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Billet de blog 9 janvier 2020

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Les malheurs de Berger

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour avoir traîné (il y a longtemps!) dans les couloirs de la CFDT, j’ai souvent entendu qu’il fallait agir par réalisme pour obtenir ce qu’il était possible d’obtenir. Le mieux étant de l’obtenir par la négociation qui plus que la loi donne un rôle au syndicat . La conclusion se résumait en « il vaut mieux un mauvais accord qu’une bonne loi ». La CFDT du moins sa direction et ses experts, qui ont depuis longtemps fréquenté le patronat dans les réunion de la fondation St Simon ou d’autres lieux, étaient persuadés qu’ils avaient une marge de manœuvre (du moins pire pour éviter le pire). Pour eux le capitalisme est une réalité indépassable à laquelle il faut s’adapter : c’est pourquoi la CFDT a accepté de gérer les reculs sociaux en prétendant que sans elle ils seraient encore plus importants.
Vis à vis de l’État, la CFDT jouait sur les mécanismes de régulation qui favorisaient des compromis : il était admis qu’il fallait laisser une porte de sortie au syndicalisme pour lui permettre d’afficher son utilité pour les salarié-e-s.

Dur pour la CFDT droite dans ses bottes

La situation d’aujourd’hui est dure pour la CFDT c’est la fin des petits compromis : ceux obtenus avec la loi travail ont été supprimés moins d’un an après. Aujourd’hui Berger découvre avec horreur qu’il n’a palus de place. Il pouvait retrouver une certaine dynamique syndicale comme le fait aujourd’hui la CGC : dans un souci de défense de ses mandants elle combat le projet gouvernemental.
La CFDT non ! elle s’obstine en grande partie parce qu’elle croit être à l’origine de la réforme. Pourquoi ? Parce que pour ne pas apparaître comme un simple syndicat d’accompagnement des mutations néolibérales, la CFDT se construit une image réformiste : elle « défend » l’égalité des pauvres salariés du privé contre les privilégiés du public sans remettre en cause les inégalités capitalistes, entretenant ainsi des divisions. Elle prétend aussi défendre les plus défavorisés,les plus pauvres et participent ainsi à des actions avec les organisations caritatives, mais en même temps elle a mené contre les chômeurs une politique répressive avec le MEDEF. Ainsi elle servait bien les néo-libéraux de gauche en leur apportant une caution syndicale et sociale.

Macron le fossoyeur de l'Etat social ...

Quand Macron est arrivé au pouvoir la CFDT a cru sa grande heure arriver : issu du courant néolibéral de gauche ce nouveau président n’était pas partie liée avec la vieille gauche syndicale comme FO. Berger avait oublié d’analyser que macron avait une vision beaucoup plus dirigiste et étatiste de la politique sociale et que l’époque des compromis comme celui d’un Juppé qui recule droit dans ses bottes est terminée. Avec la fin de l’assurance chômage l’Etat a complètement repris la main sur ce que le gaullisme avait laissé aux partenaires sociaux. Les ordonnances travail avaient déjà acté la fin des prérogatives des syndicats qui devaient négocier avant toute loi.

... abandonne un berger pourtant fidèle

Berger n’a rien vu ...ou rien voulu voir parce que c’eut été reconnaître la faillite de la stratégie du « recentrage » de la CFDT menée par Maire, Notat Chérèque. La réforme des retraites éclaire d’une lumière crue la déroute stratégique de la CFDT qui ne sait plus comment se situer et qui est prête à accepter n’importe quoi pour le cacher ...à condition qu’on lui propose et ce méchant gouvernement ne lui propose rien.

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