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Billet de blog 1 avril 2017

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Un cadre unitaire est possible, il est necesaire pour demain

Certains s’interrogent sur un cadre unitaire qui aille au delà des divisions électorales actuelle :« Quel cadre unitaire ? Faut préciser ! ». Pour voir comment peut se construire un cadre unitaire avec ses limites et ses tâtonnements je vous suggère d’écouter l’émission des ondes citoyennes avec l’appel des 100 de Caen le mercredi 30 mars dernier : http://www.radiobazarnaom.com/mercredi-29-mars-20

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas tout écouter voici la partie sur oppositions de fond et convergences possiblesde mon intervention complétée et résumée .

Sur les chômeurs la différence est sensible entre le MEDEF,

Tout d’abord rappelons que - dans le document que le MEDEF a fait pour les négociations UNEDIC - on trouve l’affirmation que les femmes (majoritaires) qui galèrent dans les boulots précaires, à temps partiels, voire très partiels, dans les boites d’aide à la personne, le nettoyage...sont des personnes qui profitent (« optimisent l’usage ») de l’assurance chômage : ce qui leur permettrait de gagner plus qu’avec un emploi à temps plein. Comme pour les bénéficiaires du RSA qui « gagnaient plus que les travailleurs qui se levaient tôt », on ne trouve aucune étude sérieuse qui viendrait corroborer cette assertion insultante pour ces femmes. Cette nouvelle variété de chômeur-euse-s fraudeurs est appelée « les permittents ». La réalité du chômage pour les chômeu-euse-s est un processus de terrorisation des chômeurs ( à base de sanctions, d’exclusion de stigmatisation conduite par Pôle Emploi et ses satellites) et des salariés ( qui ont peur de "la chute en bas de l’échelle") pour leur imposer n’importe quel emploi . Cette maltraitance est ignorée au profit de l’explication du chômage par un mauvais fonctionnement de la main invisible du marché du travail par des indemnisations trop « généreuses » . Surtout dans une période ou les déficits et un gestion purement comptable de l’UNEDIC imposent une gestion par des économies sur le dos des chômeu-euses. Et bien sur des droits trop importants !

la droite, y compris les sociaux-libéraux( et leur faire valoir Le Pen ) sur la même logique...

Reprenant le « théorème de Schröder » (les profits d’aujourd’hui sont les emplois de demain) que même le candidat chancelier SPD d’aujourd’hui remet en cause, droite et- sociaux-libéraux continuent d’affirmer -comme ils ont tous fait pendant 30 ans sans succès dans la lutte contre le chômage- la priorité aux entreprises (avec pour Le Pen l’accent mis sur les entreprises françaises ). Tout ce beau monde est unanime sur la baisse des "charges"  (la palme du ridicule revenant à MLP qui prétend les remplacer par des taxes sur les travailleurs et produits étrangers : aucun Lenglet, aucun Seux ne relève l’absurdité de ces propositions).

Si M LePen ne dit pas grand chose des chômeurs (sauf pour opposer français et immigrés) Fillon (dans un élan de cette charité chrétienne qui lui tient lieu de politique sociale) et Macron ne ratent aucune occasion de rappeler qu’il aiment les chômeurs et que le (« triste ») sort de ceux ci les préoccupent. J’ai déjà écrit sur Macron https://blogs.mediapart.fr/etienneadamanpagorg/blog/070316/macron-au-secours-des-chomeurs-ou-de-medef ,  dans une interview aux échos il déclarait être le vrai défenseur des chômeurs :« En France, on a longtemps vécu sur un accord implicite échangeant hyper-protection pour les insiders et hyper-précarité pour les outsiders, souvent livrés à eux-mêmes ».

Mais cet amour affirmé ne se traduit pas en mesures concrètes. Au contraire Fillon et Macron s’en prennent aux droits des chômeur-euses avec des vieilles mesures répressives repeintes en neuf pour l’occasion.

Fillon nous ressort la dégressivité, sanction qui prive les chômeurs d’une partie de leurs allocations quand ils restent « trop longtemps » au chômage. Cette mesure a été mise en place dans les années 1990 : elle a fait preuve de son inefficacité en matière d’incitation à la reprise du travail mais aussi d’économies pour l’UNEDIC ; elle a été abandonnée en 2001 Il ne s’agit donc là que d’une mesure idéologique pour satisfaire « les braves gens » qui en veulent aux assistés...quand ils sont pauvres,

Macron, en hors-système qu’il veut être, présente des mesures « révolutionnaires » (sic) : une indemnisation du chômage étatisée à la place d’un système d’assurance sociale solidaire  supprimerait les cotisations (y compris patronales!). Certes, Macron propose dans la foulée de couvrir tout le monde ce qui peut apparaître comme un avantage pour les salariés pour les non-salariés dit para-subordonnés : celles et ceux qui sont juridiquement non- salarié-e-s mais qui sont en fait sous la dépendance d’une entreprise , le cas le plus connu étant celui d’UBER mais aussi de nombres d’auto-entrepreneurs et diverses formes d’indépendants sous traitants de grosses boites qui ont externalisé des emplois pour tourner le droit du travail. Mais l’étatisation et l’élargissement ci-dessus moraliseront ce type d’emploi en le rendant plus civilisé et, rendra son usage plus facile. De plus la suppression de l’assurance chômage est aussi précédent pour une remise en cause de toute la protection sociale.

