1300 musulmans qui se cachaient en périphérie de Bangui, fréquemment attaqués par des milices à majorité chrétienne, sont partis dimanche dans un imposant convoi, escortés par la force africaine Misca à destination du nord de la Centrafrique.
Bangui dénonce une opération « unilatérale » menée « à son insu et contre son gré » par ses partenaires humanitaires, dont il questionne « la neutralité et l'objectivité. »
Une longue attente pour des centaines de musulmans
Le convoi – attendu depuis près de deux semaines – s’est finalement déroulé dans le calme. Dix-huit semi-remorques chargés ont pris « vraiment tout ce qu’ils pouvaient : des frigos, des sacs, des lits qu’ils ont pu démonter », explique une journaliste pour France 24, à Bangui.
Les camions ont transporté quelques 1300 musulmans. Contraints de rester terrés chez eux de peur d’être attaqués par les miliciens anti-balaka, ils se sont finalement résolus à quitter les environs, à destination du nord de la Centrafrique. Ils s’étaient retrouvés piégés il y a cinq mois sur le point kilométrique 12 (PK-12), cet étroit couloir sur la route menant vers le nord du pays, régulièrement victimes d’attaques d’anti-balaka.
Ces populations déplacées iront vivre à proximité de la frontière de la Centrafrique avec le Tchad.
Vive contestation des autorités
Dans la capitale, cette opération fait grand bruit. Fortement critiquée par certains membres du gouvernement et même une partie de la classe politique centrafricaine, ces derniers estiment que la meilleure solution pour protéger la communauté musulmane serait l’application stricte des mandats des troupes internationales, autrement dit, le désarmement des groupes qui sèment la terreur.
Le gouvernement à Bangui a dénoncé une opération « unilatérale ». « Alors que le gouvernement n'avait pas encore notifié de décisions », à la suite de deux rencontres avec les organisations humanitaires, « grande a été sa surprise » de constater que ces dernières avaient décidé « unilatéralement » d'organiser cette opération. Les relocalisations « effectuées à l'insu et contre le gré du gouvernement » sont « dommageables » et ne sont « pas de nature à entretenir un climat de confiance », souligne la ministre de la santé, Marguerite Samba-Maliavo.
À l’intérieur du pays, des milliers de personnes ont marché dimanche à Sibut. Ils protestaient contre le projet de transfèrement des combattants de l’ex-Séléka de Bangui dans la ville. En revanche, pour les habitants du PK-12, ce transfert permettra la reprise des activités socio-économiques qui sont bloquées depuis plusieurs mois dans le secteur.