Erwan Lehoux
Professeur de Sciences économiques et sociales, militant communiste et syndicaliste, membre de l'Institut de recherches de la FSU
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Billet de blog 29 sept. 2019

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Une minute de silence pour Jacques Chirac dans les écoles. Vous avez dit laïcité?

Une minute de silence sera observée ce lundi dans les administrations et écoles publiques. Au-delà des considérations partisanes et politiques de chacune et de chacun, l’injonction faite aux agents publics, notamment aux enseignant·e·s, et aux élèves des écoles publiques de s’associer à cette commémoration ne peut que nous interroger.

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Annoncée dans la presse par la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, la minute de silence en hommage à Jacques Chirac qui sera observée ce lundi dans les administrations et les écoles publiques fait depuis l’objet d’une circulaire signée du premier ministre. En outre, cette dernière ajoute que « les enseignants qui le souhaitent pourront également consacrer un cours de cette journée à l'évocation de la mémoire de l'ancien chef de l’État ».

Si l’hommage rendu par les représentants de l’État, au nom de celui-ci, s’inscrit dans la tradition républicaine et qu’il ne s’agit pas de le remettre en cause ici, l’injonction faite aux agents publics, notamment aux enseignant·e·s, et aux élèves des écoles publiques de s’associer à cette commémoration ne peut que nous interroger.

Alors que la loi du 9 décembre 1905 assure dans son article premier que « la République assure la liberté de conscience », comment le culte d’un ancien Président de République saurait-il être imposé à qui que ce soit ? Que celles et ceux qui le souhaitent rendent hommage à cet ancien homme d’État est tout à fait respectable. Que les médias consacrent une partie de leurs colonnes ou de leur temps d’antenne à sa mémoire n’a rien de choquant. C’est aussi, au-delà des convictions partisanes de chacune et de chacun, une page de notre histoire qui se tourne.

Cependant, chacune et chacun doit demeurer libre de l’émotion qu’il ressent ou qu’il ne ressent pas. Le cas échéant, chacune et chacun doit demeurer libre de participer ou de ne pas participer à l’hommage rendu. C’est d’autant plus vrai des élèves qui n’ont, pour beaucoup, pas connu ce Président de la République, ou si peu. Quel sens à cet événement pour eux qui ont peut-être découvert son nom en apprenant sa mort ?

C’est encore plus vrai des élèves qu’ils sont d’abord des citoyen·ne·s en construction et que l’école, dans le cadre de cette construction, doit se garder de toute influence partisane et, au contraire, favoriser chez les élèves le développement de l’esprit critique.

Les anciens Présidents de la République, s’ils peuvent être évoqués, doivent l’être dans le cadre de l’apprentissage de l’histoire, qui ne saurait être confondu avec un culte des grands hommes. Cet enseignement suppose un certain recul sur les faits, qui s’oppose parfois aux impératifs mémoriels.

Que l’école ait entre autres missions celle de développer la citoyenneté chez les élèves n’implique en aucun cas de suivre un catéchisme républicain d’un autre âge. Que l’école soit amenée à faire vivre les valeurs de la République que sont la liberté, l’égalité et la fraternité n’implique en aucun cas de s’adonner à toute sorte de culte, aussi républicain soit-il. Bien au contraire !

En tant qu'enseignant, c’est pourquoi je ne participerai pas et ne ferai pas participer mes élèves à la minute de silence que d’aucuns voudraient imposer dans les écoles. Libre à eux, cependant, de rendre hommage à l’ancien Président de la République, s’ils le souhaitent, en dehors des heures de cours.

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