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Billet de blog 15 avril 2017

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Les hyper réseaux d'influence dans la campagne présidentielle

L'information est connue, mais elle est peu commentée. C'est l'implication de François Fillon dans le "groupe de Bilderberg".

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L'absence d'information nourrit parfois des théories du complot sur l'activité de ce groupe. A tort, car il s'agit avant tout d'un club très discret, qui a même un site officiel sur lequel peut connaître la liste des invités et des sujets traités. 

En 2012, les journalistes Christophe Deloire et Christophe Dubois avaient consacré  à Bilderberg un chapitre de leur ouvrage "Circus politicus" consacré aux réseaux et aux mécanismes qui tendent à neutraliser le suffrage universel : "Sur le site Internet de la conférence de Bilderberg, le mot est souligné, comme s'il s'agissait d'un avertissement à ceux qui oublieraient la consigne : les discussions se déroulent off-the-record (sic). Huis clos total... Le caractère "privé" des conversations "n'a d'autre but que de permettre aux participants d'exprimer leurs opinions  librement". 

Bilderberg n'est pas un organe de décision ni de concertation, il n'y a donc pas lieu de publier une position commune : "Aucune résolution, pas de vote et aucune déclaration politique". Mais l'influence est bien l'un de leurs objectifs : "La possibilité de soumettre, à la fin de la conférence, non pas des résolutions mais des conclusions et des suggestions, a été étudiée. De telles conclusions et suggestions ne lient personne ; les participants sont libres, s'ils le désirent, de les considérer comme la base de mesures qu'ils prendraient avec leurs gouvernements respectifs ou organisations ou groupes sur lesquels ils ont une influence, afin qu'elles puissent être adoptées et mises en vigueur." Comparé à la conférence de Bilderberg, dont les militaires de l'OTAN assurent la sécurité, le forum économique mondial de Davos, dont les conférences sont enregistrées et accessibles sur Internet, est un lieu de démocratie transparente...

 François Fillon a participé à une conférence Bilderberg en 2013.  Le groupe est dirigé depuis 2012 par Henri de Castries, par ailleurs PDG d'AXA, et généreux client de la société 2F Conseil, dont François Fillon est le gérant. M de Castries est aussi présenté comme premier ministrable de ce dernier.

Ce que peut rapporter l'assistance à une "messe basse entre maîtres du monde" est indicible. La participation à une réunion du 'Gotha politico financier occidental, confrérie d'influence planétaire" n'est pas innocente. A juste titre les ONG se préoccupent des lobbies qui, au quotidien influent sur la décision démocratique pour la détourner de l'intérêt général. Ce n'est pourtant que peu de chose au regard d'une influence d'un petit club coopté entre spécialistes de la captation du pouvoir. Plutôt de droite et atlantiste, ce cénacle très sélect de l'oligarchie s'ouvre aussi à des hommes qui se disent de gauche, ce qui explique par exemple que Manuel Valls ait été adoubé en 2011 ;  tant que « socialiste ouvert », il avait été invité par le groupe Bilderberg, « afin de lui ouvrir les yeux sur certains points »... Emmanuel Macron y a participé en 2014.

Bilderberg n'est évidemment pas le seul lieu où se tissent des réseaux. Il est seulement le plus emblématique. Et il se trouve que, dans cette folle campagne, deux des onze candidats y ont participé.

La transparence est une vertu démocratique. Elle doit permettre de s'affranchir des influences. L'électeur éclairé doit choisir ses représentants, et ceux-ci ne doivent être responsables que devant lui. La volonté de résistance, la force du peuple souverain s'expriment aussi dans les urnes. En cela aussi, la présidentielle de 2017 pourrait être un moment historique.

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