Sur son blog estampillé « Le Monde », le banquier Georges Ugeux souligne aujourd'hui un véritable scandale. Le FMI et l'Union Européenne viennent au secours de l'Irlande à hauteur de 80 à 90 milliards d'euros. Tout le monde l'a compris depuis l'épisode grec, nous y sommes « obligés » pour ne pas provoquer de crise de l'euro – le même dont le niveau élevé plombe l'ensemble de nos exportations et ne nous arrange que pour la consommation d'un pétrole néfaste.
Si les Allemands ont rechigné avant de venir en aide à la Grèce, lui reprochant à mi-mot un laxisme budgétaire de plusieurs années, y aura-t-il des Etats européens pour crier sur le cas irlandais, autrement plus grave ? Nous nous apprêtons en effet à aider un pays qui pour croître, a précédemment siphonné notre potentiel entrepreneurial et nos emplois en pratiquant un dumping fiscal acharné, proposant un taux d'impôt sur les bénéfices des sociétés à 12,5% quand les grands Etats européens « survivaient » à peine budgétairement en le plaçant à 28-35%.
Pire, le blessé a lui-même fixé les conditions de son sauvetage, dans une incroyable provocation : les Irlandais ne remonteront pas d'une virgule le taux de cet impôt, ce qui aurait pu être une condition fixée par l'UE. « Les grandes entreprises partiraient » évidemment, avec l'emploi. Mais partiraient où ? Vers un autre moins-disant ? Et nous continuerions tous à baisser notre fiscalité sur les bénéfices les uns après les autres dans une spirale destructrice pour les Etats et les sociétés ?
Alors que cette crise aurait dû être un électrochoc salutaire, les libéraux au pouvoir dans la plupart des pays européens jouent clairement « contre leurs peuples » sous prétexte d'emploi, et sous la pression des grandes groupes, alors même qu'ensemble, à 27 notamment en Europe, tenant les rênes et pouvant fixer de nouvelles règles pour l'accès au plus vaste des « marchés riches », nous pouvions reprendre la main et redonner à la démocratie de la force face aux multinationales. Nos pouvoirs politiques se couchent une fois de plus, très visible, devant les pressions de moins en moins discrètes de ces « monstres » misanthropes :le courrier menaçant de Google et d'autres firmes bancaires et informatiques au gouvernement irlandais en dit long.
L'Europe reste un levier, et ils s'en servent au plus mal.