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Billet de blog 25 octobre 2008

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Le retour de la terreur est-il à craindre ?

La Shoah dans l'histoire récente a été caractérisée par l’anéantissement de près de 6 millions de Juifs par les nazis, tout d’abord par les armes puis, de manière rapide, méthodique et industrielle dans les chambres à gaz : la « solution finale ». Précisons que, premièrement, les Juifs en tant que peuple ont été visés, ce qui caractérise le génocide, deuxièmement, l’antisémitisme avait gangrené toute l’Europe et que la France notamment a participé très activement aux déportations, troisièmement, d’autres groupes, 350 000 Sinti et Roms, des résistants, des opposants, des handicapés, des homosexuels et des prisonniers de guerre ont aussi subi le même sort.Ce génocide inspire une terreur singulière – sa vitesse, son ampleur, sa fin et ses moyens – alors, avec le recul, on se rassure en songeant au « Plus jamais ça !» d'après la Grande Guerre. On sait ce qu'il advint. Et maintenant ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La Shoah dans l'histoire récente a été caractérisée par l’anéantissement de près de 6 millions de Juifs par les nazis, tout d’abord par les armes puis, de manière rapide, méthodique et industrielle dans les chambres à gaz : la « solution finale ». Précisons que, premièrement, les Juifs en tant que peuple ont été visés, ce qui caractérise le génocide, deuxièmement, l’antisémitisme avait gangrené toute l’Europe et que la France notamment a participé très activement aux déportations, troisièmement, d’autres groupes, 350 000 Sinti et Roms, des résistants, des opposants, des handicapés, des homosexuels et des prisonniers de guerre ont aussi subi le même sort.

Ce génocide inspire une terreur singulière – sa vitesse, son ampleur, sa fin et ses moyens – alors, avec le recul, on se rassure en songeant au « Plus jamais ça !» d'après la Grande Guerre. On sait ce qu'il advint. Et maintenant ?

De l'inéluctabilité des massacres

De la terreur inexplicable : « Comment a-t-on pu accomplir pareil crime ? - Moi aussi je suis juif, nous sommes tous juifs ». Entendions-nous le bruit des wagons dans « la nuit et le brouillard » ? Il en va ainsi de tous les génocides : rien ni personne ne les arrête. Tout le monde sait, plus ou moins, mais l’horreur semble occultée du vivant par sa monstruosité même.

Comme si son caractère était inéluctable, fatal. A nos portes européennes, le massacre des 8 000 Bosniaques musulmans de Sebreniza en 1991 par les chrétiens Serbes, nous étions là et nous l’avons laissé faire faute d’un « mandat » de l’ONU. Comme nous avons laissé perpétrer celui des 800 000 Tutsis au Rwanda en 1990 et celui très actuel du Darfour perpétré par l’armée soudanaise et les milices Janjawids avec le soutien en équipement militaire de la Chine et qui aurait atteint 200 000 victimes depuis 1983 après les 500 000 de la guerre civile du Soudan des années 1955-1972.

Nous avons laissé s'opérer entre 1998 et 2003 les tueries de la guerre civile d’Afrique centrale ou de l’ouest : Congo, 4 500 000 morts de famine et d’épidémies, République Centrafricaine, Angola, Sierra Léone, Liberia, …

Que dire aussi de la guerre froide entre les deux blocs et qui engendra deux guerres dévastatrices ?

Le conflit indochinois entre 1959 et 1975 qui coûta la vie à environ 1 260 000 combattants et 4 400 00 civils vietnamiens de part et d’autre auxquels s’ajoutent les 58 000 soldats américains ?

Les 1 250 000 morts Afghans suite à la guerre de « civilisation » menée par les Soviétiques entre 1979 et 1989 contre les Moudjahidines, faisant aussi 14 000 morts dans l’Armée Rouge, conflit clé dans l’affaissement de l’URSS, suivie de la guerre civile entre les chefs de guerre et les Talibans et ses 1 million de morts essentiellement civils.

