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Billet de blog 3 décembre 2013

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L'Ukraine descend dans la rue pour l'Europe

 Colère de l’opposition, l’Ukraine au bord de la crise politique. Des milliers de manifestants pro-européens occupent le centre de Kiev et sa mairie. Ils réclament le départ du président Ianoukovitch, après son refus de signer un accord d'association avec l’UE.

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Colère de l’opposition, l’Ukraine au bord de la crise politique. Des milliers de manifestants pro-européens occupent le centre de Kiev et sa mairie. Ils réclament le départ du président Ianoukovitch, après son refus de signer un accord d'association avec l’UE.

Près de dix ans après la révolution orange, c’est une véritable marée humaine qui a déferlé en masse ce dimanche dans la capitale ukrainienne, à la demande de l’opposition. Des centaines de milliers de manifestants, dont l’ancien président polonais, Aleksander Kwaśniewski, ont exigé la reprise du processus de rapprochement entre l’Ukraine et l’UE. D’autres réclament aussi la démission du président Ianoukovitch et des élections anticipées.

Les manifestants se sentent trahis par Viktor Ianoukovitch, qui avait pourtant fait du rapprochement avec l’Union européenne l’un de ses axes politiques majeurs. Il y a quelques jours, le pouvoir ukrainien a refusé la signature d’un accord d’association avec l’UE, soulevant l’incompréhension et la colère des Ukrainiens. L’ancienne première ministre, Ioulia Timochenko, actuellement incarcérée, a appelé à renverser le pouvoir actuel en « descendant dans la rue ».

Ce dimanche, plusieurs centaines de jeunes masqués ont tenté de prendre d’assaut le siège de l’administration présidentielle, jetant des pierres sur les forces antiémeutes. En marge de la manifestation, on dénombre plus de 100 blessés lors des échauffourées. Devant la foule rassemblée sur la Place de l’Indépendance, l’un des leaders de l’opposition, Vitali Klitschko – un ancien boxeur adulé en Ukraine – appelait les manifestants à ne pas céder aux provocations. « Le régime du président actuel mène l’Ukraine à la dictature et à l’isolement international », a-t-il déclaré.

L’Ukraine face à un tournant historique

Un caméraman d'Euronews, Roman Kupriyanov, a été roué de coups par la police ukrainienne alors qu’il filmait les manifestations à proximité du palais présidentiel. Un autre journaliste indépendant, Anatoli Stepanov, a été grièvement blessé à la tête. « Des policiers antiémeutes ont chargé et ont commencé à me frapper avec leurs bottes et leurs matraques. Tout ce que je pouvais faire, c‘était me protéger la tête avec les mains ». Le Quai d’Orsay a condamné les « violences qui ont fait de nombreux blessés », tandis que le président du Parlement européen, Martin Schulz, a appelé les autorités ukrainiennes à « respecter leurs obligations internationales » ainsi que « la liberté d'expression et de réunion ».

Lundi après-midi, l’opposition a exigé que le Parlement mette à l’ordre du jour une motion de censure au gouvernement. Arseni Iatseniouk, chef de file de l’opposition a fait passer leurs revendications. « Première chose : la démission du cabinet Azarov-Ianoukovitch, et puis la fin des répressions politiques en Ukraine, la libération de Ioulia Timochenko et des militants emprisonnés ».

« L’Ukraine hors de contrôle » titre le journal russe, Nezavissimaïa Gazeta. « Ianoukovitch a battu le record mondial de vitesse de perte de légitimité aux yeux du peuple », affirme le politologue ukrainien Dmitri Korchinski, interrogé par le quotidien russe. Ce mouvement de protestation pro-européen s’est soudainement embrasé pour se transformer en une révolte populaire.

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