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Billet de blog 5 janvier 2025

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Short story 4 : La nuit des morts-vivants

New York sous la pluie est une scène où la ville semble vibrer sous une lumière presque cinématographique. Selon l'humeur du ciel les gouttes tombent doucement ou tambourinent sur les trottoirs, transformant l’asphalte en un miroir brillant dans lequel les néons multicolores des enseignes se reflètent.

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Les parapluies se croisent dans une danse silencieuse, tandis que les passants, emmitouflés dans leurs manteaux, avancent rapidement sous la fine bruine. Le son de la pluie se mêle au tumulte des klaxons, des conversations étouffées et au clapotis des chaussures sur les flaques. Michael Angelo Hammer, vêtu de son blouson de cuir, jeta un dernier coup d’œil à l’immense baie vitrée puis verrouilla la porte de son bureau. La ville scintillait, mais une étrange tension pesait dans l’air. Il haussa les épaules et s’engouffra dans l’ascenseur. Stella était partie depuis une heure, et lui-même rêvait d’un bon whisky une fois dans son appartement.

*

Lorsqu’il sortit du building, associé à la pluie un froid glacial lui mordit la peau. Rapidement, il eut l’impression d’être observé. Il se retourna, scrutant les ombres de la rue, mais ne vit rien d’alarmant. Malgré la pluie incessante et les températures proche de zéro, la vie nocturne de New York battait son plein, les taxis klaxonnaient, les rires s’élevaient des bars. Hammer rejoignit sa voiture, une Dodge noire, et mit le contact. Le rugissement du moteur le réconforta brièvement, mais son instinct lui criait de rester sur ses gardes. Alors qu’il s’engageait dans les rues de Manhattan, il remarqua des phares dans son rétroviseur. La voiture derrière lui ne cherchait pas à le doubler. Elle restait à bonne distance, trop régulière pour être anodine se dit-il.

— On joue à ça ? murmura Hammer en serrant le volant. Il accéléra brusquement, zigzaguant entre les taxis et les piétons imprudents. La voiture le suivit, augmentant la cadence malgré la visibilité rendue réduite par la météo. La poursuite était lancée. Hammer enchaîna les virages serrés, emprunta des ruelles étroites, mais ses poursuivants étaient tenaces. Leur conduite était précise, presque inhumaine.

**

Après plusieurs minutes de course effrénée, Hammer se retrouva dans le quartier de Dumbo, à Brooklyn, sous le pont de Manhattan. Les rues désertes et les entrepôts clos lui donnaient un mauvais pressentiment. Il réalisa trop tard qu’il venait de s’engager dans une impasse. Il serra les mâchoires et sortit de sa Dodge, arme au poing.

Quatre silhouettes descendirent de la voiture qui l’avait suivi. Elles avançaient lentement, leur démarche étrange et saccadée. Les lumières des réverbères révélèrent leur visage : pâles, décomposés, les orbites vides et un sourire macabre figé sur ce qu’il restait de leurs lèvres...

— Des zombies... sérieusement ? lâcha Hammer, incrédule. Mais il n’avait pas le temps de réfléchir. Les créatures accélérèrent leur pas, poussant des râles gutturaux. Décontenancé mais pas impressionné pour autant, Hammer pointa son neuf millimètres et tira sur le premier. La balle le toucha en plein front, mais au lieu de tomber, le zombie éclata de rire.

— C’est quoi ce délire ?! s’écria Hammer en reculant. Les zombies l’encerclaient. Son dos heurta un mur de briques. Il n’avait plus d’échappatoire. La sueur perlait sur son front alors qu’il s’apprêtait à tirer une nouvelle fois. Un zombie tendit la main vers lui. Hammer ferma les yeux, prêt à faire feu une nouvelle fois...

***

Michael Angelo Hammer se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Il était dans son lit, les draps trempés de sueur. Le bruit sourd de la ville lui parvint à travers les fenêtres entrouvertes. Il posa une main sur son front et laissa échapper un rire nerveux.

— Un cauchemar... Juste un fichu cauchemar. Il se leva, attrapa un verre d’eau et regarda son reflet dans le miroir de la salle de bain. Même dans ses rêves, New York ne le laissait pas tranquille.

Le lendemain, lorsqu’il retrouva Stella au bureau, il lui raconta son étrange nuit. Elle éclata de rire.

— Des zombies, vraiment ?!... Tu devrais peut-être penser à prendre des vacances, le Boss. Hammer sourit. Mais au fond de lui, il ne pouvait s’empêcher de se demander : pourquoi ce cauchemar semblait-il si réel ?...

Copyright © 2025 Fabrice Balester

Illustration 1
Hammer by Balester

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