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Billet de blog 18 octobre 2013

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Négociations de Genève, l’Iran joue gros

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les négociations avec l’Iran sur le dossier du nucléaire ont repris en cette mi-octobre à Genève. Autour de la table, on retrouve les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et bien évidemment l’Iran. Comme pour la Syrie, les camps semblent déjà bien établis et il sera difficile de parvenir à des avancées concrètes. L’Iran, plus amical depuis quelques semaines compte bien voir les sanctions internationales prises à son encontre être levées à moyen terme.

La diplomatie iranienne fait feu de tout bois depuis trois mois. L’objectif est de normaliser les relations pour le moins tendues qui unissent le pays aux grandes puissances occidentales. Depuis la révolution iranienne de 1979, Téhéran ne s’embarrasse guère des “on dit” et de l’image que le pays expose à l’étranger. Pourtant, depuis l’élection de Hassan Rohani à la présidence de la République islamique d’Iran, les choses changent.

Fin septembre à New York, les flashs ont crépité pour immortaliser la rencontre entre le président iranien et François Hollande. Encore plus fort (malgré l’absence d’image), l’appel téléphonique entre Barack Obama et Hassan Rohani a fait entrer l’Iran dans une nouvelle ère. Celle dans laquelle les relations se normalisent et où le dialogue peut être vraiment constructif. Ces coups d’éclat en appellent d’autres et malgré les remontrances de certains cadres du régime, la stratégie dessinée par Rohani devrait se poursuivre au moins pendant les prochains mois. 

La levée des sanctions, une question de survie

Si l’Iran fait aujourd’hui attention à ce que pensent ses interlocuteurs, c’est que la situation sur place se fait de plus en plus intenable. M. Steinitz, ministre israélien en charge des Renseignements résume parfaitement la situation : « Les Iraniens viennent dialoguer uniquement à cause de la sévère pression économique ». En d’autres termes, les sanctions économiques infligées à l’Iran depuis de nombreux mois ont des effets réels sur l’économie et il devient délicat pour le régime de faire adhérer au projet des mollahs des millions d’Iraniens qui se retrouvent sans travail.

Le régime est donc dans une situation critique et se donne les moyens de trouver une porte de sortie pour éviter un effondrement aussi brutal que radical. Le Printemps arabe a donné des sueurs froides à des mollahs qui ont vu que l’impensable était possible. Il est temps de changer son fusil d’épaule et de s’asseoir à la table des négociations. La nouvelle attitude iranienne incarnée par Rohani, successeur – et néanmoins proche – de Ahmadinejad est symptomatique du manque de confiance en l’avenir que ressentent aujourd’hui les dirigeants iraniens.

Les diplomates iraniens ont en tout cas réussi leur pari de faire bouger un peu les lignes et certains sénateurs américains très influents en matière de politique étrangère sont prêts à trouver un compromis à propos de l’épineuse question du nucléaire. Toutefois, les doutes restent nombreux quant à la possibilité pour le régime iranien de parvenir à un compromis. Le Guide suprême restera inflexible sur le nucléaire, tout comme les Occidentaux, Israël et les Etats-Unis en tête. Les deux jours de tractations à Genève vont être très compliqués, mais une chose est certaine. Si l’Iran n’arrive pas à faire des gestes concrets et arriver à un compromis, la situation ne fera qu’empirer et l’épée de Damoclès se fera de plus en plus lourde sur au-dessus de ce régime autocratique. 

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