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Billet de blog 9 mai 2024

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Traqués - Nouvelle 5/8

La nuit était épaisse, pareille à une toile sombre tissée par les mains du destin. Dans l'obscurité de ma chambre, je me suis assis sur mon lit, laissant mes pensées errer dans les coins de mon esprit. Mon nom est José, et je suis un orphelin. Mais pour le reste du monde, je suis simplement un fantôme dans l'ombre, un être sans nom ni visage, un tueur à gages qui rôde dans les ténèbres...

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Dans la tête d’un « killer » 

La nuit était épaisse, pareille à une toile sombre tissée par les mains du destin. Dans l'obscurité de ma chambre, je me suis assis sur mon lit, laissant mes pensées errer dans les coins de mon esprit. Mon nom est José, et je suis un orphelin. Mais pour le reste du monde, je suis simplement un fantôme dans l'ombre, un être sans nom ni visage, un tueur à gages qui rôde dans les ténèbres. Mon passé était une toile tissée de souffrance et de solitude. Abandonné dès ma naissance, j'ai été balancé de foyer en foyer, comme un sac de patates indésirable ! Les autres enfants m'évitaient, me considérant comme un paria, un fardeau pour leurs existences. Mais ce n'était pas leur mépris qui m'avait marqué, c'était plutôt le silence assourdissant de l'absence, l'absence d'amour, d'affection, d'une simple caresse maternelle. Au fil des années, cette solitude s'est enracinée en moi, comme une graine vénéneuse, empoisonnant mon esprit et mon âme. J'ai appris à vivre dans les ombres, à me fondre dans la nuit, à être invisible. Mais dans cette invisibilité, j'ai trouvé un pouvoir, un contrôle sur ceux qui m'avaient rejeté, sur ceux qui avaient osé me tourner le dos. Ma première victime fut un accident, un élan impulsif de rage refoulée. Mais au fur et à mesure que les années passaient, chaque meurtre devenait plus calculé, plus méthodique. Je traquais mes proies avec une précision chirurgicale, étudiant leurs habitudes, leurs faiblesses, avant de les frapper dans l'obscurité de la nuit. Certains pourraient appeler cela de la folie, mais pour moi, c'était une forme d'art. Chaque mort était une œuvre d'art macabre, une symphonie de souffrance et de terreur. Et dans ces moments-là, je me sentais vivant, exalté par le pouvoir que j'avais sur la vie et la mort. Mais malgré tout cela, il y avait toujours une partie de moi qui restait vide, un gouffre béant que même le sang des innocents ne pouvait combler. Parfois, dans les moments de calme, je me surprenais à rêver d'une vie différente, une vie où je ne serais pas condamné à errer dans les ténèbres pour l'éternité. Mais ces rêves étaient éphémères, des mirages dans le désert brûlant de ma conscience. Car je suis José, l'orphelin oublié, le fantôme dans l'ombre, le tueur à gages qui danse avec la mort. Et tant que mon cœur battra dans ma poitrine, je continuerai à hanter les rues sombres en quête de mon prochain chef-d'œuvre macabre. 