Le goût du sang, nous l’avons dans la bouche et il se trouve que l’homme aime ça, au moins dans certaines circonstances. Il ne s’agit pas de dresser une mémoire contre une autre mais plutôt de relever ce qu’elles rappellent chacune d’effroyable et d’insupportable. Que ce soit une guerre ou un génocide, l’une appelle l’autre. Dans le génocide, les victimes ne se défendent pas ou peu, elles cherchent à se cacher ou à fuir, si elles le peuvent. Dans la guerre, c'est l'équilbre de la terreur, comme entre l'Iran et l'Irak durant laquelle, parmi les 850 000 victimes, les enfants iraniens étaient envoyés au « paradis », comme il est beau et noble le martyr des autres, contre les orgues de Staline de Saddam Hussein. Ou bien il y a l'un qui écrase l’autre sans faire de distinction entre les combattants, les vieillards, les femmes et les enfants même si, parfois, il essaie au nom d'une étrange morale guerrière guidée au laser mais armée d'obus à l'uranium appauvri, de missiles, de bombes à fragmentations tuant aussi à retardement et durant des dizaines d'années, de bombes au phosphore consumant les chairs jusqu'à l'os et de bombes DIME qui tranchent les membres comme des rasoirs et causent à distance des hémorragies internes et la mort certaine dans d'atroces souffrances. Voici venir le temps des guerres technologiques, des drones, des hélicoptères et des avions, les massacres y sont des « missions » et les crimes des « cibles ». Avec ces explosions lointaines, les victimes disparaissent de la conscience. C'est la guerre joystick, la guerre chirurgicale. Les morts ne sont que des « dégats collatéraux » déshumanisés. Car pendant ou après la guerre, voici l'exode, les camps de réfugiés, la famine, les épidémies. N'oublions pas la responsabilité de la France au Biafra en 1968 avec de Gaulle à la manoeuvre : 2 millions de morts. C'est là qu'intervint l'humanitaire qui est devenu une politique. Une sale guerre et l'humanitaire pour en effacer les stigmates. L'humanitaire s'appuie sur la renonciation au parti pris et à l'analyse des causes qu'il permet d'escamoter. Quant aux cibles, c'était le diable, l'objectif, le pétrole. Le génocide a ses masques, la guerre a les mêmes.

De la singularité historique du génocide

Cela ne se serait jamais produit auparavant et ne peut plus se reproduire ? Pourtant, avant la Shoah, d’autres génocides ont eu lieu tout au long de l’histoire et donc celui-ci n’est pas unique, même s'il faut bien reconnaître que les totalitarismes nazis et staliniens ont pris des proportions infinies comme le soulignait Hannah Arendt dans "Les Origines du Totalitarisme".

Pour rester dans l’histoire récente : les Turcs massacrèrent 2 millions d’Arméniens en 1915 après en avoir déjà exterminé 200 000 entre 1894 et 1896, suite à une révolte. La politique de collectivisation des terres par Staline à partir de 1929 coûta la vie a environ 7 millions de paysans de l’U.R.S.S sans parler des grandes purges de 1937 et 1938 qui firent près de 9 millions de morts. C’est à cette époque que furent créés les sinistres goulags. Plus récemment encore, 2 millions de Cambodgiens soit la moitié de la population fut exterminée par Pol Pot et son régime entre 1975 et 1979. Hélas, tant d’autres massacres peuvent être cités 1.

Il ne faut certainement pas restreindre l’acception de génocide aux seuls massacres délibérés d’une nationalité, d’une ethnie ou d’un groupe religieux mais bien l’étendre aux massacres politiques et économiques car la motivation et la théorisation racistes autorisent en fin de compte tout exercice de domination totale par la violence d’un peuple sur un autre ou d’une partie de celui-ci sur une autre de ses parties. La raison est ailleurs mais souvent la confusion règne et on s'arrête au racisme, abject bien sûr.

Les émeutes pré-génocidaires qui eurent lieu récemment au Kenya sont ainsi éclairantes à cet égard. Elles furent présentées par les rédactions de presse réactionnaires comme des rivalités ethniques évidemment interprétées comme la manifestation d’une incompréhensible barbarie spécifiquement africaine alors qu’elles résultent de facteurs politiques et d’une injustice économique issue de la colonisation, les Kikuyus, soit le quart de la population, ayant hérité de l’emprise anglaise sur le pays au préjudice des autres ethnies.


De la sécurité et de la paix dans laquelle nous vivons

« Cela ne peut plus se reproduire, voyez l’entente des pays européens ». Le travail de mémoire et de reconnaissance historique des Allemands, accentué après les événements de 1968 a contribué à cette stabilisation. La paix européenne ininterrompue depuis 63 ans (c’est peu dans l’histoire) s’avère sans conteste notre plus grande chance depuis bien longtemps. Elle prouve au moins que des peuples apparemment irréconciliables et qui se sont combattus pendant des siècles peuvent se trouver grandis par la paix et la prospérité commune. Quelle espérance pour Israëliens et Palestiens par exemple, dont la durée de l’affrontement donne le vertige, presque plus que le nombre de morts même !

Cependant, qu'adviendrait-il de la paisible Europe en cas de montée des antagonismes entre le bloc sino-russe et les Etats-Unis pour le contrôle des matières premières et notamment le pétrole ? Que se passerait-il en cas d'agression de l'Iran par l'Amérique ?


