Nouvelle Donne compte désormais plus de 6000 adhérents. Des comités départementaux se mettent en place et déclinent partout l’expression d’une attente de renouvellement de l’engagement politique. Lequel est devenu, insensiblement et corollairement au déclin des idéologies, terrain exclusivement dédié à la conquête de mandats électoraux et non plus, comme il devrait l’être d’abord et sans exclure l’accès aux responsabilités, lieu d’élaboration de la société. Remodelée à rythme soutenu par les techniques, la société exigerait plus que jamais de fortes doses d’engagement et de réflexion, au moment ou le désistement politique au profit d’une prétendue élite, en détourne les hommes qui confient la construction sociale à toutes sortes de machineries économiques et institutionnelles.
L’implantation géographique, le contact direct entre les gens me paraissent devoir constituer les pierres d’angles du parti Nouvelle Donne s’il veut impulser un vrai mouvement. Il était important, urgent, de le lancer, il lui reste à devenir important. Bien entendu, il ne va pas se priver, c’est dans l’ADN de ses fondateurs, des possibilités offertes par le maillage électronique du monde. Il faut pourtant s’en méfier, ce formidable outil de circulation de l’information est aussi sable mouvant qui enfouit aussi vite qu’il fait surgir n’importe quel objet. Un sable mouvant particulièrement pervers, chacun de nous étant grain d’un ensemble qui forme le gouffre qui menace de l’engloutir.
Il ne faut pas s’abstraire de ce maillage, comment le pourrions nous désormais, mais il n’est pas possible de s’y adonner sans esprit critique. Il faut l’inventer et le renouveler sans cesse pour endiguer ses procédés d’intégration, pour le mettre à notre service et non nous mettre au sien.
Ces deux formes de relation, l’une ancienne (le contact direct) l’autre nouvelle (le contact virtuel), ont chacune leurs travers et leurs avantages. Un optimisme naturel, quoique modéré, me souffle qu’en s’épaulant mutuellement ces deux manières cumuleraient plutôt leurs avantages que leurs inconvénients.
Aussi, puisque nous partageons notre vie politique (au sens large du terme) entre ces deux types de présence, il me semblerait utile que les abonnés de Médiapart adhérents de Nouvelle Donne constituent une section au sein d’un site qui, au delà de ses intérêts d’entreprise, affirme sa volonté d’être acteur du renouvellement démocratique. J’ai aperçu plusieurs fois le terme «médiapartien». Il évoque un territoire. Réunissons en ce pays la tribu des néodonnistes. Cette double appartenance au même parti offrirait un espace enrichi, lieu d’expression d’une intensité proportionnelle à l’immensité des problèmes et d’une courtoisie proportionnelle à la nécessité de dégager des solutions acceptables par le plus grand nombre.
Je reste réservé quant à la béatification de l’internaute, né du croisement du citoyen et du consommateur, mais il faut bien dire que des sous catégories telle que celle des médiapartien néodonnistes, ajoute au charme de cette invention récente et si exagérément célébrée.
Qu’on me pardonne de rester à ce niveau de généralité, mais il faut avancer dans l’ordre et pour l’instant lancer une invitation à ceux qui se sentent concernés, membres ou non de ND, en vue d’ouvrir sur Médiapart une édition « Nouvelle Donne » ou « Autour de ND », si l’air d’officialité de l’appellation la plus simple ne convenait pas. Je n’en fais pas la proposition directe à Médiapart, je ne désire pas en être rédacteur en chef. Je manque de disponibilité et préfère la consacrer aux relations au sein de mon comité local en essayant de promouvoir des façons de faire que j’aimerais confronter, par le biais de cette édition sur Médiapart, à d’autres expériences. Ce ne sera pas simple. Dans mon comité nous sommes majoritairement du sexe masculin et du genre retraité. Chacun de nous, qu’il dispose d’un parcours au sein de formations politiques ou n’en ai jamais fait parti, aborde ce nouvel engagement sans disposer dans sa besace de la tendresse liante d’un collégien, et doit pourtant faire l’étrange apprentissage d’apprendre en même temps qu’il l’invente un nouveau métier.
Initier une nouvelle donne qui ne retombe pas dans les travers de l’ancienne exige un effort que nous mesurons mal. Nouvelle Donne disposera probablement d’un espace interne pour le débat, mais le tenir aussi sous l’œil critique des lecteurs de Médiapart, stimulé par les aimables piques de nos amis du Front de Gauche par exemple, ne lui nuirait pas.
Pas la peine de laisser de consignes aux personnes intéressées. Il suffit de commenter cette proposition. La difficulté est de la mettre sous les yeux de ceux qu’elle pourrait concerner, qu’elle ne s’enfonce pas dans les sables mouvants avant d’être aperçue par les néodonnistes, qui statistiquement parlant devraient être entre un certain nombre au sein de Médiapart .
PS : Je n’ai évidemment aucune légitimité officielle pour fournir des informations relatives à ND, mon titre renvoie à un texte précédent Nouvelle Donne ? Je prends une carte !