« Bouteflika garde ton quatrième mandat et bye bye » c’est le message vidéo, de jeunes migrants algériens excédés, fuyant le pays pour rejoindre l’Europe dans la perspective d’un avenir meilleur. Si la vidéo a fait le buzz sur les réseaux sociaux algériens, elle est l’illustration de la désillusion ambiante qui sévit chez la jeunesse algérienne. Pourtant, en y prêtant attention, un candidat à la présidentielle tire son épingle du jeu. Et même si les dés sont déjà jetés pour certains Algériens, Ali Benflis, à la tête du projet Renouveau National semble être le souffle nouveau que l’Algérie attend depuis bien longtemps.
Le peuple à bout de force
Un bateau à la dérive sans capitaine à la barre, voilà à quoi ressemble l’Algérie d’aujourd’hui. Et si le radeau peut se targuer de pouvoir encore résister aux tempêtes, c’est qu’il lui reste encore quelques réserves de gaz et de pétrole, mais pour combien de temps encore ?
L’équipage désabusé et émoussé préfère l’apathie à la sédition. Certains se laissent ballotter sans perspectives d’horizon, d’autres pour se sauver, quittent le navire. Il y a ceux qui crient Barrakat (ça suffit !) mais leurs voix sont à peine audibles. Tous, sans exception, sont irrités d’être menés en… bateau. En effet, de son commandant, il ne reste plus qu’une ombre manipulée par de sombres forces qui en tirent les ficelles. Pourtant, à l’heure où le désoeuvrement gagne les foules, l’espoir est de mise.
Un homme de loi
Ali Benflis de son nom est le candidat illustrant l’espoir de l’avenir algérien. Solide, il est le seul à proposer un programme assez dynamique pour chasser le fantôme et les momies gérontocrates qui hantent encore le gouvernement. Son projet de Renouveau National s’inscrit dans une réforme profonde de l’État et des Institutions. Cela passe par la séparation de la justice avec le pouvoir étatique. Ancien magistrat, avocat et bâtonnier, Benflis est un homme de loi. Mené par son intégrité éthique il est la manne de l’Algérie en devenir. Son objectif ? éradiquer la corruption qui depuis quinze ans agit comme une gangrène sur tous les secteurs d’activités.
“Je ne nommerai pas mon frère ou mes amis à la présidence. Je suis porteur d’un projet sérieux qui donne la priorité aux compétences et qui vise à transmettre le flambeau aux jeunes qui doivent se trouver au centre de la prise de décision.”, exclame Benflis en faisant allusionà Saïd Bouteflika l’homme de l’ombre qui dirige secrètement les rênes du pouvoir. Il ajoute à propos de l’éthique bafouée liée à la fonction de chef de l’État que « ces modes de gouvernance qui ont pour nom fraude, corruption, faux et usage de faux doivent cesser ».
Se défaire des chaînes
La peur, première cause de l’avilissement de l’homme, est l’objet de son asservissement. Benflis s’y oppose en offrant son affranchissement. Cela passe nécessairement par un nouveau modèle de développement économique. Moderne et libérale, sa vision est ouverte sur le monde.
Plus que tout, Benflis veut « un développement humain et une cohésion sociale ». Le peuple algérien a besoin de faire entendre sa voix, il a pourtant choisi de se taire en s’abstenant d’aller voter. Victime de la « Hogra » depuis trop longtemps, il doit agir. « La hogra n’a qu’une seule nationalité, algérienne, qu’une couleur, la couleur des sans-voix, qu’un emblème, celui des sans-grade, de ceux qui ne sont inscrits dans aucun réseau. », affirme le sociologue Abdenasser Djabi. « Vous vous sentez rejeté, exclu, méprisé… Ces sentiments sont très douloureux à vivre, ils engendrent la honte chez la victime de hogra et/ou la colère et la révolte, d’où souvent des émeutes. », diagnostique pour sa part le docteur Bouatta.
Beaucoup préfèrent la « harga » (immigration clandestine) à la « hogra.». Maisle peuple algérien doit croire en son potentiel et ses perspectives d’avenir, cela exige une force de rassemblement et surtout une force d’action en allant voter. « Réveillez- vous ! N’acceptez pas l’injustice, le viol de la volonté populaire. Non, je n’appelle pas le peuple à la fitna ! Mais est-ce un tort que de vouloir protéger nos voix ? Doit-on se taire en voyant le voleur prendre ce qui nous appartient ? », a déclaré Benflis, lors d’un meeting à Sidi Belabès.
Un renouveau algérien
Le pays doit sortir de sa léthargie et ce n’est pas avec un président à l’agonie qu’il y parviendra. À ce titre, Kamel Daoud, chroniqueur du Quotidien d’Oran, déclare ironiquement que l’Algérie est « l'unique pays au monde où l'argument d'un candidat n'est pas un programme, mais la preuve qu'il est vivant".
Cette nouvelle campagne a été dénoncée comme « une mascarade grotesque ». Les Algériens ont comme la forte impression qu’on se moque d’eux. À cet égard, Benflis est intransigeant, « celui qui veut gérer un pays doit respecter le peuple ».
L’ancien président Liamine Zeroual, très populaire, s’est par ailleurs clairement opposé à un quatrième mandat de Bouteflika. En encourageant les Algériens à aller voter, il explique que « le prochain mandat présidentiel doit s’inscrire dans le cadre d’un grand dessein national et offrir l’opportunité historique d’œuvrer à réunir les conditions favorables à un consensus national. (…) Ce mandat-transition constituera la première étape sérieuse d’un saut qualitatif vers un renouveau algérien. ». Un gage de soutien à Benflis qui ne sera pas superflu.
Eric Freymond