Le racisme précède le génocide et le justifie

C'est ainsi que la question du pourquoi demeure : « si nous n’avons pas compris pourquoi, n’y a-t-il pas un risque que cela se reproduise ? ».

Voici ma thèse hélas banale : premièrement, les génocides ou les massacres de masse perpétrés à des occasions diverses s’appuient tous sur une légitimation raciste, deuxièmement, le génocide et tous les crimes contre l’humanité sont consubstantiels de l’histoire car ils ont participé au forgement des peuples dominants d’aujourd’hui, je n’oserai pas dire aux civilisations.

Le racisme se définit comme toute idée prétendant une supériorité procurée par le rôle supposé dans l'histoire, par l’évolution, par la religion ou par le développement économique d’un groupe « élu », ou se croyant comme tel, sur un autre.

Ce prétexte permet d'isoler un autre groupe, de le stigmatiser puis de justifier une toute puissance et les pires moyens : « comme colon blanc, je tue ou je fouette un Indien ou un Africain pour m’approprier sa terre ou sa force de travail car il n’est qu’un barbare», « je tue un koulak car il n’est qu’un débris de l’histoire que le prolétariat, l’avant-garde, doit écraser », « je tue un Juif car je suis convaincu qu'il me vole mes richesses et surtout qu'il n'a ni droit de cité ni encore moins droit à la parole », « je tue un non ou un mauvais Musulman selon une loi coranique que je veux imposer à tous pour mieux accaparer à mon tour le pouvoir et la richesse inaccessibles par la voie démocratique » , « je tue les Palestiniens parce que ces gens là seront toujours des fanatiques à manier à la poigne » etc. Je tue ou j’asservis tout ce qui semble faire obstacle à ma raison absolue. J'asservis puis je tue, oh sans le vouloir, pour le bien de l'humanité !


Les siècles de massacre, la reconnaissance et le pardon en prévention de la barbarie

La Shoah a constitué l'aboutissement apocalyptique des massacres coloniaux commencés par les Européens bien avant, au 15ème et 16ème siècles, quand les conquistadores pauvres partirent tout d’abord à l’assaut de l'Amérique du Sud et de l’Asie puis quand les colons envahirent l’Amérique du Nord en deux siècles du 16ème au 18ème.

Les millions d’Amérindiens, du Canada, des États-Unis et jusqu’au sud de l’Amérique, quasiment disparurent et notamment les Incas, les Aztèques, les Mayas, les Sioux... Leurs civilisations furent brisées et englouties à l’exception des Mapuches chiliens de Patagonie, qui essaient à grand peine de faire valoir leurs droits, mais sans épargner les Tehuelches argentins finalement massacrés en 1879. Les derniers Aónikenks du Sud de la Patagonie disparurent définitivement au siècle dernier, vaincus par les maladies et la destruction de leur mode de vie.

Deux cent mille Mayas d’Amérique centrale furent enfin tués par les milices guatémaltèques en 1982 dans le cadre de l’ « auto-défense » organisée par le pouvoir dictatorial mis en place par les U.S.A depuis 1954. La guerre civile au Guatemala ne prit fin qu’en 1996.

Parallèlement, l’exploitation africaine battait son plein avec le « commerce » depuis les ports de la côte et la traite de 20 millions de Noirs2 jusqu’au 19ème siècle, sans parler des razzias et des esclaves réduits sur place avec la colonisation du cœur de l'Afrique débutée à partir de 1880 par les Belges et plus précisément par Léopold II, roi dudit peuple et, accessoirement, « propriétaire » jusqu'en 1908 du Congo, de ses hommes, de son ivoire et surtout de son caoutchouc.

Quant à l'Asie orientale, sa colonisation intervint dès le 16ème siècle puis fut accélérée au 19ème et celle de l’Australie se déroula à partir de 1788 par les « déportés ». L'annexion du Tibet par la Chine : entre 1949 à 1979, des milliers de Tibétains ont été tués et ça continue de manière sporadique. Sans parler des éliminations éminemment racistes de Chinois perpétrées par les Japonais : le « viol de Nankin » et ses 200 000 anéantis en 1937 etc.

Par milliers, par millions, massacres, expropriations, déportations, exterminations méthodiques, travail forcé, esclavage, fouet aux récalcitrants, exécutions sommaires, endoctrinement religieux ou autre, répudiation des cultures autochtones, transmission de maladies : « s’ils tombent comme des mouches, c’est que l’histoire, sinon Dieu, les condamne »... Tout y est sauf les chambres à gaz.

La révolution française et les Lumières n’ont pas éclairé bien fort l’enrichissement des ports girondins et nantais et l’exploitation coloniale des Antilles. La Déclaration universelle des droits de l’homme ne valut pas et ne vaut pas pour tous, c’est une évidence encore criante aujourd’hui.

