Puis, plus récemment, en la pratiquant de façon douce et non spectaculaire, dans de petites autobiographies fragmentaires tellement drôles qu’elles nous invitaient à relire autrement l’ensemble de son grand jeu de construction théorique. Jacques Neefs revient sur cet entrelacs de la critique et de la théorie, de la théorie et de la pratique, en rendant hommage à la formidable inventivité et à la cohérence de l’œuvre. Jean-Louis Tissier en retrace le déroulé chronologique, de la fondation de la narratologie à la facétieuse ethnologie de soi. Lucile Dumont centre sa réflexion sur l’aventure collective de la revue Poétique et la collection qui lui est associée aux Éditions du Seuil. Il n’en fallait pas moins pour saluer cet inventeur influent, ce maître paradoxal, en retrait des modes et des bruyants débats intellectuels mais qui met de la rigueur dans l’indépendance, et du jeu dans la science : leçons vivantes.
Les scientifiques ont toujours, à côté de leurs ouvrages savants, un « autre livre » secret, qu’ils donnent à lire ou non, comme l’a montré Vincent Debaene à propos des anthropologues. C’était le cas pour Genette, c’est aussi celui de Nathalie Heinich qui, avec Une histoire de France cherche à donner sens et substance à une archive familiale qui attendait son récit.
Les idées fortes sont à jamais comme les fantômes, elles reviennent hanter le temps présent. L’exposition sur les fantômes d’Asie, qu’on peut voir jusqu’en juillet au musée du quai Branly, rassemble les visions des enfers et les multiples activités des esprits telles qu’elles sont représentées dans les principales traditions bouddhiques : des peintures sur soie au jeu vidéo, en passant par l’estampe, la sculptures et le cinéma, ces images plongent le visiteur dans des atmosphères inquiétantes, souvent dépaysantes mais parfois familières aussi.
Jean Lacoste est entraîné avec Hanns Zischler dans de nouvelles déambulations urbaines. Éric Loret revient sur l’énigme Hélène Bessette, auteure qui, malgré le culte que lui vouent certains, continue à être « méconnue » et tente de comprendre les raisons d’un insuccès littéraire. Nous vous donnons d’autres rendez-vous au fil de la quinzaine : pour du suspense avec John Le Carré, de la poésie avec Jean Pérol, de la philosophie avec Giorgio Agamben.
T. S., 23 mai 2018
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