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Billet de blog 11 janvier 2017

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Sherlock et Watson en Érythrée

Six ans après La Huitième vibration, l’écriture de Carlo Lucarelli n’a rien perdu de sa force et de sa saveur, inspirée par l’Afrique et ses contrastes, et par ce temps historique d’un colonialisme avide et orgueilleux.

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De nouveau, l’histoire se déroule en Érythrée sous domination italienne. De nouveau, le sexe, l’amour et la mort, et aussi, la corruption et la cupidité résident au cœur de l’intrigue. En revanche, le texte s’achève en moins de cent quarante pages. Plus court et concis, moins enflammant que l’épique Vibration parue précédemment, et malgré des contours très classiques, ce polar historique cultive néanmoins sa singularité. Colaprico le carabinier et son adjoint Ogba, forment un couple d’enquêteurs aussi efficaces que complémentaires. À travers eux, deux cultures se côtoient, la latine et l’abyssinienne. Un meurtre s’est déroulé dans une chambre d’hôtel. Comme dans un policier du siècle dernier d’Agatha Christie ou inspirée par le Sherlock Holmes de Conan Doyle auquel il est fait référence ici, l’investigation se concentre sur les clients de l’hôtel présents au moment des faits. L’occasion de brosser une galerie de portraits, art dans lequel excelle l’écrivain transalpin. Au milieu de ses personnages, dans une atmosphère brûlante et sous une clarté vive, Lucarelli sait divertir sans abêtir. Rehaussé par ses atours historiques et ses accents exotiques, ce polar s’apprécie telle une friandise littéraire à croquer. En attendant la sortie d’un prochain roman plus nourrissant. « Ses cheveux, en fait, étaient roux, elle se trouvait encore bien loin de l’âge mûr et elle était résolument belle. D’une carnation très claire, le soleil d’Asmara lui avait fait surgir sur la peau du visage une floraison d’éphélides qui descendaient dans le chemisier ouvert sur le cou. Elle portait une pèlerine sombre sur les épaules et, quoique le capitaine fût assis, on voyait bien que, quand il se lèverait, et il le fit tout de suite, elle s’avèrerait plus grande que lui. » 

Albergo Italia de Carlo Lucarelli. Traduit de l'italien par Serge Quadruppani.

Édition Métailié, bibliothèque italienne, 2016, 17€

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