Ces hommes qui disparurent sous la violence occidentale n’étaient pas considérés comme des égaux mais comme des races inférieures vouées à la disparition qu’il s’agissait d’accélérer pour le bien de « l’humanité » sauf à les asservir dans le mi-temps et surtout si ces malheureux avaient la hardiesse de titiller notre autorité ou pire, de se rebeller.

Toute l’histoire moderne s’est construite sur ce postulat raciste et sur la terreur qui en a résulté.

Les excuses officielles présentées par l’Australie au peuple Aborigène et intervenues le 13 février 2008 constituent un nouveau cas louable et très important de reconnaissance.

Les Allemands le firent aussi pour la Shoah avec le Holocaust-Denkmal de Berlin inauguré en 2005 ou la reconnaissance en 2006 du massacre des Hereros en Namibie entre 1904 et 1911. La Roumanie confessa également en 2004 les crimes commis par les communistes. Plus avant, les commissions « Vérité et Réconciliation » des ex-dictatures d’Amérique du Sud ou d’Afrique du Sud permettent avec plus ou moins de réussite aux criminels et aux victimes de réapprendre à vivre ensemble.

En France, nous en sommes très loin puisque notre actuel président de la République affirme le 30 mars 2007 dans un discours de la campagne électorale des présidentielles à Nice « Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire.Elle n’a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'Homme et elle est le pays du monde qui s’est le plus battu pour la liberté…
Je veux dire que dans les colonies, tous les colons n'étaient pas des exploiteurs… »

Notre président prononce dans son discours à l’université de Dakar du 26 juillet 2007, « le paysan africain, …, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles » et « dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès » – le paysan africain soumis aux affres de la mondialisation et des désordres climatiques qu’il n’a pas créés appréciera. Thomas Sankara, l’ex-président visionnaire du Burkina Faso assassiné en 19873, doit se retourner dans sa tombe et avec lui tous les chantres d’un développement local des peuples africains disparus ou réprimés avec sinon la complicité du moins le silence accommodant et empressé de la France.

Toujours dans la même veine, l’assemblée nationale française révisionniste contaminée par l’extrême droite vote l’article 4 de la loi du 23 février 2005 sur les rapatriés d’Algérie et les Harkis affirmant le « rôle positif de la présence française » particulièrement « en Afrique du Nord », article heureusement aboli en 2006 grâce à Jacques Chirac.

Le président français balaie donc l’histoire de la guillotine aux guerres coloniales d’un revers de main lors de sa campagne électorale et au nom d’une repentance obsolète, prône « l’immigration choisie » et organise les expulsions brutales, la chasse cruelle, comptable et sans discernement aux immigrés sans-papiers. Cette politique manque de sens de l’histoire et rate un pacte original avec les Africains : celui d’une coopération accrue, sincère, fructueuse, honnête et enfin débarrassée de ses magouilles avec les « présidents à vie » et de ses louches interventions armées, celui d’une politique humaine, réaliste et non pas idéologique de l’immigration dont la pression ne cessera pas parce qu’elle représente une ressource vitale pour les pays en développement, officiellement 14 milliards de dollars pour l’Afrique en 2003 et peut être 2 fois et demi plus si les transferts officieux sont pris en compte, soit beaucoup plus que le total de l’aide venant des pays riches.

Seulement voilà, il est difficile de dénoncer les exactions et les crimes des dirigeants africains ou autres alors que nous n’avons pas reconnu les nôtres et que nous couvrons maintenant et depuis longtemps les leurs au nom des « intérêts supérieurs », c'est-à-dire celui des poches bien remplies. Il est plus facile pour la France de s'indigner crânement contre Robert Mugabe et sa sordide dictature qui a saigné le Zimbabwe, ex-colonie britannique que de se fâcher avec l'indétrônable Omar Bongo ou bien l'inaccessible Paul Biya régnant depuis son palais brumeux d'Etoudi. Ce n'est pas l'ex-ministre Jean-Marie Bockel qui dira le contraire.

Entre 1962 et 1964, l’armée camerounaise avec l'aide française a exterminé à la mitrailleuse une grande partie de la population révoltée des Bamilékés du Cameroun, 400 000 morts, sans doute plus si l’on compte les déplacés et déportés dans les sinistres camps de l'ouest du pays. La connaissance de ce génocide et de la technique de la « guerre révolutionnaire » de feu Pierre Messmer échappe sans doute à notre président de la République…

C’est pourquoi les quelques 100 morts dans les émeutes de février 2008 au Cameroun n’ont pas ému la France. La Françafrique de Total et Bolloré peut y prospérer tranquillement. Seule l'ambassade américaine semble s’indigner…

Un jour viendra sûrement où notre pays finira, dans un éclair de courageuse lucidité, par présenter ses excuses à l’Algérie pour les 600.0004 morts de la soi-disant « mission civilisatrice » de la France. Et la France dira aussi tous ses méfaits accomplis pendant la colonisation, notamment du continent noir, au sabre et à la mitraille.

