
Depuis la révolte historique des Gilets Jaunes, en 2018-19, M.Macron semble avoir fait de la provocation et du mépris une politique – maintenant, voilà ce mal partout répandu. L’extrême droite en a amplifié les conséquences sur ses télévisions. Il lui suffit de prononcer des propos racistes dans l’hémicycle pour faire jouir une sombre partie du pays. La bien-pensance d’extrême-centre, celle des fameuses « valeurs », et ses médias insanes, protestent pendant ce temps de ce que l’on brandisse le drapeau palestinien dans l’Assemblée Nationale. Et en quoi ce drapeau serait-il indigne de la République Française ?
La voilà, la France qui prétend « faire Europe : Une vieille nation tweetant son effroi de l’évocation... D’un peuple massacré. Elle est loin, notre diplomatie non alignée, comme le note M.de Villepin (https://www.monde-diplomatique.fr/2024/06/_DE_VILLEPIN/67076). Macron, héritier de Sarkozy, parle aux présidents africains comme s’ils étaient ses valets, ou des électeurs français. Celui-là nous ridiculise à l’international, nous méprise au local... Mais fait ses affaires avec l’extrême-droite.
Les particularismes sexuels, identitaires ou religieux s’épanouissent à plaisir dans le pays, comme le culte du fric, mais qui se sent vraiment libre en France aujourd’hui ? C’est la pride du string, du drapeau, du voile, cependant nos singularités n’ont pas toutes les vertus ! Elles ne créent pas plus une communauté politique vivante, que les écrans n’amènent à la lecture ! Dans ce contexte, le vote français du 7 juillet 2024 semble limité. Les électeurs ont réussi à éviter le pire, et les partis n’ont bien sûr pas compris que c’était pour la dernière fois. On apprend, le 10 juillet, que les conseillers de M.Macron ont organisé des diners avec l’extrême-droite depuis la dissolution. Ce président respectera-t’il les institutions, en appelant un premier ministre de gauche ? La gauche crie au scandale, atermoie, mais avec quels moyens, quelle éthique ? Quelle unité, quelle responsabilité face à cette inquiétante odeur de malfaisance, de coup d’État ? Les télés répandaient la crainte de l’émeute, dimanche soir 7 juillet. Les commerces des villes étaient barricadés. On frôle l’hystérie, et que se passe-t’il ? Rien. C’est la crise la plus grave depuis 1958, mais juste par effet de loupe médiatique. Le pays est très mal dirigé, c’est tout.
Pendant ce temps, dès le 8 juillet, des bombardements frappaient des hôpitaux d’enfants en Ukraine. La politique française est donc un enjeu qui a dépassé le seul cadre des élections nationales. Les consignes du Kremlin étaient claires : Votez RN, nationaliste, suprémaciste, raciste. Les Russes aiment que la France s’égare, cela les arrange : ils sont aujourd’hui chez eux à Bamako, Bangui, au Burkina-Faso. À Bamako, les anciens cadres du régime criminel de Moussa Traoré ont tranquillement repris du service sous leurs conseils, dans un pays où les prêcheurs remplissent les stades en vantant la soumission des femmes, et où les ophtalmos saoudiens opèrent en masse de la cataracte dans les faubourgs. Les femmes maliennes, à l’Islam par tradition si tolérant, commençaient vers 2007 à être vues portant gants et voiles. Ce furent là des signes sinistres pour les maliens, qui lors des grands jihads meurtriers du 19e siècle ont vu laminer leur pays, et éteindre lumières et musiques animistes. Le voile qui tente de s’imposer à Bamako fait de même ici, en France. Curieux de connaître le même phénomène dans deux sociétés si différentes… ! À noter qu’à Bamako, les victoires partielles de l’armée malienne face aux djihadistes, grâce au matériel et à l’aide russe, ont réaffirmé un nationalisme qui a remis l’Islam à sa juste place, aux côtés des autres religions animistes et chrétiennes. Exit Barkhane, welcome Poutine. C’est ainsi. Finalement, il est possible que le téléfascisme français s’entende bientôt avec Poutine, et les nouvelles juntes qu’il aide : Les juntes militaires sahéliennes détestent autant le jihadisme que l’occident, mais aiment par dessus-tout le nationalisme.
