Le confinement était destiné à étaler la vague de contamination initiale pour permettre au système de santé d'absorber le surcroit de malades. Il a bien rempli son rôle.
Dès le début on savait qu'un confinement efficace empêcherait la majeure partie de la population d'être malade, et donc immunisée.
On savait qu'au sortir du confinement, progressivement d'autres personnes seraient malades. Et que les plus fragiles, ou les moins chanceux, en mourraient. Mais que les hôpitaux pourraient assurer dans la durée.
Personnellement j'ai fait un choix : j'ai décidé de ne pas engorger les services de réanimation des hôpitaux. Si je tombe gravement malade, j'ai demandé par écrit à ne pas être hospitalisée, et j'en ai également averti mon conjoint. Femme de 67 ans, en bonne santé générale, je suis dans la zone de risque moyenne, que j'estime au doigt mouillé, si je suis contaminée, de l'ordre de 1 sur 25 de mourir si on me soigne à l'hôpital et 1 sur 15 de mourir si on ne me soigne pas. C'est bon, j'assume de ne pas être soignée. Ne croyez cependant pas que je n'ai pas eu un petit pincement au cœur en rédigeant mon engagement de non-soins... Pas si simple qu'on pourrait le croire.
Donc maintenant, je veux qu'on cesse de me protéger de force. Si je sors avec un masque, (même un masque maison en tissu !), que je garde mes distances et que je me lave les mains, je ne risque de contaminer personne. Et si je suis contaminée moi-même, j'ai pris mes responsabilités et je demande qu'on me laisse mourir, ou guérir, en paix.
Quand j'entends que le confinement pourrait se prolonger encore des mois pour les personnes les plus âgées, au prétexte de nous protéger, c'est insupportable, c'est une atteinte à la liberté de disposer de mon corps. Que ceux qui choisissent la sécurité restent chez eux, je respecte leur choix. Quant à moi, je fais un autre choix. Je veux marcher sans buter sans cesse contre les bords du cercle kilométrique avec l’œil fixé sur l'horloge !
Et je refuse les procès en incivisme. Pour le civisme, c'est bon. Je n'irai pas à l'hôpital, puisque c'est ce qui pose problème. Et je ne contamine personne en marchant dans la campagne ou en faisant du vélo.
Je sais toutes les autres souffrances causées par le confinement. Celle des familles cohabitant dans un espace réduit, celle des nombreux travailleurs au noir ou en interim qui n'ont plus de ressources, celle des femmes et des enfants battus, et aussi les dégâts économiques, qui créeront beaucoup de misère.
Mais je voulais aussi parler de cette souffrance-là. La perte de liberté, la prison, fut-elle d'un kilomètre de rayon.
Même si la presse, dans un bel unanimisme, défend mordicus le confinement (on croirait de la communication de guerre!) beaucoup de gens en ont assez.
Rendez le masque obligatoire si vous y tenez, mais laissez nous sortir.
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ajout du 14/04 à 22h
après avoir lu les nombreux commentaires de ce billet, qui portent presque tous sur l'intérêt ou non du confinement, je dois apporter une précision. Oui, c'est vrai que je vis très mal le confinement, mais le sujet de mon intervention est le déconfinement progressif en fonction de l'âge.
La fin du confinement, aujourd'hui annoncée pour le 11 mai, est prévue progressive. Une des pistes est de confiner plus longtemps, quelques mois, les personnes jugées fragiles, dont les personnes âgées et celles qui ont d'autres maladies. Le sens de cette prolongation n'est pas qu'elles seraient plus dangereuses pour les autres, mais qu'elles risquent de développer une forme plus grave du covid19. Et donc, pour notre bien, on veut nous maintenir confinés alors que les jeunes adultes et les enfants seront libérés.
C'est contre cela que je m'insurge, et j'espère convaincre : on peut nous recommander de rester chez nous alors que les plus jeunes sortiront, mais pas nous l'imposer. En effet ces plus jeunes seront pour les autres aussi dangereux - ou pas, si le masque et les mesures barrières sont efficaces - que les plus âgés.