Les peuples d’Afrique, c’est miracle qu’ils nous souffrent encore, nous qui nous empiffrons avec arrogance de leur pétrole, de leur or, de leur cuivre, de leur diamant, de leur uranium, de leur coltan, de leurs bananes, de leur cacao, de leur coton, de leur caoutchouc, de leurs bois, de leurs biens les plus précieux en ignorant la misère dans laquelle ils sont encore contenus ou en croyant qu'il s'agit de l'affaire des institutions internationales et des ONG qui parent au plus pressé (et encore), tout cela en minimisant, en niant même l’épouvante que ces peuples subirent 5.

Durant 4 siècles, des millions de Noirs furent déportés et réduits à l’esclavage. Les conséquences en sont encore déterminantes aujourd’hui. Les nier se serait aussi refuser la construction de notre destin par notre propre histoire, refuser de croire par exemple à l’impact de la révolution française de 1789, ce qui bien sûr est impossible.

Le racisme est encore au cœur du processus d'exploitation ou d'exclusion à l'échelle locale comme mondiale

En attendant, le racisme comme prétexte de l’exploitation, le racisme d’état perdure même s’il a perdu une partie de son aura, au moins dans le politiquement correct c'est-à-dire dans les apparences, pour mieux en escamoter les conséquences humaines, économiques, sociales et politiques.

Il n’est pas innocent que la France ait attendu 2006 pour se rappeler qu’au total, plus de 140 000 Africains furent mobilisés entre 1938 et 19456 et que, dans la période 1943 à 1945, l’armée française d’Afrique qui libéra le Maghreb puis participa à la libération du continent européen fut constitué à 40% de soldats maghrébins et de tirailleurs sénégalais soit 230 000 hommes environ. Ils furent vite oubliés et délaissés après la victoire ; les Pieds-noirs aussi d’ailleurs.

Le racisme se développa grandement avec les théories évolutionnistes darwiniennes nées au Royaume Uni et dont l'impérialisme britannique triomphant s’accommoda fort bien tandis que les guerres coloniales modernes connaissaient leur apogée au 19ème et 20ème siècle pour le plus grand profit de la France et du Royaume victorien principalement qui se partagèrent l’Afrique après la conférence de Berlin de 1885 puis d’autres territoires à l’occasion de l’Entente Cordiale7 de 1904 face à l’ennemi désormais commun : l’Allemagne.

A la suite de quoi, les nazis dotés d'une extraordinaire logique raciste tout à fait dans l’air du temps à cette époque (et donc largement partagée en Europe) n'ont fait que perfectionner cette haine mécanisée, bien visible et démontrable, en fin de compte après la guerre, dans toute son abjection8 tandis que d'autres, les Français, les Belges, les Anglais, les Italiens, les Hollandais, les Portugais, les Espagnols etc. avaient déjà accompli à la canonnière et au fouet leurs massacres et leurs conquêtes avec gloire, honneur et fortune dans la profondeur de la jungle, dans la brousse ou dans les dunes et surtout, sans témoin. A Nuremberg, nous avions donc le beau rôle.

La « grande guerre » ravageuse, la « der des der » et la révolution russe de 1917 annoncèrent la suite que peu virent poindre : la 2ème guerre mondiale, ses millions de morts et ses bombes atomiques. Elle marqua le déclin relatif de l'Europe au profit de l'Amérique, première puissance militaire. Pourtant les guerres coloniales et les grandes déflagrations mondiales avaient produit leurs effets durables sur le progrès scientifique et technique et sur le partage inéquitable des richesses du monde et permis la reconstruction rapide des puissances un instant à genoux, et ce malgré la décolonisation.

Celle-ci produisit ce qu’une vacance soudaine entraîne. Profitant de l’exaltation et de la ferveur d’une pseudo liberté, les potentats locaux plus ou moins pantins des anciens maîtres occupèrent les places encore chaudes de l’ancienne administration coloniale. Sauf exception démocratique ou révolutionnaire vite jugulée par un coup d'État militaire, ils poursuivirent, avec tricherie électorale et violences diverses mais souvent tragiques, l’exploitation oligarchique des richesses et le commerce rentier.

Cela s'accomplit le plus souvent au détriment des peuples spoliés et misérables avec la complicité des bourses des matières premières de Londres ou de New York et la concurrence déloyale et acharnée de nos économies riches dont les marchés sont protégés ou subventionnés.

