Littérature française
Christine Angot, Un tournant de la vie, Flammarion
À travers l’histoire d’un retour amoureux, le nouveau roman de Christine Angot explore avec minutie la machine du langage mise en route par le désir. Un tournant de la vie est servi par un grand sens du récit qui suit les péripéties du cœur, les échanges de mots qui les font exister.
Bruce Bégout, Le sauvetage, Fayard
Coup sur coup paraissent deux ouvrages consacrés à Edmund Husserl et au sauvetage de ses manuscrits en 1938. Le roman de Bruce Bégout raconte cette opération particulièrement périlleuse, organisée par un jeune franciscain, Herman van Breda, en pleine Allemagne nationale-socialiste.
Christophe Boltanski, Le guetteur, Stock
« J’aurais pu ne jamais savoir que ma mère écrivait » affirme Christophe Boltanski au début du Guetteur. Celle-ci, qui vient de mourir, a laissé en plan plusieurs projets de romans policiers dont le plus abouti se nomme La nuit du guetteur. Le journaliste croise dans une ego-enquête ces bribes d’écriture et le récit d’une jeunesse dissidente pendant la guerre d’Algérie.
Agnès Desarthe, La chance de leur vie, L’Olivier
C’est le campus d’une université américaine et c’est en apparence une situation idyllique : Hector a obtenu un poste en Caroline du Nord. Sylvie, son épouse et Lester leur fils, sont du séjour. Ce devrait être La chance de leur vie. Le titre du nouveau roman d’Agnès Desarthe relève de l’antiphrase, une des figures propres à l’ironie.
David Diop, Frère d’âme, Seuil
Au-delà de l’histoire de deux jeunes Sénégalais dans les vastes champs de massacre de la Première Guerre mondiale, le magistral roman de David Diop interroge : qui est homme, si un homme mutile, égorge et blasphème des corps en conscience et par volonté, c’est-à-dire en homme libre ?
Mark Greene, Federica Ber, Grasset
Dans son précédent livre, Mark Greene avait fait le portrait de Justo Gallego, qui s’était retrouvé, une nuit, suspendu sur la cathédrale qu’il bâtit seul dans la banlieue de Madrid. Federica Ber construit à partir d’ un couple d’architectes mort dans les hauteurs des Dolomites une fiction spéculative, irriguée par la présence d’une figure mystérieuse qui escalade les toits de Paris.
Michel Jullien, L’île aux troncs, Verdier
L’Île aux troncs, c’est Valaam, en Russie, qui a accueilli à partir de 1942 ceux qu’on appelait les samovars, ces anciens soldats sans jambes et sans bras qui encombraient les rues de Moscou. Michel Jullien en fait l’un des terrains d’aventures de deux héros fracassés par la guerre, amoureux d’une étoile, Natalia Mekline, connue pour ses exploits d’aviatrice.
Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main, Verticales
Paula a étudié à Bruxelles l’art du décor et du trompe-l’œil avec Kate et Jonas. Mais l’existence n’est heureusement pas une illusion et ils la vivent en passionnés. Le nouveau roman de Maylis de Kerangal raconte leurs débuts dans la vie.

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Cloé Korman, Midi, Seuil
Midi de Cloé Korman parle de la violence et invente une manière de l’exprimer. Puissant, lumineux, son troisième roman fait de la littérature le lieu d’un apaisement qui nous rend plus humains.
Nathalie Léger, La robe blanche, POL
Le nouveau récit de Nathalie Léger est aussi bref et intense que L’exposition et Supplément à la vie de Barbara Loden. Il ouvre une perspective qui relie ces trois textes et en fait un ensemble cohérent qui s’organise autour la figure de la mère de la narratrice.
Thomas B. Reverdy, L’année du mécontentement, Flammarion
Comme Les évaporés était japonais et Il était une ville de Detroit, L’année du mécontentement est un roman londonien. Thomas B. Reverdy raconte Candice en 1978. Elle étudie le rôle de Richard III dans un théâtre où Margaret Thatcher, qui s’apprête à prendre le pouvoir, suit des cours de diction.
Eric Richer, La rouille, L’Ogre
Le premier roman sauvage d’Éric Richer sonde avec fureur certains codes de l'identité masculine. Dans une société post-soviétique en proie à la misère sociale et intellectuelle, no woman's land partagé entre non-dits et rites initiatiques brutaux, Nói, quatorze ans, tente de vivre.
Elisa Shua Dusapin, Les billes du Pachinko, Zoé
Le deuxième récit d’Elisa Shua Dusapin est l’une des belles réussites de la rentrée littéraire. À contre-courant des modes, Les billes du Pachinko amplifie et radicalise des choix esthétiques et lui permet de penser l’identité, les langues et la littérature comme une étrangeté.
