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– Face à ce Delacroix : La Mort de Sardanapale, ironique dos d’un panneau (connu pour l’info des WC ou Ascenseurs) !
Paris, le 29 février 2024
Monsieur le président de la MdA, cher Rémy Aron,
C’est comme si on se jouait du désir et du besoin des artistes… C’est secrètement, sans la transparence élémentaire et la courtoisie vis-à-vis du visiteur d’où de possibles frustrations (aucune information sous la pyramide, avant le contrôle, entrée Denon) !
Alertés par le communiqué de la MdA « Appel aux artistes pour un moratoire immédiat » (en date du 13 février 2024), les artistes visuels ne peuvent accéder aux œuvres – en péril ? En l’occurrence, ceux qui voudraient pouvoir juger par eux-mêmes de l’alerte – en présence réelle – sont laissés à leur anxiété et crainte :

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Revoir « cette originalité qui peut surprendre totalement » (dixit le Louvre) pour mieux s’interroger encore est un mouvement qui nous est pourtant coutumier ; il me semble aussi que le bien juger en cet art s’exerce dans l'anxiété et surtout l’analyse visuelle… Nous comprendrions mieux les 'analyses scientifiques’ évoquées si on voulait bien nous les présenter et si le moratoire était effectif :
– Comment percevoir aujourd’hui la marche forcée d’une politique (inqualifiable) de remise sur le métier d’œuvres en bon état de conservation ? Dans la même perspective esthétique que pour Les Scènes des Massacres de Scio, Les femmes d’Alger dans leur appartement , puis La Mort de Sardanapale et présentement La Liberté guidant le peuple, le conservateur, directeur du Département des peintures, annonce que l’ensemble des tableaux de la salle Mollien sont dans son programme ‘d’amélioration de présentation’.
– SVP, ne prenons pas de décisions trop hâtives en un tel musée ! Laissons du temps au temps sur les hautes valeurs sensibles de la civilisation — temporalité nécessaire aux regards multiples — par exemple pour que les artistes vivant en Région puissent venir se faire une opinion au moment où leur avis est sollicité.
Veuillez accepter, cher Rémy, l’expression de ma confiance et fidélité,
Etienne TROUVERS
Artiste visuel, homme de l’Aripa
Pièces jointes :
1– Argumentaire du président du Centre français de la Couleur- CFC (à votre disposition) :
2– NE PAS TOUCHER - SVP. (sommaire) :
https://centrefrancaisdelacouleur.fr/actualite/la-liberte-guidant-le-peuple/
3– Appel aux artistes pour un moratoire immédiat :
https://www.lamaisondesartistes.fr/site/appel-aux-artistes-pour-un-moratoire-immediat/

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État après restauration, détail de la femme de droite... du 1er Delacroix entrepris au musée du LOUVRE !

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Avant – Retrait des vernis/glacis donnant « relief aux personnages, fraîcheur aux couleurs » sont éléments de langage "Après restauration"

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Au moment même où des massacres (en Europe ou en Palestine) hantent les consciences de l’humanité, le premier vaste tableau de Delacroix qui dénonçait en peinture la mort d’une mère, au sein asséché par l’absurdité guerrière, devient une vision qui s’est vidée de son insoutenable souffle épique...
L’orphelin, auparavant à la tête ronde et rousse et dont l’œil avait la profondeur sombre de l’abîme, est, à présent, comme écrasé. Après restauration, alors que l’on dit et répète : le tableau « est désormais débarrassé des épaisses couches de vernis qui avaient jauni et terni les incroyables couleurs de ce tableau » l’on découvre, par exemple, que l’intervention a dépouillé l’enfant perdu de son identité tragique, sa posture évoquant désormais une patte levée de ‘chien qui pisse’. Assurément, en 1822, l’aspect d’un tel raccourci torve aurait fait éclater de rire toute la galerie des peintres officiels. – Comment y voir maintenant le concept magnifique d’une lisibilité retrouvée ?
Cette première approche comparative – sur ce vaste tableau restauré en 2019-20 – est tributaire de deux sources insatisfaisantes :
• Pour l’état après restauration, copie d’écran d’un large détail sur https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010065870
• Avant restauration, le livre en N&B Delacroix, Les demi-dieux, édition du Dimanche, 1947, est une des références des artistes à partir de laquelle ils dessinent en raison de détails bien coupés, moelleux dans les clairs, profonds dans les ombres, respectant les demi-teintes foncées. Alors que de nouveaux clichés de 2020, avant restauration, se veulent définitifs pour imposer l’idée que le tableau était irregardable, ces noirs et blancs (même critiquables) demeurent encore des éléments intéressants pour introduire le principe d’hypothèses premières à vérifier.
Or, faute de pouvoir avoir accès, pour vérifier la pertinence des images ci-dessus, aux documents scientifiques et à la salle fermée, nous observons que vient d’être décrochée des cimaises L’entrée des Croisés à Constantinople – 1840, parti-pris décalé dans une non-transparence, absolument globale, tristement évidente.
N.B. : en vérité, il est fort difficile de mener un travail sérieux d’observation visuelle avec les éléments mis sur la place publique par la RMN-GP. Leurs clichés témoignant des états ‘avant restauration’ sont méphitiques. Et ceux ‘après restauration’ laissent à désirer. D’où l’importance de les contrôler par des N&B – qui sont dans l’esprit de la vérité de la Couleur romantique – devant l’original de Delacroix (salle 700). Les informations visuelles officielles diffusées ne donnent ni la température de couleur de la source d'éclairage, ni les conditions dans lesquelles elles sont réalisées, et pas davantage le diapason pour régler le moniteur d’écran.

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Cliché réalisé en ce 2 mars 2024 après-midi
P-S. : C’est dans le décalage et la mise en perspective du décrochage des Croisés qu’il faut se remémorer par exemple l’intitulé du bon de déplacementdes Femmes d’Alger dans leur appartement, daté du « 29/09 à 11h », avec pour motif officiel affiché de cet enlèvement : « Examens C2RMF » et non, à aucun moment dans la salle, celui de « Restauration en cours ». – Dès lors, comment percevoir les affichages de fermeture de salles au même motif d’examens ?
– Les visiteurs du Louvre se souviennent-ils que (vers 1985) le musée a fait revernir, systématiquement, en plusieurs couches de vernis surajoutés tous les tableaux des salles rouges ; le public continuant à circuler en présence du travail sur les échafaudages amovibles !?
– Accorderait-on maintenant plus d’égard à la permission « des analyses scientifiques » qu’à maintenir les chefs-d’œuvre préservés ?
– Auquel cas, ne peut-on s’attendre à tout, voire à un pictocide !?
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Rappel au 4 février 2024:
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