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Billet de blog 18 avril 2014

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Pakistan : les talibans mettent fin à leur cessez-le-feu

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

40 jours d’une paix instable tout juste rompue. Mercredi, les talibans pakistanais ont mis fin à leur cessez-le-feu sans toutefois abandonner le dialogue de paix avec le gouvernement d’Islamabad, ont-ils annoncé après une réunion de leur conseil central.

En mars dernier, les rebelles du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) – une coalition de groupes islamistes armés – avaient annoncé un cessez-le-feu afin de mettre un terme aux frappes de l’aviation pakistanaise dans leurs régions au nord du pays. Un cessez-le-feu brisé, qui risque de fragiliser une nouvelle fois le processus de paix.

Fin du cessez-le-feu mais le dialogue reste ouvert

Depuis la création du TTP, il y a sept ans – groupe favorable à l’instauration d’une version rigoriste de la loi islamique et qui accuse le gouvernement pakistanais de soutenir la guerre américaine « contre la terreur » – plus de 6800 personnes ont été tuées dans des attentats au Pakistan, selon l’AFP.

Le conseil central du TTP – la Choura – se réunissait depuis l’expiration de leur cessez-le-feu, le 10 avril dernier, afin de décider s’ils reconduisaient ou non la trêve avec l’armée pakistanaise.

« Six jours ont passé depuis l’expiration du cessez-le-feu, mais pendant cette période le gouvernement est resté silencieux au sujet des pourparlers. Par conséquent, le conseil central du TTP a décidé à l’unanimité de ne pas reconduire le cessez-le-feu », ont déclaré les rebelles islamiques dans un communiqué. « Toutefois, les pourparlers vont se poursuivre de façon sincère et avec sérieux. Chaque fois qu’il y aura des avancées de la part du gouvernement, le TTP n’hésitera pas à répondre avec des engagements importants de son côté », ont ajouté les insurgés.

Un processus de paix peu engageant

Cependant, certains groupes islamistes armés s’opposent toujours à l’instauration d’un dialogue avec les autorités pakistanaises. Une faction hostile aux pourparlers, le Ahrar ul-Hind, a ainsi revendiqué un double attentat-suicide début mars, ayant fait 11 morts, juste après l'annonce d'un cessez-le-feu, contre un tribunal d'Islamabad.

En outre, des affrontements au sein même du TTP entre partisans au dialogue avec le gouvernement et antis, ont fait plus d’une cinquantaine de morts au cours de la dernière semaine dans les zones tribales du nord-ouest, bastion des islamistes à la frontière de l’Afghanistan. Le processus de paix actuellement en cours, laisse perplexe de nombreux observateurs sceptiques, à l’idée d’un accord entre le pouvoir en place et le TTP du mollah Fazlullah – commandant taliban qui avait fait régner la terreur de 2007 à 2009.

La paix au Pakistan reste un point sensible en Asie du Sud : une rébellion djihadiste s’attaquant à un État doté de l’arme atomique, alimente les plus vives inquiétudes en Occident et dans l’Inde voisine. Le contact qui avait été renoué formellement le jeudi 06 mars, entre le gouvernement et le TTP, réactivant de facto un processus de discussions, est de nouveau compromis.

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