrit en kalaallisut, puis en danois, le premier roman de Niviaq Korneliussen va à rebours de tous les clichés que nous pourrions nous faire d’un roman groenlandais. Faisant fi des grands espaces d’une blancheur immaculée, de la nature sauvage, Homo Sapienne frappe par son ancrage contemporain. C’est un récit polyphonique, débordant d’énergie, une quête identitaire qui va bien au-delà d’un questionnement sur la sexualité.

Wallace Stegner, L’envers du temps, Gallmeister
Moins célèbre que La montagne en sucre, Angle d’équilibre ou La vie obstinée, L’envers du temps est l’un des ouvrages les plus autobiographiques de Wallace Stegner. En racontant le retour d’un diplomate américain, quarante-cinq ans après, à Salt Lake City, ville de son enfance, il ausculte les sentiments de nostalgie et questionne ses racines, leur poids, et la nécessité de s’exiler de ses lieux fondateurs.

Regina Ullmann, La route de campagne, Circé
Admirées par Rainer Maria Rilke, Robert Musil et Hermann Hesse, les nouvelles de la suissesse Regina Ullmann étaient tombées dans un semi oubli. La route de campagne, publié en 1921, paraît en français après avoir été remis en lumière récemment dans le monde germanique et permettra de découvrir la complexité de son existence et la cohérence de ce recueil de nouvelles.

Illustration 1
© Rockwell Kent

Poésie

Charles Dobzynski, Je est un Juif, roman, Gallimard, & Ma mère, etc., roman, Orizons
Par la poésie, Charles Dobzinski interroge sa vie, ses rencontres, son passé, son identité. Lui que se dit « né juif / en coup de vent » embrasse son existence, la figure de sa mère, son rapport à l’écriture pour dire une identité informulable qui le poursuit et qui ne peut se penser que comme une mosaïque hétérogène que seul le langage poétique peut réconcilier.

Charles Reznikoff, Holocauste, Unes
Publié un an avant sa disparition, en 1979, Holocauste de Charles Reznikoff s’est imposé comme un texte poétique majeur. C’est une bonne raison de le republier, après celle d’Auxeméry, dans une traduction d’André Markowicz qui lui donne son souffle. Mais cette lecture est l’occasion pour Odile Hunoult de nous rappeler la richesse et la complexité des liens entre poème et sacré et sur ce qui se joue d’essentiel dans la répétition.

Essais

Barbara Cassin et Nicolas Ducimetière (dir), Les routes de la traduction / Babel à Genève, Fondation Bodmer
Les routes de la traduction / Babel à Genève, le livre, superbement illustré, que dirigent Barbara Cassin et Nicolas Ducimetière accompagne l’exposition éponyme à la Fondation Bodmer. Dans la droite ligne du Vocabulaire des philosophies européennes, il s’y déploie une pensée riche de la traduction qui pense la circulation des œuvres dans le temps comme dans l’espace et la propagation des idées et des formes.

Déflagrations – Dessins d’enfants, guerres d’adultes, Éditions Anamosa
Coordonné par Zérane S. Girardeau, cet ouvrage rassemble un corpus de 154 dessins d’enfants, retraçant un siècle de conflits, de la Première Guerre mondiale à la guerre en Syrie. Cet article a d’abord été publié sur notre blog

Adelwahab Meddeb, Le temps des inconciliables, Seuil
Les rapports entre la religion et le politique sont essentiels pour comprendre notre monde et son histoire. Le Temps des inconciliables qui rassemble des chroniques d’Adelwahab Meddeb, disparu il y a trois ans, revient sur des enjeux qui hystérisent notre rapport contemporain à l’islam alors que les questions se posent plus globalement, dans une relation permanente qu’il s’attache toujours à explorer.

Histoire

Jacques-Olivier Boudon, Le plancher de Joachim, Belin
Lors de la restauration d’un château, on a découvert à l’envers d’un vieux plancher un long texte écrit par un charpentier de la deuxième moitié du XIXe siècle. Depuis cette surprenante confession, Jacques-Olivier Boudon interroge la nature de l’archive, nous plonge dans l’histoire « saisie par dessous », nous en révèle une autre version et remet en question nos savoirs en même temps que notre imagination du réel.

Pierre Judet de La Combe, Homère, Folio
Pierre Judet de La Combe, grand helléniste, explore un mythe poétique ancien, une figure d’auteur complexe. Il en étudie les paradoxes et les contrastes, la concevant comme accueillante, ouverte, universelle. L’est-elle vraiment ? Peut-être nous faut-il inventer d’autres moyens de transmettre et partager l’œuvre que de la concevoir de manière aussi univoque ?

Philosophie

Jacob Rogozinski, Djihadisme : le retour du sacrifice, Desclée de Brouwerm
Un nouveau spectre hante l’Occident : le terrorisme islamiste. Toutes les sciences sociales sont mobilisées pour comprendre ce phénomène. Jacob Rogozinski, qui avait déjà écrit sur le thème de la terreur, le lit à la lumière d’un cadre de lecture proche de ceux de Deleuze et de Foucault. Djihadisme : le retour du sacrifice obéit à un impératif simple et rigoureux : prendre les acteurs du terrorisme au sérieux dans ce que révèle ce qu’ils disent et font.

Arts

Dada Africa, Musée de l’Orangerie, 18 octobre 2017-19 février  2018
Après nous avoir parlé de l’influence des arts premiers sur l’œuvre de Pablo Picasso, Gilbert Lascault nous rappelle leur importance dans la démarche du mouvement Dada au tournant de la Première Guerre mondiale. À l’occasion de l’exposition Dada Africa au musée de l’Orangerie, il dresse le portrait d’une « bande » provocatrice, qui défend un art ouvert sur le monde, inventif, révolutionnaire.

Georg Kaiser, Un jour en octobre, Théâtre de l’Atalante

Avec sa mise en scène d’Un jour en octobre (Oktobertag), au théâtre de l’Atalante, Agathe Alexis contribue à faire redécouvrir un grand auteur, Georg Kaiser, un temps oublié.

Chroniques

Suspense (15) : Eva Dolan, Les chemins de la haine, Liana Levi
Alors que des immigrés d’Europe de l’Est sont victimes de crimes haineux, deux policiers, eux-mêmes issus de l’immigration récente, mènent l’enquête. À l’instar des Meurtriers sans visage d’Henning Mankell, le premier roman policier d’Eva Dolan entremêle à une intrigue policière la question urgente des migrations illégales et de l’exploitation industrielle de la misère des réfugiés.

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