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Billet de blog 20 avril 2018

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Jours de violence, deuil de l'intelligence

Le pouvoir a deux hantises : 1995 et 1986, où les gens tels qu'Emmanuel Macron ont reculé face aux étudiants ou cheminots. La violence est toujours due à la peur et à la faiblesse. Aujourd'hui, je pleure car on a frappé nos jeunes, qui sont pacifistes, et sont notre avenir, personnifiant notre joie collective de vivre et d'inventer.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En ce jour funeste où les étudiants sont saqués à la matraque hors les murs de l’université française, mon cœur pleure. Nos fils et nos filles, ces êtres pour l'heure inquiets, mais enflammés et juvéniles chaque jour pensent un futur, se regroupent, sentent vibrer leur cœur. Eh bien, ceux-là n’ont eu à vingt ans pour seuls interlocuteurs que les uniformes et les casques de la terreur économique. Cette fin de non recevoir leur a été imposée par un gouvernement qui se pense issu des milieux dits de "l'excellence républicaine", et prétend parler d'éducation. Honte à ce gouvernement, et gloire à ces jeunes, qui comme ceux et celles des ZAD nous montrent le chemin, tâtonnent, errent, expérimentent, gardant le goût de vivre et de partager. Alors que nous, leurs pères et mères, savons combien il est difficile d’initier la moindre lutte commune (cf la fameuse « convergence des luttes »), la moindre discussion critique entre gens dits « adultes ». Adultes ?! Qui sont les adultes ? Nos gouvernants, adultes ? Qui ne rira pas jaune à ce seul énoncé grotesque ? Ce jeune yuppie aux dents limées qui nous dirige, qui fait joujou avec son parlement, vend des armes aux tyrans arabes et casse les dents de nos enfants, adulte celui-là ? Jeune ? On ne sait plus même qui il est. Le sait-il lui-même, d'ailleurs ? 

Qu’aurions-nous donc à sauver de cette France si d'aventure elle se préparait à être autre chose qu’un hôtel américano-chinois ?? Monsieur Villani, mathématicien médiatique très aimé des ménages, a déjà commencé à faire phosphorer sur la monstrueuse opération qui se prépare. Celle de l’intelligence artificielle, et de la perte de millions d’emplois, qualifiés comme non-qualifiés, remplaçables par des machines. Bravo. Même si pour une part, l’arrivée de l’I.A est déjà un marronnier chez les spécialistes ; au moins, là, on commence à en parler. Mais parle-t’on de comment éduquer ? Et avec quels sous ? Hein ? Monsieur Villani-qui-se-voit-déjà-maire-de-Paris, il y a aussi des problèmes simples… Et la soustraction du bien commun par une minorité de nantis, c’est de la politique. Comme pour un scientifique -ou une éditrice, n'est-ce pas Mme Françoise Nyssen, d'Actes Sud- de participer à un gouvernement qui matraque la jeunesse. A quoi collaborent les gens comme vous, sous couvert d’un prétendu souci de la collectivité ? Oui, passons, vous n’y êtes pour rien. Il y a Jupiter, et il y a Saturne. D’accord.

Pour le comment éduquer, ça chauffe ailleurs : dans un Haut Conseil Scientifique à turbine intégrée nommé par MM. Macron et Blanquer. A quelle société nous préparent-ils ? Mystère. 

Bon, qui ne se souvient du délire scoutiste de l’entre-deux tours ? Ah, il est temps, maintenant, de s’étonner de la matraque ! Ah oui, il est temps ! Devant ce gentil gendre qui présentait si bien. Quelle pitié… Il avait une bonne bouille ce bon gestionnaire punchy, version metro du suranné « bon père de famille ». Ah, "il aime Ricoeur, le théâtre"... "Il aime les enfants de sa femme..." ? Eh bien nous y voilà, à la baston. Et la fameuse convergence des luttes, dans cette débâcle ? Quand arrivera-t’elle ? Bah, elle est bloquée dans un train en grève. Ou alors c’est peut-être un vieux fantasme. Ben oui, ça fait longtemps qu'on bosse tous pour notre compte, hein. J'y vais ? J'y vais pas ? En attendant, comme toujours, comme avant, comme après, ah, qu’il est bon de garder son calme lorsqu’on est handicapé, perdu devant les codes internet et les répondeurs de la CAF… Et s’entendre dire, comme en sourdine, que ton allocation n’est plus un droit… Ah, attendre enceinte, debout, dans des services publics agonisants… Se prostituer pour payer ses études ! Quel destin européen en vérité ! Quelle utopie ! C’est merveilleux.

Le dégoût de chacun envers lui-même et envers les autres, de tant de saletés tolérées peut-il être collectivement surmonté ? Je l’espère. Encore faudrait-il déjà énoncer ce dégoût, perceptible dans l'agressivité des débats sur le net, partout. Partout, la violence. Partout des petits flics de l'esprit, pour rien, pour se soulager. 

Et maintenant M.Macron-gendre-idéal barre l’université aux enfants de maçons, et leur fait taper sur la gueule.

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