Pour ne pas être trop « progressiste » et pour ses soutiens de droite qui ne comprendraient pas l’intérêt des mesures précédentes, Macron nous ressort la suppression des allocations à celles et ceux qui refusent un travail ( même loin de chez eux et payé 25 % de moins). Cette sanction existe déjà – sous la forme d’ORE (offre raisonnable d’emploi) et elle est quasiment impossible à mettre en place du fait de l’absence d’offres d’emploi ( 2 à 3 emplois durables proposés pour 100 chômeurs), sauf en facilitant l’usage des contrats atypiques ou en excluant encore plus de l’indemnisation.

...et la gauche.

En se fondant sur d’autres appréciations des contraintes budgétaires, et en priorisant les besoins des chômeurs, la gauche et les mouvements sociaux -dans toutes leurs dimensions politiques syndicales et associatives- avancent de multiples propositions qui sont diverses, mais qui pourrait permettre un cadre commun large, le seul qui changerait le débat public sur ce sujet.

Sur le moyen et le long terme, les différentes organisations sont d’accord sur la remise en route de la Réduction du temps de travail, bien sur sous des modalités et des chiffrages variés mais qui devraient permettre une perspective commune.

De même tout le monde se met d’accord sur la possibilité de créer des emplois pour répondre à l’urgence écologique dans une transition énergétique qui dévient urgente ( et ceci avec des investissements collectifs qui répondent aussi aux besoins écologiques et sociaux).

A partir d’un débat citoyen à organiser partout sur le travail, nous pouvons poser les bases d’un nouveau rapport au travail en sortant les personnes de la contrainte de la nécessité de survie et permettre des choix y compris celui des choisir des entreprises en fonction de leurs caractéristiques. La gauche et au delà ,celles et ceux qui veulent un changement révolutionnaire, doivent débattre de ce que l’on met derrière les mots de revenu inconditionnel, de revenu garanti défendu depuis longtemps parles associations de chômeurs universel, de salaire à vie, du nouveau modèle des intermittents pour l’emploi discontinu, de sécurité sociale professionnelle, d’un nouveau statut de travail salarié. Derrière ces formulations qui cherchent à répondre aux nouvelles formes d’emploi, mais aussi aux nouvelles exigences des travailleurs sur leur travail, et encore à la redéfinition des activités sociales ou du travail social utile non pris en compte aujourd’hui qu’est ce qui peut converger ? quels aspects nécessitent de pour suivre le débat ? Un document récent d’ATTAC propose quelques pistes pour cela https://france.attac.org/actus-et-medias/le-flux/article/revenu-d-existence-universel-un-etat-des-lieux?pk_campaign=Infolettre-857&pk_kwd=revenu-d-existence-universel-un

Voilà ce que pourraient faire des rencontres citoyennes où chacune et chacun vinedrait avec sa manière de voir, sa pratique, ses études et ses élaborations théoriques  : travailler collectivement, tous ensemble, sur l’élaboration politique, inventer ainsi une nouvelle forme de pratique politique qui rompe avec la soumission aux contraintes de l’institutionnel .

Sur le court terme nous avons besoins de répondre à celles et ceux qui sont au chômage et qui vivent au quotidien des situations difficiles : financièrement mais aussi des atteintes à leur dignité.

Répondre aux nécessités financières immédiates passe par un revenu garanti, un revenu inconditionnel pour celles et ceux qui en sont privés . Bien sur on peut discuter sur le montant, mais si , mmédiatement -dans les mois qui suivent- on sortait de la "conditionalité" et du caractère non-individuel du RSA1, nous pourrions enclencher une dynamique qui autoriserait un conférence sociale à aller plus loin pour l’après. Mais aussi quel signal envoyer à ce million et demi de personnes au RSA et à l’ASS mais aussi aux non-indeminisé-e-s.

Les salarié-e-s et les chômeurs doivent prendre  le contrôle sur Pôle Emploi, c’est le meilleur moyen de répondre au besoin de respect de leurs droits et de leur dignité : ceci signifie donner aux institutions sans pouvoir comme les comités de liaison des droits réels et associer les représentants des chômeurs aux structures d’appel sur les décisions qui les concernent. C’est ainsi qu’on pourra -avec les salariés de Pôle Emploi qui sont aussi victimes de la culture d’entreprise libérale de leurs dirigeants- restaurer un service public de l’emploi dans l’intérêt premier des usagers et en finir avec une gestion d’un marché du travail suivant les critère du MEDEF.

Du pain sur la planche

Oui les acteurs des mouvements sociaux ont beaucoup à discuter en eux pour dégager des convergences et pour construire du politique autrement en se donnant les moyens de rester acteur-trice plutôt de de se contenter de déléguer à des tribuns.

Ces débats peuvent prendre différentes formes et différents périmètres mais il doivent avoir en commun de :

Construire une alternative , proposer les base d’une autre société qui en finissent avec ce monde, de la loi travail,  de la domination absolue des détenteurs du Capital et des entreprises qui font leur loi : un majorité refuse le capitalisme proposons d’imaginer un autre futur

Mobiliser  autour de mesures d’urgence qui répondent aux besoins qui ne peuvent attendre mais en hiérarchisant collectivement et en débattant d’un calendrier collectif qui permette de changer le rapport de forces.

Il ne s’agit pas là d’une démarche indépendante de ce qui se passe sur le terrain, les luttes sont un outil essentiel pour convaincre plus largement ma is aussi pour faire avancer les débats.

1Rappelons qu’aujourd’hui le RSA est un revenu conditionnel qui prend en compte non seulement la situation de la personne mais de l’ensemble du foyer et qu’il donne lieu pour son obtention à une procédure inquisitoriale qui prend en compte des aides diverses et variées. Pour un couple c’est aujourd’hui 802€ avec le propositions minimale ce sera 1400€

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