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Billet de blog 30 juin 2023

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Bon anniversaire, Julian Assange !

Julian Assange fête son anniversaire le 3 juillet. Il aura passé dix ans de sa vie sans liberté. Un concert de soutien aura lieu le même jour à Paris.

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Illustration 1
concert J Assange © comité Assange

Julian Assange fête le 3 juillet ses 52 ans. Il a passé dix ans sans liberté : six ans à l’Ambassade d’Equateur, puis, dans des conditions plus pénibles encore, quatre ans en prison, dans un quartier de Haute sécurité.

Il incarne une détestable inversion des valeurs. Car ce qui lui est essentiellement reproché, c’est d’avoir dénoncé des crimes de guerre. Chacun a le souvenir de « Collateral Murder ». Mais qui dénonce un crime ne peut être traité comme celui qui commet un crime. Il est juste de dénoncer des crimes de guerre commis par la Russie. Pourquoi serait-il moins juste de dénoncer ces crimes quand ils sont commis par les États-Unis ?

Julian Assange a aussi révélé l’espionnage de présidents français par les Etats-Unis: Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient sur écoutes. Et les informations étaient partagées avec l'Australie et le Royaume-Uni. L’ampleur des pratiques d’espionnage entre pays qui se disent amis était inconnue jusqu’alors.

Il est juste de dénoncer la parodie de justice subie par Alexei Navalny en Russie. Pourquoi serait-il moins juste de dénoncer la procédure kafkaïenne subie par Julian Assange ? Certains se retranchent derrière les décisions de la justice britannique. Mais Montesquieu disait déjà : «Il n’est pas de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et sous les couleurs de la justice ».  Au terme de cette procédure, Assange est aujourd’hui dangereusement proche de l’extradition vers les États-Unis, où il encourt 175 années d’emprisonnement. Ultime recours, il a saisi la Cour européenne des droits de l’homme. Cette juridiction a déjà jugé que « la liberté de l’information ne concerne pas seulement les idées accueillies avec faveur, mais surtout celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ». Toutefois, ce recours n’est pas suspensif.

En réalité, Julian Assange est un prisonnier politique au cœur d’un pays qui se dit démocratique. Amnesty International, qui soutient Julian Assange définit un prisonnier politique comme « une personne emprisonnée pour des motifs politiques, c'est-à-dire pour s'être opposés par des actes au pouvoir en place. ». L’affaire Assange est celle d’une persécution politique, comme le démontre le rapporteur des Nations-Unis contre la torture, Nils Melzer, dans son ouvrage.

Plus encore, c’est le journalisme qui est l’accusé véritable de ce procès. C'est pourquoi de nombreuses associations ont signé l’appel de Paris pour Assange. Seule l’Assemblée nationale a refusé de voter une résolution pourtant non contraignante, invitant le gouvernement à accorder l’asile politique à Assange en France. Mais elle sera prochainement saisie d’une nouvelle proposition de résolution.

S'agissant de révélations de Wikileaks, Julian Assange écrivait : « Chaque fois que nous sommes témoins d’une injustice et que nous n’agissons pas, nous formons notre caractère à la passivité et nous perdons notre capacité à nous défendre nous-même et ceux que nous aimons ». C'est aujourd'hui aussi vrai pour lui. Nous ne devons pas cesser d'agir et contempler passivement le spectacle de l'injustice.

Rendez-vous au concert de soutien le 3 juillet.

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