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Billet de blog 12 février 2023

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Mobilités urbaines : le passage en force d’un maire / président de Métropole

La modification du plan de circulation d’une grande ville, imposant notamment la fermeture d’une voie rapide externe, a entraîné le triplement du trafic de transit sur 4 boulevards résidentiels intérieurs, provoquant la colère des riverains. La mobilisation est d'autant plus vive que ce report de trafic, qui s’est fait sans études d’impact, sans concertation, est vécu comme injuste et injustifié.

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Voici un maire / président qui décide l’été dernier de fermer une rocade extérieure au sud de sa grande ville et de dévier tout le trafic de transit sur une enfilade de 4 Boulevards intérieurs au motif "d’apaiser" les quartiers limitrophes de ladite rocade. Et cela, sans étude d’impact de bruit et de pollution, sans aucune concertation des 2000 riverains concernés.

Voici un maire / président qui explique aux riverains que "on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs" (sic). Certes, mais quand le trafic a plus que triplé (de 5 000 à plus de 15 000 véhicules / jour), le raisonnement est un peu court et plutôt méprisant, voire indigne d’un élu.

Voici un maire / président qui met en œuvre un plan de circulation absurde, sans cohérence technique, injuste socialement et écologiquement, apaisant les uns au détriment des autres, qui s’arcboute obstinément sur sa position sans aucun argument plausible pour la justifier. On peut donc se poser la question de ce qui a motivé les décisions qu’il a prises. Est-il bien conseillé ? Y a-t-il en arrière-plan d’autres projets prioritaires, incidemment immobiliers ? Les non-dits peuvent faire, comme on voit, le lit de la spéculation…

Voici un maire / président qui, après avoir reçu deux fois en septembre le Collectif des riverains, refuse depuis de le revoir malgré ses demandes répétées (à ce jour 4 lettres recommandées avec accusé de réception sans réponse). "Écouter oui, transiger non" a-t-il même osé dire de façon condescendante lors d’une interview dans la presse locale à l’occasion de ses vœux. Or, les riverains des 4 Boulevards n’ont pas besoin d’une cellule psychologique, municipale ou métropolitaine, pour écouter leurs souffrances et inquiétudes dues au bruit, à la pollution, aux risques sanitaires, à l’insécurité patente des piétons, à celle des cyclistes sur des bandes cyclables non-conformes. Ils ne veulent plus être écoutés, tout a été dit, mais entendus : il faut reconsidérer la fermeture de cette rocade.

Voici un maire / président qui affirme que le problème des 4 Boulevards se règlera à terme (sans préciser lequel) grâce à une sibylline "évaporation du trafic", à des aménagements routiers à l’ouest de la ville (projet COM dont le mode de financement vient d’être retoqué par le Conseil d’État) et autres promesses pour bouter hors de la ville tout trafic de transit et limiter drastiquement le trafic urbain. Noble ambition, mais son agenda (2030 au mieux pour le COM) n’est pas le nôtre : d’ici là les 4 Boulevards auront contribué significativement aux 48 000 décès prématurés annuels (étude « santé publique France ») dus à la pollution atmosphérique (NOx, PM, etc.).

Voici un maire / président qui, à la manière de Gribouille, sème le chaos un peu partout dans sa ville sans craindre de se mettre à dos un nombre croissant de ses concitoyens et au mépris des principes mêmes d’une démocratie participative dont il se veut le chantre. N’a-t-il pas écrit dans son programme électoral en 2020 : "Nous nous engageons pour une démocratie participative sincère et véritable où tous les sujets seront mis sur la table et réellement concertés. La transparence, l’écoute, le respect de la parole de l’autre sont nos valeurs. " ? Il est vrai que les prochaines élections ne sont que dans 3 ans.

Enfin, voici un maire / président qui proclame ne pas aimer "les manières du Collectif jugées trop agressives" (certes, quelques blocages de circulation, quelques interruptions de Conseils municipaux et métropolitains, la perturbation de cérémonies officielles comme celle de ses vœux à ses administrés, etc.), à quoi il faut ajouter les soutiens favorables d’une certaine presse locale indépendante très visible qui l’agacent, et une activité soutenue sur les réseaux. Disons que cette agressivité n’a rien à voir avec celle que met son service d’ordre à nous expulser. Ni avec celle d’avoir imposé, pour paraphraser Doisneau, un chapelet de voitures qui se touchent sur les 4 Boulevards. On attend avec inquiétude le jour où il y aura une soudure totale. Notre maire / président acceptera-t-il alors de le découper au chalumeau ?

Mais qui est ce maire / président ? Si vous n’avez pas deviné, voici quelques indices :

Il est très fier que sa ville soit classée au 7ème rang des plus grandes villes de France.

Il a des ambitions nationales et on le dit Macron compatible (Libération, 14/10 /2022).

Il a aussi écrit dans son programme électoral (en rouge et en majuscules) ce credo pour le moins patelin : "Rien ne peut ni ne doit se faire sans vous". 

Il voudrait réformer le PS. Il a parlé en son temps de la 3ème puis d’une 4ème voie. Il est cofondateur de la Ligne populaire : "le PS doit devenir le parti de la sortie du Lidl à 17 heures, le parti des “gilets jaunes”. […] C’est nous le parti des beaufs !" (Libération, Chez Pol, 06/10/2022).

Il en fait beaucoup pour que sa ville devienne capitale européenne de la culture 2028.

Il bataille aussi pour qu’elle soit inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

D’aucuns, enfin, le qualifient d’atypique…

La réponse est sur le site de l’Association du Collectif (https://4-boulevards.org/). On y trouvera notamment un historique de nos actions, une revue de presse, des photos, des films, etc.

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