*

Le réveil sonne à 5 heures du matin. Les premiers rayons de l'aube percent à travers les rideaux de ma chambre. Je me lève, glissant silencieusement hors du lit, et je m'habille dans mes vêtements sombres, une seconde peau pour moi. Aujourd'hui, c'est une journée spéciale. J'ai un contrat à honorer. Un mafieux qui doit payer pour ses péchés, ses crimes impardonnables. Je sors mon Glock de son étui, le caressant avec tendresse. C'est mon outil de travail, ma fidèle compagne dans les ombres. Après un rapide petit-déjeuner, je sors de mon chez moi provisoire car un tueur à gages est tout le temps en mouvement, me fondant dans la masse de la ville dans laquelle je suis et qui s'éveille lentement. Les rues sont encore vides, laissant place à ma solitude habituelle. Je repense à ma cible, visualisant chaque détail de sa silhouette dans mon esprit. Je me dirige vers le quartier mafieux, un endroit sombre et dangereux où seuls les plus braves osent s'aventurer. Mais la peur ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je suis José, le maître des ombres, le prédateur dans la nuit. Je repère mon objectif, un bâtiment massif au bout de la rue. Je me faufile dans l'ombre des ruelles, évitant les regards curieux. Arrivé devant l'immeuble, je prends une profonde inspiration, me concentrant sur ma mission. Les gardes à l'entrée me dévisagent, mais je les ignore, avançant avec assurance. Je sais que je suis invisible, que personne ne peut me voir venir. Je franchis les portes, mon Glock serré dans ma main, prêt à frapper. À l'intérieur, l'atmosphère est tendue, chargée d'électricité. Je sens le danger planer dans l'air, mais cela ne fait que renforcer ma détermination. Je repère ma cible, assis à une table, entouré de ses hommes de main. Je m'approche lentement, mon cœur battant au rythme de ma respiration. Les secondes s'étirent comme des éternités, mais je reste calme, concentré. Et puis, le moment arrive. Je sors mon arme, le métal froid glissant entre mes doigts, et je tire. Le bruit de l'arme à feu déchire le silence, suivie par des cris de surprise et de terreur. Je vise avec précision, chaque tir trouvant sa cible. Les hommes de main de ma victime réagissent, mais c'est trop tard. La mort est déjà là, tapie dans l'ombre, attendant son prochain repas. Quand la fumée se dissipe, je reste là, immobile, regardant le chaos que j'ai créé. La satisfaction envahit mon être, mais elle est éphémère. Je sais que demain sera un autre jour, une autre mission à accomplir. Je disparais dans l'ombre, mon Glock toujours à portée de main. Car je suis José, le tueur à gages minutieux, et mon travail n'est jamais vraiment terminé. 

*

Le crépuscule avait déjà fondu dans l'obscurité quand José, tueur à gages impitoyable, franchit le seuil de son hôtel anonyme. Son visage impassible, marqué par les vicissitudes de sa profession, ne révélait rien de l'effusion de violence qu'il avait laissée derrière lui quelques heures auparavant. Il referma la porte derrière lui avec la même indifférence qu'il avait pour la vie de ses cibles. Une fois à l'intérieur, il se débarrassa de ses vêtements, les jetant négligemment sur le sol carrelé de la chambre. Une douche était nécessaire, non seulement pour éliminer les traces de son dernier contrat, mais aussi pour apaiser son esprit. L'eau chaude ruisselant sur sa peau lui procurait un semblant de réconfort. Dans l'intimité du silence brisé seulement par le bruit régulier de l'eau qui coule, José laissa ses pensées vagabonder. Il repensa à sa vie, ou plutôt à l'absence de vie qu'il avait vécue depuis sa naissance. Il était devenu un expert dans l'art de la mort, un instrument redoutable entre les mains de ceux qui pouvaient se permettre ses services. Ses contrats étaient sa raison d'être, la seule chose qui donnait un une signification à son existence vide et dénuée d'émotion. Alors qu'il émergeait de sa méditation sous la douche, José se considéra avec un mélange de fatalisme et de résignation. Sa vie aurait pu être différente, il aurait pu naître dans une famille aimante, avoir des amis, connaître l'amour. Mais le destin en avait décidé autrement, et il avait appris à accepter les cartes qui lui avaient été distribuées, même si elles étaient marquées du sceau de la tragédie. Une fois séché et vêtu d'un simple caleçon, José s'étendit sur le lit d'hôtel. Il saisit son fidèle Glock, posé sur la table de chevet à côté de lui, et le caressa doucement, comme s'il s'agissait d'une relique sacrée. Demain serait un nouveau jour, une nouvelle mission l'attendait déjà. José ferma les yeux, laissant le sommeil l'emporter. Tuer était sa destinée, et il l'acceptait avec la résignation d'un homme qui avait depuis longtemps renoncé à toute tentative de rédemption.

© Fabrice Balester, 2024. Tous droits réservés.

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Traqués un projet de Fabrice Balester © Fabrice Balester ; Cover by Warren D.

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