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Billet de blog 17 avril 2023

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Montpellier : l’Association des 4 boulevards saisit le Tribunal Administratif

La fermeture d’une rocade extérieure à Montpellier a entraîné le triplement du trafic de transit sur 4 boulevards résidentiels intérieurs, provoquant la colère des riverains. Devant le mutisme, pour ne pas dire le mépris et l’absence de volonté de dialogue manifestés par la Mairie, l’Association des 4 boulevards a décidé d’engager des recours à son encontre.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En passant en voiture au sud de Montpellier, on voit un front compact d’immeubles flambants neufs s’avançant résolument vers l’autoroute. Dans le centre, les promoteurs s’en donnent aussi à cœur joie avec la construction de nouvelles résidences sur des parcelles patiemment regroupées, après destruction des villas qui les occupaient. La municipalité soutient activement cette dynamique. Elle a lancé récemment un appel à projets "Folies architecturales du XXIe siècle", qui vise à parsemer la ville d’édifices hors du (sens) commun du genre Higher Roch et Arbre Blanc, tours hautes d’une cinquantaine de mètres au centre-ville (https://www.montpellier.fr/3876-architectures-du-xxieme-siecle.htm). On notera, en passant, que ces Folies dépassent allègrement la hauteur des constructions, limitée par les édits royaux de 1775 et 1779, pour sauvegarder les vues superbes jusqu'à l'horizon depuis le Peyrou (servitude "non altius tollendi", toujours en vigueur puisque encore sur le site internet de la Mairie : https://www.montpellier.fr/evenement/23482/3624-restauration-de-la-promenade-du-peyrou-les-travaux-debuteront-fin-mars.htm).

La logique de cette politique immobilière expansionniste est de continuer à accueillir chaque année plusieurs milliers de nouveaux habitants (https://www.montpellier.fr/189-recensement.htm#toced_headerH2_3). Mais "en même temps", la municipalité affiche sa volonté de réduire le trafic automobile du centre-ville, ce qui est plutôt contradictoire. Certes, elle développe les mobilités alternatives mais celles-ci ont leurs propres limites (maillage et desserte des quartiers périphériques, personnes âgées, PMR, etc.). Et il faudra des années avant que les aménagements prévus soient opérationnels. Il est en outre évident que le trafic ne peut baisser en-deçà d’un certain seuil.

J’ai écrit dans mon blog du 12/02/23 que la ville n’a pas hésité en août 2022 à fermer une rocade extérieure et à dévier tout le trafic de transit sur une enfilade de 4 boulevards intérieurs non dimensionnés pour le recevoir, au motif "d’apaiser" les quartiers limitrophes de ladite rocade. Pour rappel, les 2000 riverains ont vu depuis tripler le trafic sous leurs fenêtres. Ils subissent les impacts de ces nouvelles modalités de circulation, principalement des hauts niveaux de pollution et de bruit nuit et jour, week-end compris, amplifiés par un effet canyon dû à l’étroitesse des boulevards. Les conséquences sanitaires potentielles sont importantes, entre autres liées aux particules fines, ainsi que les risques sécuritaires chaque fois qu’il s’agit d’emprunter un passage piéton au milieu des embouteillages et, pour les cyclistes, de rouler sur des voies cyclables hors normes.

Incidemment, nous avons identifié à Montpellier, mais aussi plus largement dans la Métropole, plusieurs zones où les habitants se heurtent aux mêmes méthodes autoritaires pour imposer des aménagements dont ils ne comprennent pas la logique, sans concertation et études d’impacts préalables, ni recherche de solutions alternatives. On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre ce mode local de gouvernance et le mode jupitérien pratiqué au niveau national qui consistent à imposer plutôt qu’à dialoguer et co-construire.

À défaut d’être écoutée et entendue pour revenir à une situation socialement et écologiquement juste, l’Association des 4 boulevards (https://4-boulevards.org/) a saisi le tribunal administratif. Un premier référé Suspension portant sur la légalité des arrêtés municipaux de circulation vient d’être rejeté, mais nos préjudices ont été reconnus par la Mairie, ce qui nous laisse espérer un jugement sur le fond favorable.  Malheureusement, il va falloir être patient. Un autre référé devrait être examiné dans les semaines qui viennent pour la nomination d’un expert indépendant. La bataille juridique ne fait que commencer.

Mais rien ne nous empêche d’imaginer déjà des alternatives. L’image 3D ci-dessous en présente une, dans laquelle la circulation intense que nous subissons serait partagée de façon équitable et symétrique entre les 4 boulevards et la rocade extérieure qui a été fermée : chaque axe offrirait un sens unique pour les véhicules, jouxtant une piste cyclable à double sens sécurisée. C’est simple et cela règlerait bien des problèmes et mécontentements. La plupart des citoyens à qui nous présentons cette image, lors de nos distributions de tracts et de nos interventions publiques, ne comprennent pas pourquoi Michaël Delafosse, notre maire / président de Métropole, n’a pas encore mis en œuvre ce qu’elle montre. Peut-être ne l’a-t-il pas vue ? Il est vrai que depuis le 28 septembre 2022 et malgré des promesses répétées, il ne nous a toujours pas invités à le rencontrer…

Vous trouverez sur notre site (https://4-boulevards.org/) l’historique et des documents sur nos actions. Vous pouvez nous soutenir en signant notre pétition et/ou en nous aidant financièrement pour nos recours juridiques. Sincèrement, merci par avance.

Etienne Dombre

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