Fernand Raynaud est né dans une famille ouvrière d’Auvergne, une région alors marquée par une vague d'immigration venue travailler en usine. Il est un des premiers humoristes a avoir traiter la question du racisme dans un sketch que l’on retrouve référencé sous deux titres : Le douanier et Le raciste. Il y prononce, ou plutôt fait prononcer à un des protagonistes du sketch, le terme de « race », ce qui est exceptionnel durant cette période où cette terminologie est par principe bannie dans le discours antiraciste (contrairement aux États-Unis par exemple). Mais le sketch est très significatif des formes de l’antiracisme des décennies d’après-guerre lorsqu’il s’agit de traiter la France métropolitaine. Il se construit d’un côté sur les figures universelles de l’étranger et du raciste, c’est-à-dire qu’il ne désigne pas un groupe « racisé » particulier. Il se focalise ensuite sur la figure du raciste pour le tourner en dérision et le ridiculiser. L'une des principales singularités du "raciste" ici décrit, c'est qu'il a des origines polonaises par sa mère et italiennes par un copain de son père.
Il faudra attendre la toute fin des années soixante-dix pour que cette représentation des rapports sociaux impliquant entre immigrés et nationaux se transforme dans le monde des humoristes et dans le monde social tout court. Progressivement, il s'agit aussi de représenter les groupes qui, dans l'ensemble national, sont potentiellement ethnicisés. La première mutation aura lieu avec Coluche qui inscrit « l’Arabe » comme un personnage régulier de ses sketchs.