Quand la dette crevait les plafonds, les remèdes drastiques néo-libéraux imposés par le FMI ont conduit de nombreux pays à la ruine en privilégiant l’insertion sans égard dans une économie mondialisée et brutale au détriment d’un développement local dans l’intérêt des peuples. On meurt de faim au Nigeria à coté des pipelines, on meurt de soif au bord du fleuve Niger. Dans l'espoir de meilleures infrastructures et de meilleurs services, les ruraux abandonnés s'en vont grossir les « townships » et tous les bidonvilles qui ne doivent leur survie qu'à l'économie informelle qui représente jusqu'à 70% de l'activité.

Connaissons-nous bien ce qu’il advint ou ce qui va se produire ? Rien n’est moins sûr. Les génocides de ces 30 ou 40 dernières années sont-ils bien expliqués ? Le « problème » africain en face du « miracle » asiatique ou sud-américain est-il bien analysé ?

Les maux précurseurs

Un grand nombre de maux dont souffrent nos sociétés aujourd’hui n’hérite-t-il pas des misères occasionnées aux peuples trop faibles hier pour contenir nos appétits ?

Voici un éclairage sur certains d'entre eux.

L'accroissement des inégalités Nord-Sud

L'écart de revenu entre les 20% de pays les plus riches et les 20% les plus pauvres est passé de 30 en 1960 à 76 en 19979 soit un accroissement spectaculaire de 250%.

A cela s'ajoute le partage inéquitable des territoires, de l'eau et de l'énergie, des infrastructures et des moyens de développement comme l'éducation et la santé et donc des chances pour le futur dont découle l'immigration tant honnie aujourd'hui et si voulue hier par la France : l’histoire des Polonais, des Italiens, des Portugais, des Maghrébins et des Africains qui ont participé à l’essor industriel puis à celui des services les plus pénibles et précaires, reste à marteler, et ça continue. Autrement dit, l'esclavage, bien sûr, a été aboli (encore qu'en Mauritanie ou dans certains pays du Golfe...) et les colonies, c'est fini. Mais la servitude et l'exploitation n'ont jamais sévi aussi impitoyablement pour assurer notre prospérité.


Les guerres de pourrissement

La Somalie, pays en paix fut-il jamais, pays instable depuis sa naissance en 1960 après sa colonisation par les Italiens au sud et par les Britanniques au nord et auparavant par les Turcs et les Égyptiens. La Somalie fut précipitée dans la guerre civile depuis le conflit de l’Ogaden en 1977 durant lequel la Russie facilita la déstabilisation du dictateur communiste Siad Barré après l’avoir soutenu pendant des années. Après plusieurs tentatives des Occidentaux (USA, 1992, Casques Bleus de l’ONU, 1995) qui exacerbèrent la guerre civile, le pays fut complètement livré à partir de 1995 aux chefs de guerre avides d’argent de la drogue et autres trafics et aussi cruels que les Moudjahidines afghans. L’arrivée des Tribunaux islamiques en 2006 faisait croire à la restauration d’un ordre soutenu un temps par l’Europe, c’est dire, vite balayé par l’armée éthiopienne avec le conseil américain.

Le retour du religieux dans la politique pour légitimer les guerres et la crise du capitalisme

Georges W. Bush a prôné la lutte du « bien contre le mal » à grand renfort de bombes à fragmentation alors même que l’Amérique en inexorable déclin face à la Chine et l’Inde devient plus mordante, l’Irak et ses centaines de milliers de victimes est là pour le rappeler à notre conscience.

Les extrémistes islamistes vengeurs qui vouent aux gémonies le « grand Satan » manipulent leurs kamikazes, exhibent leurs kalachnikovs fumantes, leurs tranchoirs sanglants ou réclament la lapidation prônée par la Charia au nom d'une pureté qui n'est qu'un asservissement moyenâgeux, un contrôle social policier, une négation des libertés individuelles, des droits des femmes et des minorités. Les Pachtouns pakistanais ou afghans et les autres sans eau ni électricité ne prennent-ils pas ce prétexte pour lever les armes tandis qu’ils enfouissent les femmes sous la burka ?

Les anciennes colonies se soulevèrent, mise à part Haïti l'avant-gardiste et ça lui a coûté très cher en or, lorsqu'elles eurent compris que leurs maîtres pouvaient aussi connaître les affres de l'exode, les bombardements et la misère. Le 11 septembre 2001 ne dit pas autre chose : c'est la fin. L'accélération financière phénoménale de la pompe à richesse américaine de ces dernières années illutre la frénésie de celui qui, inconsciemment, liquide le monde à toute vitesse, c'est le cas de le dire, pour amasser la plus égoïste des fortunes en prévention du grand effondrement.

