Comment des élus de gauche, peuvent-ils encore marteler à travers la média-sphère dominante (que ce soit sur les chaines TV mainstream voir plus inquiétant sur les réseaux sociaux) que rien n'est perdu et que tout reste sur la table ? C'est faux.
Prendre les salariés et les électeurs pour des moutons risque de couter cher à l'opposition de gauche lorsque les échéances électorales surviendront.
Le 27 janvier 2021 la Commission Européenne sous la houlette d'Ursula Van der Leyen a fait paraitre le Livre Vert sur le Vieillissement où il est textuellement prévu un relèvement de l'age de départ à la retraite (pour les pays membres de l'Union Européenne) à 70 ans. Le terme employé avec élégance est l'Harmonisation des régimes de retraites.
Aujourd'hui, ce qui revient sur cette même table ce n'est pas un supposé détricotage de la réforme des retraites voulu par Macron mais bien au contraire son renforcement en tant que système néolibéral où serait mêlé une retraite par répartition et par capitalisation (par point). De plus l'orientation prise par le Conclave verra (nous le verrons bientôt) des recommandations visant à reculer l'âge de départ à 67 ans et concomitamment une baisse du niveau des pensions.
Comme je l'ai précisé ici https://blogs.mediapart.fr/eric93/blog/290525/largent-des-retraites-et-les-rapaces-du-gouvernement la première étape consistera à baisser mécaniquement de 10 % le montant des pensions. C'est ce qui s'est passé en Grèce en 2015 remarquablement expliqué par Yanis Varoufakis dans son livre Conversations entre Adultes. À lire pour saisir ce qui va se passer chez nous.
Pour le dire autrement : Nous travaillerons plus longtemps et avec de plus faibles pensions...et elles ne seront pas payées longtemps aux bénéficiaires !
La seconde étape conduit à encourager ou tout au moins à favoriser une employabilité à faible niveau de salaire en augmentant le recours aux temps partiels et aux carrières hachées. Le système par répartition retenant les 25 meilleurs années pour le calcul de la pension, il est facile de comprendre où se trouve l'intérêt des responsables politiques.
Troisième étage de la fusée, la durée de cotisation : passée 37,5 à 40 puis 41 et maintenant 42 annuités en attendant 44 annuités (soit 176 trimestres !), on arrive au point de rupture avec une incompatibilité d'un "retour" de l'âge de départ à 60 ans.
Ce relèvement progressif a débuté par la réforme Balladur (deuxième cohabitation) puis s'est poursuivie par la réforme Fillon en tant que Ministre des Affaires Sociales puis en tant que Premier Ministre de Sarkozy. L'ultime coup de grâce ayant été asséné par la Réforme Touraine sous la Présidence de François Hollande : les 42 annuités de cotisations, c'est bien lui.
Pour un réel retour d'un âge "plancher" (ce qui ne veut rien dire en fait) il faudrait donc abroger à minima la réforme Touraine...
Mais ça, il n'en est pas question pour le PS.
Le niveau de qualification des nouveaux salariés se relevant d'années en années, nous en arrivons à une situation qui se généralise d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique où se sont ces néo travailleurs qui se trouve les nouveaux "membres" de ce lumpen prolétariat.
Ce qui au passage en dit long sur non seulement le déclassement des catégories sociaux professionnelles mais plus encore sur la dégradation des salariés avec peu ou pas de qualification. Les femmes cochant toutes les cases de ce sous prolétariat où se trouvent des chercheurs ou des femmes de ménage...
La vision étriquée de la gauche arcboutée à ses postures marxistes conduit ses électeurs à abandonner le navire qui sombre faute de vouloir changer de cap. La solution se trouve ni plus ni moins dans une souveraineté sociale, économique et numérique. S'affranchir du carcan Communautaire, s'affranchir des GAFAM (qui soutiennent activement les réformes sociales altérant les conditions de vie du salariat) et s'affranchir des discours lénifiant et glorifiant un passé révolu. Se complaire à participer au "système" médiatique et politique ne peut qu'aboutir à une victoire prochaine du RN. Une candidature commune de la gauche pour 2027 en dit long également sur le peu de volonté de changement radical nécessaire pour tourner le dos aux institutions de la Ve. Accepter comme des toutous obéissant ce calendrier institutionnel prouve le peu de vision et surtout le peu d'ambition des femmes et des hommes politiques de gauche. On peut y voir malheureusement aussi la limite électorale de la gauche qui est incapable de franchir désormais un plafond de verre de 30% au premier tour d'une élection : plafond de verre que nous imputions au FN de l'époque. On voit où cela nous a amené (notamment le virage néolibérale de 1983).
La gauche se ment à elle-même et ouvre la voie à des démons que certains attendent avec impatience.
1-fr-act-part1-v2J'espère que ce modeste billet suscitera quelques commentaires, sinon quelques agacements et surtout qu'il ne restera pas coincé dans l'anonymat du Club dont l’occurrence ne sera mesurée que par le nombre des "plus commentés" ou des "plus recommandés"...