Poutine n’a pas besoin d’amener ses chars chez nous. Ils sont déjà sur place, dans chaque téléphone portable. Cette mécanique perverse, accélérée depuis 2015 et les attentats des fanatiques religieux islamistes, se couple au déclin industriel français et au défi climatique. Il nous faut donc un projet politique ambitieux, humaniste, digne de notre histoire. Il y a nécessité d’une rupture créatrice. Mais à l’heure où j’écris, la gauche suicidaire ne fait que s’autodétruire en comptant bassement ses sièges, et les droites s’allier avec Macron. C’est l’héritage sarkollandiste, pendant que M.Sarkozy circule avec son bracelet électronique, et que M.Hollande se croit encore un destin depuis Tulle, bégayant à la télévision. Tiens, Clémentine Autain vient de mettre une claque à M.Mélenchon en quittant LFI. Pas de doute, la France est bien partie, elle sait choisir ses talents, et ça va durer. Pendant ce temps, au sud et à l’est, Poutine étend son impérialisme.
Ceci, alors que si nous ne voulons pas finir comme en Sainte Russie, ensuqués par les fumées d’encens, il va falloir aborder la question religieuse. Beaucoup de Français sont ulcérés d’entendre parler de « vivre ensemble », et de voir s’étendre toutes sortes d’arnaques anglophones (management abusif), intégristes, platistes, obscurantistes qui se mettent entre eux et leur histoire. La gauche pense avec raison, concernant le voile « islamique », qu’il ne faut pas dramatiser de simples modes vestimentaires. Mais en restant prudente, voire clientéliste, elle semble valider en même temps le modèle américain communautariste. De draguer les religions pour le vote le piège est mortel, et le RN en profite à merveille : 20 millions d’euros et cinquante députés de plus pour ces dernières élections. Celui-ci, s’il arrivait au pouvoir, interdirait le voile et bien entendu tous les problèmes du pays continueraient. Mais qui doute qu’il accélérerait le financement par les deniers publics des écoles privées catholiques (où les musulmans modestes mettent leurs enfants, parce que l’Éducation Nationale se délite!) ? Tout cela ne va pas du tout, mais finalement, que peut-on faire face à une crise capitaliste ?
La réalité de la France de 2015, année des attentats, c’est 27 % de mariages mixtes, même après le durcissement des lois Sarkozy. Le pays n’a pas le culte obsessionnel de la famille comme les USA. Même si l'on y souffre d’un racisme structurel à dénoncer il est aussi ouvert, et résilient. Ce sont les télés des milliardaires catholiques qui lui retournent la tête trop facilement. L’idéologie RN est suicidaire, car le pays est vieillissant, son énergie recule bien que beaucoup de gens en France s’aiment sans souci des origines de chacun. Cultivons cette chance, et une laïcité refondée, enseignée. Car renier l’histoire laïque du pays, comme cela semble être le projet de certains milliardaires catholiques, ou des rabbins qui fêtent Hanouka à l’Élysée, conduit à la confusion. (https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/hanouka-a-l-elysee-on-se-pince-le-jour-ou-macron-a-perdu-toute-credibilite-sur-la-laicite) Et au nom de quoi ? Tout comme l’adoption d’une économie et d’une monnaie déconnectées du réel, n’y aurait-il pas là une violence de plus ? En plein génocide des palestiniens, de surcroît ? Que l’État, pour commencer, fasse son travail de régulation des chaines fascistoïdes de propagande, sinon sous peu elles nous diffuseront le Sacre de Bardella-gendre-idéal ; on n’en est pas passé loin.
2027 est déjà presque acquis pour l’extrême-droite. Beaucoup de députés le savent. Alors, qu’ils agissent ! Élus, souvenez-vous de Danton : Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! Allons ! Nous avons remporté Valmy, et nous nous laisserions vaincre par Poutine sur Tiktok ? Que des gaullistes, des socialistes, des communistes travaillent ensemble, comme en 1945. Mais tu rêves. Non ! Cela n’aura pas lieu. On va plutôt assister à des tweets, des petits calculs, s’exciter. Ce sera pitoyable, alors que Kiyv n’est pas très loin et ne doit pas être abandonné, mais aidé. Car les bombes sont réelles, à Gaza comme à Dnipro. Et, contrairement à ce que croit notre ministre de l’économie, la Russie n’est pas prête de capituler. Elle avance même bougrement.