En 1945, c’est toutes les valeurs du monde actuel qu’il faut affirmer pour refonder la communauté : cartographier à neuf, nommer les tendances, proposer des bornes et donner des indices. Nadeau s’y emploie en définissant des territoires, en reconnaissant des modèles et en allumant des feux. La lecture de ses textes est vivifiante parce que ceux-ci continuent de proposer des repères pour notre temps. Et on reste surpris en les lisant de la justesse et de la clairvoyance des propositions et des choix.
Par temps difficiles, se tourner vers le grand mythe du naufragé, ce n’est pas seulement se réfugier dans l’île déserte de la lecture, mais réfléchir aux ambiguïtés politiques d’une utopie qui fait faillite : la réédition en Pléiade de Robinson Crusoé invite à le faire. Un autre mythe à reprendre, à la faveur de l’exposition-rétrospective Sergio Leone à la Cinémathèque de Bercy : celui de l’Ouest et de la frontière, que le cinéaste conduit vers ses formes crépusculaires en déportant l’imaginaire de l’aventure dans le contexte de la décolonisation et de l’anti-impérialisme des années 1960-1970.
Par temps de fêtes, on peut offrir des livres et s’en faire offrir : notre sélection est ouverte puisqu’elle va de la retraduction du chef-d’œuvre de Clarice Lispector, Água Viva à l’édition d’un livre retrouvé de l’auteur de La Leçon d’allemand, Siegfried Lenz ; de la passionnante aventure de Michel Pastoureau dans l’imaginaire des loups aux archives inédites de Françoise Dolto ; d’un roman traduit du thaï, Sur le Mont Mitaké, de Sîbourapâ, aux récits secrets de Pierre-Albert Jourdan.
En vous souhaitant de bonnes fêtes, nous vous adressons de belles lectures. Et rendez-vous dès le 2 janvier 2019, avec le numéro 70 de notre journal.
T. S., 19 décembre 2018
Agrandissement : Illustration 1