Lyonel Trouillot, Ne m’appelle pas capitaine, Actes Sud
Le romancier et poète haïtien Lyonel Trouillot fait résonner deux voix dissonantes, l’une portée par la rage des souvenirs, l’autre descendante d’une famille blanche et riche. Elles tissent un récit aux allures de roman policier, hanté par la violence et l’absence.
Philippe Vasset, Une vie en l’air, Fayard
Journaliste spécialisé dans le renseignement économique, Philippe Vasset fait une littérature qui explore ce qu’on pourrait appeler les souterrains du présent. Une vie en l’air n’enquête pas sur un objet dissimulé au regard, bien au contraire, mais, au cœur des plaines de la Beauce, sur l’aérotrain, structure de béton abandonnée sur dix-huit kilomètres de rase campagne.
Littérature étrangère
Nicole Krauss, Forêt obscure, L’Olivier
Forêt obscure, quatrième roman de Nicole Krauss, est un texte philosophique où les deux personnages principaux quittent chacun New York pour un voyage spirituel en Terre Sainte. En attendant Nadeau a pu s'entretenir avec l'auteure lors de son passage à Paris.
Emil Ferris, Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, livre premier, Monsieur Toussaint Louverture
Avec Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, roman graphique qui est aussi sa première œuvre publiée, Emil Ferris dynamite les conventions de la bande dessinée pour raconter deux histoires de femmes fortes dans le Chicago des sixties et le Berlin des années vingt et trente.
Lutz Seiler, Kruso, Verdier
Un jeune Allemand échoue sur une île de la Baltique rencontre Kruso, qui s’est donné pour mission de guider les naufragés vers les terres d’une liberté nouvelle. Un premier roman réellement fabuleux.
Frank Witzel, Comment un adolescent maniaco-dépressif inventa la fraction Armée rouge au cours de l’été 1969, Grasset
Près de mille pages, une chronologie discontinue virtuose, un élan narratif considérable, une invention formelle permanente, voici une fresque qui semble ne jamais vraiment choisir entre sérieux et loufoquerie.
Poésie
Odile Massé, L’Envol du guetteur, L’Atelier contemporain, Béatrice Bonhomme, Dialogue avec l’anonyme, Collodion & Franck André Jamme, L’apprenti dans le soleil, Isabelle Sauvage
Marie Étienne propose une sorte de journal de lectures poétiques qui s’arrête sur des textes récents et brosse les portraits de six poètes. L’occasion de découvrir des personnalités et des parcours singuliers.
Histoire
Diane Afoumado, Indésirables. 1938 : la Conférence d’Évian et les réfugiés juifs. Mémorial de la Shoah/Calmann-Lévy
Voici un livre qu’on attendait depuis longtemps : l’étude précise et documentée de la Conférence d’Évian qui s’est tenue en juillet 1938 et ferma les portes des démocraties aux réfugiés juifs. Un livre sur la diplomatie en action qui entre, hélas, en écho avec l’actualité.
Élisabeth Crouzet-Pavant et Jean-Claude Maire Vigueur, Décapitées. Trois femmes dans l'Italie de la Renaissance, Flammarion
Au tournant du XVe siècle, trois femmes nobles jugées pour adultères sont exécutées à l’initiative de leurs puissants époux : Agnese Visconti, Beatrice de Tende et Parisina Malatesta. Décapitées s’emploie à comprendre la complexité du rôle social et politique des femmes dans la société italienne de l’époque.
Politique
Claudia Moatti, Res publica. Histoire romaine de la chose publique, Fayard
Dans Res publica, Claudia Moatti conjugue analyse historico-politique et approche philosophique pour clarifier l’histoire politique de la république romaine et éclaire notre conception de la chose publique.
Psychanalyse
Caroline Eliacheff, Françoise Dolto : une journée particulière, Flammarion
Dolto avait des convictions mais jamais de certitudes. En quoi elle était bien, n’en déplaise à beaucoup, une analyste. La biographie de Caroline Eliacheff nous rappelle une Dolto dérangeante, rejetée, insultée et calomniée par une large partie du monde psychanalytique. Un livre vivant par sa sincérité, sa connaissance de l’œuvre et des détails d’une pratique innovante.
Chronique
Notre choix de revues (14)
Les revues ne sont pas des îlots. On peut les parcourir dans un mouvement de complément. C’est ainsi qu’on pourra lire le numéro très riche que Lignes consacre à Miguel Abensour en même temps qu’on se plongera dans la 74e livraison de Cités, qui interroge un Walter Benjamin politique.

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