La guerre militaire en Irak « sans risque » se devait d'être adoubée à tout prix sous de fallacieux prétextes. Cette guerre technologique annoncée depuis son porte avion « gagnée en trois semaines » par son porte voix nasillard, cette guerre et sa sinistre prison d'Abou Ghraïb, ce bourbier immoral n'aura été que le miroir de la même guerre financière menée à Wall Street avec les tout aussi fallacieux crédits sous-primes et leur transformation pareillement « sans risque » qui rapportait de gros et gras milliards rognés dans la poche des américains en plein rêve et endettés jusqu'à l'os. Le sacro saint dieu de la guerre et le sacro saint marché se tenant main dans la main au panthéon du si magique capitalisme néo-libéral chauffé à blanc.

La pollution généralisée et les atteintes à l'environnement

La destruction sauvage des autres espèces animales ou végétales n'est pas un simple avatar. Elle occasionne un préjudice irrémédiable à la nature toute entière et les humains les plus démunis ont aujourd’hui à en pâtir avant les autres tandis que leur terre disparaît sous les flots ou s’appauvrit sous un impitoyable soleil. N'a-t-on pas compris pourquoi Haïti est systématiquement dévastée par les inondations et la boue à chaque ouragan ?

Le cancer consumériste et financier qui nous ronge, nous ne voulons décidément pas en guérir puisque nous agissons avec la même irrationalité et le même aveuglement coupable que ceux du racisme : la domination brutale de quelques uns sur la multitude, la fin justifiant les moyens.

Les délocalisations de production en Asie et l'Asie à la conquète économique

Elles illustrent l'avidité transfrontière qui permet de repousser encore la limite de la baisse tendancielle des taux de profit des grands donneurs d'ordre industriels et de services car l'Occident ne peut plus s'appuyer sur le levier économique d'une immigration directe et massive de main d'œuvre. La Chine, sacrée usine du Monde, conquiert désormais l'Occident grâce à son réservoir intérieur d'ouvriers misérables et au crédit qu'elle octroie à l'Ouest ou aux investissements réalisés à l'étranger. Ainsi, la Chine dispute l'Afrique à l'Europe en y livrant clés en main avec des milliers d'ouvriers expatriés les ouvrages de la nouvelle infrastructure continentale sans créer un seul emploi local et l'Inde y nourrit également de grandes ambitions. L'Inde veut devenir la deuxième puissance mondiale à l'horizon 2020. Au nom de quoi et qui pourrait empêcher ces pays d'utiliser judicieusement les armes de conquête économique que nous avons forgées et si longtemps utilisées à notre profit exclusif ?

Mais à ce train là, les ressources mondiales vont finir par faire défaut.

Qui a dit que la terreur avait disparu ?

C’est celle d’actualité qu’il faut dénoncer et vaincre, de la discrimination la plus ordinaire, insidieuse et larvée aux violences de classe ou aux génocides et aux guerres les plus atroces qui perdurent avec l’inégalité mondiale entre les riches et les pauvres, d’une part, et, quotidiennement d’autre part, les bombes et les massacres, l’une n’étant pas dissociable des autres.

Qu’elles sont illusoires la fondation Gates ou la collecte de fonds de quelques grandes fortunes de ce monde par l’ex-président américain Bill Clinton dont la prétention à résoudre les problèmes de la planète n’a d’égal que le désordre mondial engendré par leur immense richesse.

Qu’il est triste de constater qu’en 2004, l'aide privée américaine (particuliers, ONG, fondations, universités, entreprises, groupes religieux, etc.) atteignait 71 milliards de dollars10 soit 3,6 fois plus que l'aide publique US de 19,7 milliards11 sur un total mondial de 78,1 milliards de dollars12 tandis que les transferts de fonds officiels des immigrés vers les mêmes pays s’élevait à 126 milliards de dollars13. A comparer aux quelques 600 milliards de dollars déjà dépensés par les Etats-Unis pour la guerre en Irak et au budget de l’armée américaine qui atteint 623 milliards de dollars14 en 2008 (+10,5% / 2007) soit près de 2 fois le budget total de la France.

Qu'il est inquiétant de constater que les dépenses militaires mondiales s'accélèrent fortement de +37% ces 10 dernières années pour atteindre la somme faramineuse de 1204 milliards de $ en 200715, au détriment des politiques de lutte contre la pauvreté, de formation et d'éducation, de santé, de développement profitable aux peuples démunis dont on sait que le coût annuel serait seulement de l'ordre de 600 milliards de $.

