Nouveau rebondissement dans le paysage politique égyptien. Alors que le premier ministre Hazem Al-Beblawi, a annoncé dans un communiqué officiel rendu public le lundi 24 février, la démission de son gouvernement intérimaire, et cela sans donner plus de détails, cette annonce coupe court aux rumeurs de plus en plus pesantes annonçant un remaniement ministériel imminent. Fait étonnant, le Chef de l’armée, le maréchal Al-Sissi conserve son poste de vice-Premier ministre.

« On s’attendait à un remaniement, pas à une démission. Mais ça montre que le gouvernement actuel est en situation d’échec » a déclaré une source institutionnelle. Néanmoins, les ministres en charge des portefeuilles les plus importants, comme ceux de l’Intérieur ou des Affaires étrangères, devraient rester à leur poste. Le gouvernement d’Hazem Al-Beblawi avait été formé durant la première quinzaine de juillet, au lendemain de la destitution et de l’arrestation par l’armée du président Frère musulman, Mohamed Morsi. Au fil des mois, l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement intérimaire s’est révélée comme être un coup d’État orchestré par l’armée égyptienne. Toutefois, il couvrait au départ un large spectre politique, hormis les islamistes il pouvait compter dans ses rangs des représentants de tout les courant politiques majeurs en Égypte.
Cette démission arrive dans un climat économique difficile. Cela fait maintenant plusieurs semaines que les grèves se multiplient en Égypte. Des secteurs tels que la sidérurgie, les transports publics ou encore le textile sont en pleine crise. Jour après jour, les coupures d’électricité deviennent monnaie courante dans un pays ou les prix ne cessent d’augmenter. Ces derniers temps, le gouvernement voyaient sa côte d’impopularité monter en flèche.
Au lendemain de cette annonce, c’est Ibrahim Mahlab, qui a été nommé au poste de premier ministre. Ministre du Logement sous le gouvernement d’Al-Beblawi, Ibrahim Mahlab est un ingénieur de 65 ans, ancien dirigeant de l’entreprise gouvernementale Arab Contractors (une des plus grande société de construction en Égypte). Mahlab a aussi siégé au Sénat sous la présidence d’Hosni Moubarak, renversé début 2011 par une révolte populaire. Pour ses détracteurs, il est beaucoup trop ancré dans l’ancien régime et ne peut représenter le renouveau dont l’Égypte a besoin.
Selon beaucoup d’observateurs, la démission du gouvernement ouvre un peu plus la porte à la candidature à l’élection présidentielle du maréchal Al-Sissi, ministre de la Défense sous Al-Beblawi et personnalité la plus populaire de l’armée depuis qu’il a annoncé la destitution de Mohamed Morsi en juillet 2013. Pour être éligible ce dernier devait quitter le gouvernement, c’était chose faite jusqu’à sa reconduction au poste de vice-Premier ministre. Candidat favori à l’élection présidentielle, il devra néanmoins à nouveau démissionner du gouvernement ou prendre sa retraite de l’armée. Des experts affirment que sortir d’un gouvernement au bilan positif, permettra à Al-Sissi de se prévaloir.
Cela fait maintenant trois ans que la révolution égyptienne a eu lieu et le pays est toujours à la recherche de son nouveau leader. Dans cette période de transition il apparait plus qu’important que les élections à venir se passe dans les meilleures conditions possible, afin que le président élu par le peuple, quel qu’il soit, puisse mener une nouvelle politique en Égypte et permettre à son pays d’aller de l’avant.
Eric Freymond