Alors que François Hollande vient de visiter l’Azerbaïdjan, le pays se retrouve au centre des débats. Son économie, centrée sur les hydrocarbures, se diversifie et fait aujourd’hui du pays un allié de choix pour l’Europe, qui aurait également beaucoup à offrir à ce diamant brut du Caucase.
Un pays en pleine croissance qui s’ouvre à l’Occident
Hier dimanche 11 mai, François Hollande était en visite en Azerbaïdjan. Un pays méconnu de la scène internationale depuis de nombreuses années dont le rôle économique mondiale pourrait bientôt prendre une toute nouvelle ampleur. Vecteur de croissance pour la région du Caucase dans son ensemble, l’Azerbaïdjan assure plus de 80 % du PIB des trois pays du Sud Caucase (formé par l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Géorgie). Le pays a de plus connu de nombreux changements ces dernières années et figure désormais non seulement sur la liste des pays exportateurs de pétrole, mais aussi de gaz.
La croissance atteint de plus en plus de secteurs. Après avoir enregistré des taux qui défient l’imaginaire, entre 25 % et 35 % de 2005 à 2007, en 2013, le PIB par habitant a augmenté de 4,4 % ; le secteur non-pétrolier a progressé de 9,8 % ; le secteur agricole d’environ 5 %. Trop dépendant des fluctuations de volumes et de prix des hydrocarbures, sur lesquels le pays a fondé toute la base de son économie, il se diversifie et se développe dans des secteurs comme l’agroalimentaire ou les hautes technologies.
Une relation gagnant-gagnant
Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan produit 1 million de barils de pétrole par jour et 30 millions de m3 de gaz par an, soit plus d’un siècle de réserves comme l’a précisé le président Ilham Aliev à François Hollande hier. Des chiffres à faire rougir une Union européenne qui pourrait bien profiter de partenariats plus poussés avec le pays. A l’heure où les conflits en Ukraine cristallisent les tensions entre l’Occident et la Russie, limiter la dépendance énergétique dont souffrent la plupart des pays européens à l’égard du pays de Poutine devient une priorité. Plusieurs projets de gazoducs reliant notamment l’Azerbaïdjan à l’Europe sont en cours. Nabucco, qui reliera la Turquie à l’Autriche, devrait être mis en service en 2017 et sera fourni par l’Azerbaïdjan, l’Iran ou encore l’Irak. Autre alternative stratégique au gaz russe : transiter par le « corridor sud » grâce au gazoduc Transadriatique (TAP) choisit par Bakou. Il reliera le gisement azerbaïdjanais Shah Deniz (1 200 milliards de m3 de gaz) à l’Italie, en passant par l’Albanie et la Grèce.
Une véritable aubaine pour l’Union européenne, mais également une opportunité à ne pas manquer pour l’Azerbaïdjan. Développer ses relations, économiques comme diplomatiques, avec des pays comme la France, aujourd’hui neuvième importatrice de produits azerbaïdjanais, lui permettrait en effet de booster encore un peu plus son économie et pourquoi pas, de retrouver son statut de premier exportateur de gaz et de pétrole.
Un partenariat gagnant-gagnant d’autant plus intéressant à développer que l’Azerbaïdjan, pourtant entouré de puissances plus ou moins en froid avec l’Occident, a également beaucoup à partager avec l’Union européenne d’un point de vue culturel comme politique. Le pays, majoritairement chiite, a su développer un modèle de laïcité rare dans la région et affirme depuis longtemps son indépendance diplomatique tant à l’égard de Moscou que de Téhéran. Il a de plus créé à travers les années de fortes relations avec la France. Il finance le lycée français de Bakou, que François Hollande a inauguré durant sa visite, mais également un club de foot (le RC Lens) et le département des arts de l’islam au Musée du Louvre. Méconnu, voire ignoré par la communauté internationale depuis de nombreuses années, l’Azerbaïdjan commence à pointer le bout de son nez vers l’Occident et c’est aujourd’hui à nous de lui montrer la bonne voie à emprunter.