La mémoire de la Shoah est bien sûr essentielle à l'agitation de la conscience mais, à elle seule dans sa singularité même, elle reste insensée. En revanche, comme apogée terrible de l'histoire de l'esclavage et des conquêtes coloniales racistes, elle prend une dimension explicative extraordinaire qui permet de mieux en mesurer les conséquences actuelles. Il s'agit de comprendre le lien entre la déshumanisation de notre quotidien et les déséquilibres mondiaux. Tout se tient inextricablement : la discrimination à l'embauche, l'exploitation des sans-papiers, la chasse aux immigrés, la traque et le harcèlement des « cités de banlieue », les déséquilibres Nord-Sud, les inégalités criantes.

C'est pourquoi, il s'agit de dépasser les émois compassionnels, le repentir sans analyse ou la charité « humanitaire ». Il s'agit de parler de vérité, de justice et d'équité.

L’histoire parle surtout des guerres et glorifie particulièrement les grands conquérants et les tyrans, certains finissant même par être jugés, pas forcément les pires mais plutôt ceux qui gênent « l'air du temps » ou déjà ne comptent plus. Il est cependant notable d’observer que l’opinion évolue et croit de moins en moins à leurs vertus, la fin ne devant plus justifier les moyens. La fin elle-même étant injustifiable.

Alors il est temps de nous interroger sur notre aptitude à renoncer à la violence, sur notre capacité à la prévenir ou à l’endiguer sans se lancer incessamment dans de nouvelles guerres, annexions, massacres, vengeances.

Les efforts récents de l’Australie dans l’énoncé digne des vérités difficiles, s’ils étaient suivis sans ambages par toutes les nations oppressives, seraient sans nul doute un espoir pour extirper peu à peu le racisme, dénouer les entraves à la libre circulation des hommes – un apartheid mondial –, avancer vers une globalisation maîtrisée pour le bien commun dans le respect des peuples, y compris les moins nombreux, de leur culture et de leur originalité si précieuse, promouvoir une meilleure concorde entre les hommes si nécessaire pour une terre peuplée de 6 milliards d’êtres humains. C’est de cette histoire là, de cet authentique métissage dont parlaient Senghor et Césaire dont nous avons besoin.

Parlons-en sur tous les continents, à l’ONU, à la Banque Mondiale, au FMI, parlons-en à Bruxelles et en France avant que nos crédits sur le reste du monde ne valent plus rien, avant que nos politiques nous étouffent et nous condamnent à la disparition.

On ne peut pas, on ne devrait plus oser se dresser contre les génocides, les massacres, les guerres et la ruine écologique sans comprendre que leur source puise dans le racisme et les inégalités mondiales extrêmes l'énergie morbide et finalement suicidaire de leur reproduction sans fin, avec toute la puissance dévastatrice des armes modernes.

Car ne nous trompons pas, la même violence qui a pétri l’humanité jusqu’à présent accélère aujourd’hui sa perte. Les miradors réapparaîtront, le business des prisons et des centres de rétention privatisés fleurira, le rallye Paris-Dakar n’aura plus lieu, les touristes riches n’auront plus d’eldorados paisibles et ensoleillés à la périphérie de la misère ni de souks bon marché pour acheter des souvenirs. Il n’y aura pas de place pour tous sur une planète aux ressources rares et le vent mauvais des grandes exterminations pourrait bien de nouveau souffler.

Notes :

1cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide

2Chiffre difficile à établir avec précision.

3Il se pourrait, selon les proches de feu Thomas Sankara, que le chef de l'escadron de la mort ait été élevé au rang de chevalier de l’Ordre national de la légion d’honneur française, le 15 mai dernier – cf. http://www.thomassankara.net/article.php3?id_article=0592

4 Chiffre controversé

5cf. « Exterminez toutes ces brutes », Sven Lindqvist, 1998

6cf. http://www.manuscrit.com/Edito/Auteur/Pages/Marsroma_Aidara.asp

7« L’entente formidable » prononcée par le premier ministre Gordon Brown à la suite de la visite Outre-Manche le 28 mars 2008 de notre président Nicolas Sarkozy résonne cyniquement à nos oreilles attentives à l’histoire.

8cf. La Shoah, l'oeuvre magistrale de C. Lanzman

9 Rapport du PNUD, http://hdr.undp.org/en/media/hdr_1999_en.pdf

10 Hudson's Center for Science in Public Policy, 1/6/2006

11 OCDE Development Statistics Online, 2007

12 OCDE Development Statistics Online, 2007

13 Banque Mondiale

14 Pascal Boniface directeur de l'Institut de relations internationales, (www.iris-france.org), Libération, 19 février 2008

15« World military expenditure in 2006 is estimated to have reached $1204 billion in current dollars. This represents a 3.5 per cent increase in real terms since 2005 and a 37 per cent increase over the 10-year period since 1997. Average spending per capita increased from $173 in 2005 to $184. », Sipri Yearbook 2007, http://yearbook2007.sipri.org/chap8/

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